Quand on s’installe dans une nouvelle ville, on prend un certain temps pour s’intégrer, saisir la mentalité des habitant(e)s et comprendre les références communes qui les unissent et les animent. Mais les Strasbourgeois(es) ont le sens de l’hospitalité. Et pour preuve, on a décidé de partager les cheat codes aux petits nouveaux. Voici 10 références qui font partie du folklore strasbourgeois et qu’on offre aujourd’hui en signe de bienvenue.
Les polémiques, vagues de solidarité, engouements, épreuves et running gag qui suivent ont rythmé la vie des Strasbourgeois(es) ces dernières années. Encore aujourd’hui, certains sujets font, de temps à autre, leur apparition sur les réseaux sociaux. Mais les origines qui se cachent derrière méritent d’être partagées. Tour d’horizon de ce qui constitue à nos yeux, une belle part de notre culture locale.
Un très grand nombre de ces sujets a vu le jour ou a largement été diffusé via le groupe Facebook Étudiants de Strasbourg, qui réunit plus de 91 000 membres et constitue une véritable communauté. On conseille d’ailleurs à toutes celles et ceux qui débutent leurs études dans la capitale alsacienne de le rejoindre.
Les Mangemorts
Comme dans chaque ville où le tram circule, certains jouent au jeu du chat et de la souris avec les contrôleurs. Strasbourg ne fait pas exception à la règle. En janvier 2019, dans un élan de bonté, un des membres du groupe Étudiants de Strasbourg rédige un post pour alerter la communauté de la présence de contrôleurs.
Avec une spécificité toutefois, l’auteur désigne les contrôleurs comme des Mangemorts, faisant référence à la Saga Harry Potter. Difficile de savoir ce qui a poussé l’auteur du post à qualifier ces agents de la CTS de la sorte, mais le surnom était lancé.
Des jours, des mois, des années plus tard, une multitude de posts similaires ont suivi, reprenant le même surnom, pour signaler avec bienveillance la présence des contrôleurs aux autres étudiant(e)s fraudeur(euse)s. Sous chaque post, le même débat se répète en boucle : faut-il payer ses billets ou non ? Réponse A : Oui. Car ce n’est pas bien de ne pas payer pour un service et de signaler les contrôleurs qui ne font que leur travail. Réponse B : Non. Car si on est pauvre c’est légitime et signaler la présence de contrôleurs est un geste d’entraide entre étudiant(e)s.
S’ils ne sont pas formellement interdits sur le groupe, les posts concernant les Mangemorts sont parfois signalés et supprimés.
La sextape du pont de Gallia
Surnommé le pont de Gallia, le pont Royal relie l’avenue de la Marseillaise au boulevard de la Victoire à l’ouest. L’arrêt de tram Gallia est situé directement sur le pont. Au-delà du joli panorama qu’il propose, c’est un lieu chargé d’histoire pour de nombreux Strasbourgeois(es).
Dans la nuit du 15 août 2019, aux alentours de minuit, deux hommes sont aperçus à l’arrêt de tram par de nombreux passants, complètement nus et en plein acte sexuel. Très vite, plusieurs personnes filment la scène et diffusent des photos et des vidéos sur les réseaux sociaux. Une vidéo en particulier devient virale et fait le tour de Twitter.
Suite à de nombreux signalements, la Police a fini par interpeller des deux hommes, qui s’étaient déplacés sur les berges de l’Ill et les a placés en garde à vue pour exhibitionnisme. Mais dès le lendemain, le plus jeune d’entre eux est à nouveau interpellé alors qu’il se masturbe sur la voie publique.
Aujourd’hui, la plupart des vidéos ont été supprimées et heureusement. Notamment au vu de leur caractère pornographique, mais aussi pour protéger le droit à l’image des deux concernés.
