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On s’est faufilé dans les couloirs de l’école du Théâtre national de Strasbourg

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Le Théâtre National de Strasbourg est le seul théâtre national à porter en son sein une école de théâtre. Niché au sein même du TNS, on y forme non seulement des acteurs et actrices mais aussi des metteurs et metteuses en scène, des régisseurs créateurs et des régisseuses créatrices, des scénographes costumiers et costumières et des dramaturges. Pendant une journée, on s’est faufilé dans leurs couloirs.



Au cœur même du Théâtre national de Strasbourg, entre les salles de répétition, celles de spectacles, les loges, les ateliers et les bureaux de l’administration, deux étages sont dédiés à la formation des professionnels du théâtre de demain.

Ce mercredi matin, au fond d’un long couloir gris, Léa, Manon, Charlotte et Simon se rejoignent, dans une salle aux murs noirs et aux nombreux projecteurs éteints, autour d’une console de commande de lumières. « Commencez par vérifier que vos consoles sont à jour», indique Thibaut, d’Aubert, responsable lumière au TNS et formateur au sein de l’école.

© Mathilde Piaud pour Pokaa

Les quatre étudiants sont en deuxième année à l’école du TNS, au sein de la section régie-création, où ils apprennent la technique mais aussi la création son, lumière et vidéo. Chaque promotion est en effet divisée en sections. Il y a donc la section régie-création mais aussi la section jeu pour les futurs acteurs, la section scénographie -costume et enfin, la section mise en scène et dramaturgie. Autant de corps de métiers qui font vivre les théâtres et compagnies.

Ce matin, le matériel lumière est capricieux et les quatre étudiants s’affairent à trouver d’où vient le problème. Une fois leur diplôme obtenu, ils seront seuls face à ce type de difficulté. « La mise en situation c’est la force de cette école, témoigne Philippe  Berthomé, responsable formation technique et formation continue. Parce que se retrouver seul dans une salle, face à un metteur en scène, ce n’est pas la même chose ».

© Mathilde Piaud pour Pokaa


47 promotions

« Ce que j’aime ici c’est qu’on apprend plein de choses différentes, on apprend à être des couteaux suisses », sourit Léa, 26 ans, qui a intégré l’école l’année dernière après des études de LEA, sociologie de la culture puis un service civique. Ici les étudiants, triés sur le volet, acquièrent en effet des compétences techniques mais aussi créatives. Léa et ses camarades de la section régie-création seront ainsi capables, à la fin de leurs trois années d’études, d’assurer la régie son et lumière lors d’un spectacle mais aussi d’imaginer et concevoir tout l’univers lumineux et sonore en accord avec l’envie d’un metteur en scène.

A chaque session de recrutement, ils sont peu à être retenus. Lors du dernier recrutement, ils étaient par exemple 41 à tenter leur chance en mise en scène pour seulement 2 places ou encore 907 en section jeu pour une dizaine de places disponibles.

© Mathilde Piaud pour Pokaa

Le long des couloirs, derrière de lourdes portes peintes en bleu, les étudiants des différentes sections partagent leur temps entre les ateliers dispensés par les intervenants et la mise en pratique de leurs apprentissages. En cette fin de matinée, les étudiants de troisième année en section jeu sont réunis autour de Marc Proulx pour un atelier « travail du corps et masque ». A même le sol, tous s’étirent à même le sol, suivant les indications de l’intervenant. « Sentez comme votre crâne peut flotter au-dessus de vos vertèbres», souffle le responsable de formation corporelle et jeu masqué, aux jeunes acteurs dont le corps deviendra l’outil de travail.

Les étudiants en troisième année appartiennent au « groupe 46 », car il s’agit de la 46e promotion depuis la création de l’école en 1954. Les deuxièmes années forment, eux, le « groupe 47 ». Si le cycle d’étude à l’école du TNS dure trois ans, il n’y a jamais plus de deux promotions à la fois dans l’école. Cette année il n’y a donc pas de promotion en première année. Lors de la prochaine rentrée, le groupe 46 quittera l’école, le groupe 48 entrera alors en première année tandis que le groupe 47 intégrera la troisième année.

