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Rencontre avec Tran Vu Tran, le barbier strasbourgeois à l’affiche du nouveau Astérix et Obélix

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Aujourd’hui 1er février, c’est la date de sortie officielle d’Astérix et Obélix : l’Empire du Milieu, l’un des films français à gros budget le plus attendu de l’année. Réalisé par Guillaume Canet, il réunit un casting 5 étoiles de personnalités du petit et du grand écran. Mais, au milieu des noms de Vincent Cassel, Gilles Lellouche, Marion Cotillard, Jonathan Cohen, Angèle, Orelsan, Ramzy ou encore Mathieu Chedid, se cache un nom jusqu’alors inconnu : celui de Tran Vu Tran, un jeune barbier strasbourgeois de 32 ans.

L’histoire derrière la participation de Tran Vu Tran au film, qui plus est dans un rôle majeur, est assez invraisemblable, tout comme sa rencontre avec Guillaume Canet. On a eu la chance de le rencontrer, quelques semaines avant que le film ne soit dévoilé au public.

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Tran Vu Tran Asterix et obelix
© Bastien Pietronave / Pokaa

Peux-tu nous raconter comment tu t'es retrouvé au casting de ce film ?

C’était il y a déjà deux ans, on sortait tout juste du confinement. Entre deux coupes de cheveux au salon dans lequel je bosse depuis des années à Strasbourg, je me baladais sur Facebook quand j’ai vu une annonce qui disait : recherche asiatique plutôt beau gosse pour jouer dans prochain film de Guillaume Canet”. Au départ, je croyais à un fake, et avec une description comme ça, j’ai tout de suite trouvé ça étrange. Mais en y regardant de plus près, ça avait l’air sérieux.

L’annonce ne disait pas grand-chose du film, tout ce qu’on me demandait, c’était d’envoyer une présentation perso rapide, à l’écrit, et deux trois photos, alors j’ai tenté le coup en me disant que ça ne me coûterait rien d’essayer. Entre temps, des amis m’ont envoyé l’annonce en me disant que c’était le moment de tenter ma chance, ça m’a conforté dans l’idée que j’avais bien fait de me lancer, même si je n’y croyais pas trop.

Et ensuite, que s'est-il passé ?

Deux jours après ma réponse à l’annonce Facebook, j’ai reçu un mail me demandant de me filmer. Je devais jouer un rôle avec un texte assez long, qui n’avait à priori rien à voir avec le film mais qui demandait quand même un peu de temps et d’investissement. Il fallait que je joue la même scène de manière neutre, puis en incarnant un soldat, et enfin avec un air amoureux. Alors j’ai pris une journée de congé pour le faire.

J’ai aussi envoyé des vidéos de moi en train de faire du tricking (un sport qui mélange plusieurs arts martiaux), et d’autres infos complémentaires, toujours sans trop y croire. À ce moment-là, je ne savais pas que cet art martial que je pratique depuis 5 ans collait parfaitement au rôle pour lequel je postulais.

Comment tu as su que tu étais pris ?

C’est une histoire de fou, et même avec du recul, je n’en reviens toujours pas. J’étais au salon et j’ai reçu un mail super court disant : “Urgent, merci de rappeler sur ce numéro”. On était vendredi, juste avant le week-end, et quand j’ai rappelé le numéro une dame au bout de fil m’a dit : Guillaume veut vous voir mardi prochain”. Le problème, c’est que je ne connaissais pas Guillaume Canet, alors j’ai répondu : « J’ai beaucoup de monde au salon mardi, est-ce que c’est possible de décaler ? ».

Autant te dire que la dame en question a halluciné. Elle m’a répondu : « Mais vous vous rendez compte que c’est très difficile d’avoir un rendez-vous avec Guillaume Canet ?”. À ce moment-là, je me suis dit qu’il devait quand même être sacrément important ce Guillaume.

Cette dame, qui était en fait la directrice de casting, m’a dit une phrase qui m’a ensuite ouvert les yeux. Je n’avais pas les pieds sur terre alors elle m’a un peu secoué en me disant : « Vous savez que ce genre de chose n’arrive qu’une fois ? Ce rendez-vous peut changer votre vie ! ». Autant te dire qu’après ça, j’ai vite regardé qui il était, je suis redescendu sur terre et j’ai pris mon mardi !

Comment s’est passé ta rencontre avec le réalisateur ?

Je suis arrivé à Paris, toujours avec l’idée que toute cette histoire était un fake. Puis je suis rentré dans les studios de Trésor Film,et là ça devenait sérieux. Une fois installé, une personne est venu me voir en me disant, “Guillaume aura un peu de retard”, puis il est arrivé. On a discuté pendant une heure de tout et de rien, on s’est bien marré, puis il est devenu très sérieux d’un coup. C’est là qu’il m’a dit : “À partir de maintenant, tout ce qu’on se dira restera ici, rien ne doit sortir du studio“.

Il m’a parlé du personnage à incarner, puis il me demande de faire ce que l’on appelle un call back : j’ai dû jouer le rôle du personnage du film, là, en direct devant Guillaume Canet, et honnêtement, j’ai tout donné. Dans ma tête, je me rappelais ce que la directrice de casting m’avait dit au téléphone, j’avais la pression, mais c’est passé. À la fin, j’ai fini par me dire, “voilà, tu l’as fait, au pire, tu auras passé un bon moment”.

En sortant de la salle, Guillaume m’a dit Je te vois parfaitement dans le rôle, surtout ne te coupe pas les cheveux, je te contacte au plus vite.”