Si cet étonnant spectacle pornographique a fait rire de nombreux internautes, la partie la moins drôle de l’histoire, c’est la vague de commentaires homophobes qui a submergé les réseaux sociaux. Par ailleurs, les deux individus étant sous l’emprise de l’alcool au moment des faits, le caractère consenti de cet acte reste flou. Une expertise psychiatrique avait également été demandée par le parquet de Strasbourg. Mais depuis, plus personne ne porte le même regard sur le célèbre pont de Gallia.
Peut-on aller à Kehl ?
Bien qu’il faille passer une frontière pour s’y rendre, Kehl est généralement considéré comme un quartier de Strasbourg. Un arrondissement un peu excentré, accessible en 20 minutes de tram et où les cigarettes, les cosmétiques et la nourriture sont moins chers.
Alors en mars 2020, quand le Covid frappe la France de plein fouet et le gouvernement décide de confiner l’ensemble de la population, l’inquiétude gagne les Strasbourgeois(es). Un sujet est au cœur de toutes leurs préoccupations. Une seule question leur brûle les lèvres : peut-on encore aller à Kehl ?
Très vite, le groupe Étudiants de Strasbourg est submergé de posts partageant inlassablement cette même question. En commentaire, chacune et chacun y va de son jeu de mot. Car il faut bien l’avouer, les possibilités sont infinies.
L’emballement est tel, que les publications mentionnant la ville de Kehl doivent être modérées par les administrateurs du groupe. Pour parvenir à faire diminuer le flux, un groupe dédié intitulé “Groupe ou on se demande tout le temps si on peut aller à Kehl” est créé. Il restera particulièrement actif jusqu’à la fin du dernier confinement et la diminution des cas de Covid-19. Aujourd’hui, il réunit toujours plus de 3 400 membres, qui n’ont toujours qu’une seule question en tête.
Le mec qui pose en vendant des trucs
C’est l’histoire d’un mec, qui est devenu l’égérie locale de la vente de meubles d’occasion sur internet. En avril 2021, Lucas poste une annonce sur le groupe Étudiants de Strasbourg. Le jeune homme de 22 ans cherche à se débarrasser d’un petit meuble en bois. Pour mettre toutes les chances de son côté, il décide de poser avec son étagère de cuisine, avec un large sourire et un pouce vers le haut.
Carton plein pour ce génie du marketing, qui reçoit des retours au-delà de ses espérances. Une solide fan base grandit peu à peu et Lucas devient, en seulement quelques heures, un véritable influenceur.
Aujourd’hui encore, il est considéré comme l’un des pontes ayant révolutionné la vente de meubles en ligne sur Strasbourg. De nombreux vendeurs ont déjà fait appel à ses services pour parvenir à écouler leur stock. D’autres, s’inspirent de cette légende locale et reproduisent ses poses sur leur annonce.
Il est devenu célèbre à Strasbourg en vendant des meubles aux étudiants
Le Morfal
Certainement l’une des plus anciennes blagues locales de ces dernières années. Le Morfal est un kebab situé juste en face du campus de l’Esplanade. À l’époque, il était possible d’y acheter des cigarettes à l’unité et un kebab pour une petite poignée d’euros. Mais de nombreux clients se plaignaient de la fraîcheur et de la qualité des ingrédients utilisés ainsi que du service. Certains affirment même souffrir de maux de ventre ou de problèmes intestinaux après leur passage au sein d’établissement.
Sur le groupe Étudiants de Strasbourg en avril 2019, les critiques gastronomiques s’affolent et les avis Google se multiplient. À l’époque, une pétition est même lancée pour que la rédaction Pokaa se déplace pour tester le restaurant. Proposition à laquelle les courageux rédacteurs de l’époque répondent favorablement.
Peu à peu, le Morfal devient la réponse universelle à toutes les questions. Une sorte de 42 strasbourgeois. À la recherche d’un restaurant thaïlandais ? Le Moral. Un bon perceur dans le coin ? Le Morfal. À la recherche d’un appart ? Le Morfal. Besoin de recharger une carte Badgeo ? Le Morfal. Voilà donc pourquoi sous certaines publications du groupe Étudiants de Strasbourg, vous pouvez encore trouver Le Morfal parmi les réponses en commentaire.
