Histoire de troquet : à Strasbourg, le bon chic bon genre du Café Brant traverse les années

Nous sommes au numéro 11 de la place de l’Université, au rez-de-chaussée d’un immeuble de style néo-Renaissance, le fruit du travail des architectes Eduard et Andreas Ess, deux frangins natifs de Strasbourg.

Finalisé en 1897, l’immeuble à peine érigé a très vite abrité un restaurant nommé « Zur Universität ». Un resto qui est mentionné dans les livres d’histoire dès l’année 1898, et qui bien sûr n’a pas pu profiter d’Instagram pour se mettre en avant et nous partager ses meilleurs clichés.

En 1921, il devient un garage automobile, puis redevient très vite un lieu de restauration sous la demande des habitants, et plus précisément un salon de thé nommé « Mon Plaisir » en 1932.

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Par la suite, ce petit salon de thé est passé tout près d’une transformation radicale, comme nous l’explique Fabien Romary, co-fondateur du site Archi-Wiki : « Après le garage et le salon de thé, le lieu a failli devenir une station-service en 1955. Heureusement que le projet a été abandonné pour cause de nuisance. On imagine mal ce bâtiment historique devenir une pompe à essence et fonctionner à plein régime dans ce quartier entouré d’institutions, où des centaines de personnes passent tous les jours, notamment des étudiants ».

Peu de temps après, en 1957, le salon de thé « Mon Plaisir » est vendu, il  change de nom, ajoute un débit de boissons à sa proposition (malin), et devient « La Cafétéria ».

Après un changement de gérant en 1960 (encore un), « La Caféteria » est vendue en septembre 1970 à la brasserie Kronenbourg pour être transformée en un pub anglais, sous les enseignes Guinness et Kronenbourg.

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Un établissement qui a traversé le temps sans renier son identité d’antan

Le « Café brasserie Brant », est nommé comme tel en 1988, en référence à l’humaniste et poète satirique de la Renaissance Sébastien Brant, auteur de La Nef des fous.

C’est à cette date que débute l’aventure de l’établissement tel qu’on le connaît aujourd’hui, du moins dans son aspect et son esthétique, que l’on retrouve d’ailleurs davantage à Paris ou à Vienne qu’à Strasbourg.

Le temps du Café Brant passe, les apéros s’enchaînent, et malgré une session de travaux entamée à la fin de l’année 2013, le Café Brant conserve son style et son esprit de café viennois, tout en élégance.

C’est d’ailleurs la préservation de ses éléments remarquables (décors, colonnes en fonte…) qui a fait entrer le café au titre des monuments historiques de la ville après une longue rénovation achevée en 2014. C’est peut-être ce titre qui a définitivement gravé ce café et son identité dans le temps.

L'esthétisme du style néo-Renaissance

Des volumes généreux, de larges baies vitrées pour voir et être vu, un joli parquet à l’ancienne et du bois partout, des colonnes centrales, des tenues chic pour le personnel et une terrasse croquée par le soleil dès les premières lueurs du matin. C’est vrai que l’esthétique et le style néo-Renaissance a de quoi convaincre, et en un coup d’oeil, on peut s’imaginer dans une époque lointaine.

À Strasbourg, enclavé dans un quartier à l’offre de bar-resto quasi-inexistante, le Café Brant détonne et semble faire de la résistance. Géographiquement loin de ses concurrents, il reflète l’idée d’un certain Strasbourg d’avant que de nombreux habitants aiment retrouver.

Toutes ces informations, et bien plus encore, sont à retrouver sur le site Archi-Wiki, un espace collaboratif qui existe depuis 2008 et qui contient plus de 160 000 pages nourries par plus de 100 passionné(e)s.

Merci pour leur précieux travail de recherche ! 

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