Du coup ça y est, c’était bon, tu allais jouer dans le film ?!

Tu sais, dans ces moments-là tu te ne vas pas trop vite, et puis ce n’étaient que des mots, rien de concret. Alors je suis retourné à ma vie normale et j’ai retrouvé mes clients au salon. Après un autre aller-retour à Paris pour un second call back, puis une seconde rencontre avec Guillaume et le producteur Alain Attal, plus rien.

J’étais sûr que ce monsieur avait mis son veto, car c’était à lui de prendre la décision finale de me prendre ou non. J’ai alors attendu un jour, une semaine, un mois, deux mois, puis je me suis coupé les cheveux et j’ai presque oublié.

Et forcément, tu t’étais trompé…

Hé oui, quelques jours plus tard je reçois un appel masqué : “Salut c’est Guillaume, j’ai une bonne nouvelle pour toi, tu es pris dans mon film”.

Quelle a été ta réaction ?

Il a raccroché, je suis allé dans l’arrière-salle du salon avec un collègue ami à qui j’avais parlé de toute cette aventure, et j’ai hurlé à gorge déployée. En sortant de là, tous les clients pensaient que je venais d’engueuler ce collègue en question, mais ils ont vite compris que non. Pour être honnête, je n’ai pas trop compris moi-même ce qu’il m’arrivait. J’ai chopé une bonne bouteille pour partager l’info avec ma femme, et elle-même n’y croyait pas ! Tu m’étonnes.

C’est là que les vraies choses ont commencés ?

C’est ça, et c’est arrivé très vite. On était au mois de février, et à partir de là tout s’est enchaîné. J’en savais enfin plus sur mon personnage alors on a multiplié les séances de coiffure, les entrainements de combat, de chant, une lecture globale du film avec tous les comédiens, un nombre incalculable d’allers-retours à Paris plusieurs fois par semaine. C’était tout simplement invraisemblable.

Tu as eu une formation poussée ?

Je me suis entraîné, j’ai travaillé, mais Guillaume ne souhaitait pas que je prenne des cours de théâtre ou de comédie, pour la simple raison que, selon lui, je devais garder mon côté naturel. C’est là que je me suis dit que c’était sacrément osé de sa part, de miser sur un amateur pour un rôle comme celui-ci. Sachant que je suis le seul au casting à être un pur amateur ! Concrètement, je sortais de nulle part.

Justement, tu peux me parler de ce rôle et de ton personnage ?

Comme tu peux l’imaginer, je n’ai pas le droit de te dire grand-chose. Tout ce que je peux dévoiler, c’est que mon personnage est un personnage mystère, un personnage clé qui se dévoile avec l’intrigue : l’homme au masque de bambou, aussi appelé Prince du Deng.

Tu peux nous raconter un peu la vie de tournage avec ce casting de fou ?

Pour le tournage, on est parti en Auvergne avec toute l’équipe du film, et je peux te dire qu’il y avait une sacrée ambiance. C’était pendant le Covid et on avait une chance immense de pouvoir être tous ensemble malgré la pandémie, alors je ne manquais pas une miette de ce que je vivais.

Les personnalités des uns et des autres commençaient à ressortir : José Garcia et Manu Paillet faisaient le spectacle, Jonathan Cohen et Bun Hai Mean faisaient marrer tout le monde, Vincent Cassel qui n’était pas loin complétait le tableau, à aucun moment je n’ai pas ri, c’était fou.

Tu as enfin réalisé ce qui t’arrivait ?

Oui, c’est à ce moment que ma petite voix m’a dit : tu es barbier à Strasbourg, personne ne te connaît, tu n’as jamais joué quoi que ce soit et tu es là, pour ce film tellement attendu et avec ce casting-là, c’est dingue.

Et touts ces célébrités autour de toi pensaient quoi de cette situation ?

Franchement, je n’en sais rien. Tout ce que je sais, c’est qu’ils m’ont accepté tout à fait naturellement, mais je leur ai quand même transmis un message. À un moment, José Garcia se lève, prend la parole et dit : « Vous vous rendez compte, après les moments difficiles qu’on a passé, de se retrouver ici tous ensemble entre comédiens et artistes, c’est une vraie chance.»

J’ai ensuite pris la parole rapidement en disant : “Si pour vous, c’est une chance, imaginez la mienne. Être là avec vous, moi qui il y a encore quelques semaines n’avait jamais mis les pieds à un casting.” Je crois que cette brève prise de paroles a touché José Garcia : il a évoqué le fait que lui aussi, à ses débuts avec Antoine de Caunes, n’était pas destiné à ce métier, puis la vie en a décidé autrement. C’était un chouette moment.

Quelle conclusion tu tires de tout ça ?

J’ai tenté ma chance et je l’ai eue, j’ai essayé et puis c’est arrivé. Parfois la vie tient à peu de choses. J’avoue que j’ai eu une bonne étoile, mais il fallait la saisir et c’est ce que j’ai fait. J’ai vraiment envie de continuer et de me faire une place dans ce métier, et avec un rôle à l’affiche du dernier Astérix et Obélix sur mon CV, c’est déjà pas mal !

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Commentaires (1)

  1. Un peu gonflée la réaction de la dame ! Si Tran avait des clients tout le mardi, c’était difficile d’annuler tous les rendez-vous. Il s’agit quand même de sa clientèle et de son image ! Son travail est aussi important que celui de Guillaume.

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