Près de quatre ans plus tard, le restaurant a été renommé. Et il semblerait, au vu des avis Google laissés, que la qualité des sandwich proposés ait bien changée. Mais le souvenir du Morfal restera à jamais gravé dans nos mémoires et nos estomacs.
Tousse Ensemble
En mars 2020, alors que les Françaises et les Français s’apprêtent à passer leur quotidien entre les murs de leur appartement, ou pour les plus chanceux, de leur maison, l’angoisse s’abat sur Strasbourg comme ailleurs.
Tout le monde se prépare à rester confiné chez soi et l’atmosphère devient particulièrement anxiogène. Dans de telles circonstances, la solitude et le stress peuvent vite se faire sentir.
Alors pour supporter cette douloureuse expérience ensemble, Pokaa décide de fédérer les Strasbourgeois(es) autour d’un canal de communication commun. Le groupe Facebook TOUSSE ENSEMBLE – Strasbourg est donc créé et propose à ses membres de s’entraider, d’échanger et de partager des infos importantes, mais aussi des contenus pour se changer les idées.
Au fil du confinement, de nombreux Alsaciens/iennes rejoignent le groupe pour mettre un peu de rythme et d’animation dans leur quotidien d’enfermement. Chaque jour, des défis sont organisés comme réaliser le meilleur apéro, la fashion week du confinement ou bien trouver l’objet le plus inutile de son appartement.
Aujourd’hui, les cas de Covid ont enfin diminué et le confinement a pris fin. Mais TOUSSE ENSEMBLE reste une communauté soudée réunissant plus de 16 000 membres. Recommandations, petites annonces, conseils, événements, débats, le groupe est toujours actif et ses membres continuent de partager un petit bout de quotidien tousse ensemble.
Les odeurs du Neudorf
Voilà l’un des sujets de préoccupation récurrent des Strasbourgeois(es) : la mauvaise odeur de certains quartiers ou de certaines rues. À force de lire les interrogations des habitants sur le sujet, la rédaction Pokaa a d’ailleurs mené ses propres recherches.
Hydrocarbure, œuf pourri, canalisation, brûlé, les odeurs décrites sont multiples et les quartiers varient. L’Esplanade, la Robertsau, Illkirch sont souvent cités, mais le Neudorf arrive en pôle position. Côté responsables, les soupçons se portent en général sur les usines produisant du café, installées dans le quartier du Port du Rhin, le port aux pétroles ou le port autonome de Strasbourg tout simplement.
Fin 2020, ATMO Grand Est a pris le problème à bras le nez et a émis la volonté de créer une base de données commune entre l’Eurométropole et l’Ortenau, pour recenser les signalements d’odeurs gênantes. L’observatoire de la qualité de l’air propose donc aux Strasbourgeois(es) incommodé(e)s, de faire un signalement sur la plateforme ODO. Depuis, le dispositif est devenu national et a été renommé SignalAir.
La fatwa contre l’EM
Décembre 2020, après une soirée à réaliser des sushis maison, une étudiante de l’EM Strasbourg experte en marketing, propose sur le groupe Étudiants de Strasbourg de revendre son surplus de makis. 40 makis, pour la modique somme de 20 euros, à venir récupérer à proximité de la place d’Austerlitz.
Les commentaires affluent et la plupart des membres semblent indignés par la proposition de l’étudiante. Rapidement, le lien entre l’école de commerce dans laquelle elle étudie et son sens des affaires est mis en avant. D’autant plus que le post est publié en pleine période de fête, alors que de nombreuses étudiant(e)s en difficulté auraient bien aimé profiter d’un geste désintéressé.
Dans la section commentaire, certains généralisent ce type de pratiques commerciales, jugées immorales, à l’ensemble des étudiants de l’EM Strasbourg. D’autres en profitent pour tourner en ridicule la formation et celles et ceux qui la suivent. Selon ses détracteurs, les enseignements au sein de l’école seraient particulièrement faibles et les élèves n’auraient qu’à régler les frais de scolarité exorbitants pour obtenir leur diplôme.
Depuis ce jour, les sushis hors de prix vendus par les étudiants de l’EM Strasbourg se sont transformés en un running gag perpétuel. Aucune publication concernant des sushis n’y échappe ! Si bien que les modérateurs du groupe sont bien souvent contraints de rétablir la paix, à l’aide de ban et de mute. Comme en juin 2020, après que le groupe est secoué par trois semaines entières de critiques et de débats.
Par ailleurs, de nombreux étudiants de l’école ont également la particularité d’élaborer des jeux de mots en ajoutant leur nom de BDE à leur nom et se rendent par là, facilement reconnaissables. Ces derniers sont régulièrement tournés en ridicule pour cette raison et accusés d’agir comme le ferait une secte.
Encore aujourd’hui, il suffit d’une âme innocente mentionnant l’EM dans son post sur le groupe, pour que la foudre s’abatte sur l’école et ses élèves dans les commentaires.
Les tremblements de terre
Ces dernières années à Strasbourg, la terre a particulièrement tremblé. De nombreux habitants se sont fait secouer par plusieurs séismes d’une magnitude plus ou moins élevée. Qu’il nous surprenne au saut du lit ou en plein milieu d’un repas, c’est un sursaut dont on se passerait bien. D’autant plus qu’il faut parfois s’attendre à un peu de casse ou carrément à des blessures.
Une situation qui a particulièrement préoccupé les Strasbourgeois(es) de 2019 à fin 2020. Une période durant laquelle les tremblements de terre ont été particulièrement fréquents. Exaspérés par la récurrence de ce phénomène, beaucoup se sont interrogés sur l’origine de ces séismes dans l’Eurométropole.
À l’époque, l’entreprise Fonroche, qui mène des travaux de géothermie à Vendenheim, est pointée du doigt. La préfecture du Bas-Rhin ordonnera finalement à l’entreprise de cesser ses activités de géothermie sur le site. Sept experts seront également à l’origine d’une enquête qui confirmera que les opérations menées par Fonroche étaient bien à l’origine de ces tremblements de terre.
La géothermie étant de plus en plus développée comme énergie renouvelable, Strasbourg n’est peut-être pas à l’abri de nouvelles tentatives dans le futur. Mais le sol se remet à trembler, cela risque fort de rappeler de mauvais souvenir à certains.
La cavale de Marcel
Le 21 juin dernier, une alerte est lancée sur les réseaux sociaux. Marcel, un teckel strasbourgeois est porté disparu depuis plusieurs jours. Marcel a été vu pour la dernière fois place de l’Étoile. Sa maîtresse, Elise, multiplie les posts et reçoit instantanément un soutien incroyable.
Ses posts sont partagés et commentés des milliers de fois. Durant plusieurs jours, tout Strasbourg est à la recherche de Marcel. Les Strasbourgeois(es) affichent leur soutien, partagent leurs conseils et surtout, s’inquiètent pour le désormais célèbre teckel. Une partie d’entre eux sortent dans la zone indiquée, pour partir à la recherche de l’animal. D’autres s’organisent pour mener des recherches par quartier.
Après huit jours de cavale, le fuyard est finalement retrouvé près de l’aérodrome du Neuhof. La mobilisation aura été impressionnante. Et Marcel semble avoir conquis le cœur des Strasbourgeois(es) pour toujours. Pour celles et ceux qui veulent continuer de suivre ses aventures, il dispose même de son propre compte Instagram.
Ahah Marcel est en joie, c’est une légende Strasbourgeoise .merci pour cet article … il se porte comme un charme
Bonjour Élise,
Tant mieux, nous sommes toutes et tous soulagés que Marcel soit enfin rentré à la maison sain et sauf !