© Mathilde Piaud pour Pokaa


Des sections diverses et complémentaires

Les étudiants des deux promotions scolarisées chaque année peuvent ainsi profiter au mieux des moyens, équipements et espaces mis à leur disposition. Les étudiants en régie-création, en mise en scène, dramaturgie ou encore en scénographie- costumier, bénéficient ainsi tous d’un espace personnalisé, un bureau où travailler, créer, qui leur est attitré. Au fond de la salle dédiée à la conception des maquettes et des costumes, où les morceaux de tissus côtoient les pots de colle et de peinture, se cache le bureau d’Ivan. Ivan est étudiant en mise en scène du groupe 47. Ils ne sont que deux par promotion. Ce mercredi midi, il travaille à la mise en scène de sa première pièce. Lors de la deuxième année, les étudiants metteurs en scène choisissent en effet une œuvre théâtrale qu’ils mettront en scène grâce aux compétences des étudiants des autres sections de la promotion.

© Mathilde Piaud pour Pokaa

Ivan a choisi « Faust/ FaustIn and out », un double spectacle d’après Faust de Goethe et FaustIn and Out sur un texte d’Elfriede Jelinek. « Ce texte n’a jamais été joué en français, il a fallu le faire traduire. C’est un projet ambitieux, qui demande des moyens et s’il y a un endroit où je peux le faire, c’est ici à l’école du TNS. » Et d’ajouter, enjoué : « C‘est un spectacle qui me ressemble, c’est ce que je voulais défendre comme théâtre »’. Ivan a intégré l’école il y a bientôt deux ans, après avoir tenté plusieurs fois le concours. Les formations de mise en scène sont rares en France et les places sont chères. Il n’y en a que deux par promotion au TNS. « Il n’y a que deux formations en France. Celle-ci et une autre à Lyon. Mais il y a quelque chose dans l’histoire du TNS qui résonnait. »

Mathilde, l’autre étudiante mise en scène du groupe 47 savoure aussi ses premiers pas de metteuse en scène au sein de l’école du TNS. Après avoir intégré le milieu du théâtre par le biais du jeu, elle y trouve aujourd’hui sa voie. « Je me suis rendue compte que devenir actrice, ça me convenait pas parce que j’étais trop dépendante du désir des autres. Je me suis que finalement j’aimais la construction d’une pièce, d’un objet artistique. Toute la créativité que je n’arrivais pas à mettre dans les concours de jeu je l’ai mise là.» Elle travaille elle sur la pièce « Sallinger », de Bernard-Marie Koltès . « Et je suis en train de développer dans mon travail le fait d’amener différents types d’art au théâtre. ».

Pour mettre en scène ces spectacles, Ivan et Mathilde se sont constitué leur équipe, en choisissant chacun la moitié des élèves de chaque section. Ils travaillent ainsi avec 6 acteurs, un scénographe, un costumier, un régisseur lumière, un régisseur son et un régisseur vidéo. « Ce qui est beau dans cette école c’est que comme tous les corps de métier apprennent ensemble, il y a une solidarité et tout le monde a le droit à l’erreur, la condition c’est de taffer. On a tous nos endroits de crainte et de joie mais c’est comment on va arriver à bon port ensemble », constate Mathilde.


En conditions réelles

Un peu plus tard dans la journée, au sous-sol du théâtre, c’est une partie du groupe 46 qui s’active. Ce week-end, les étudiants jouent « Colosse », de Marion Stenton (élève dramaturge), mis en scène par Antoine, élève metteur en scène de la promotion. Le spectacle préparé l’année dernière n’avait pas pu être présenté au public l’année en raison de la crise sanitaire. Au fond de la salle plongée dans le noir, c’est Jessica qui est à la lumière et vidéo, tandis que Foucault s’occupe du son. « Antoine nous a laissé beaucoup de liberté dans la conception », reconnaît Jessica. Désormais l’heure est à l’affinage et à l’ajustement des détails.

© Mathilde Piaud pour Pokaa


Vers 17h30, derrière le rideau noir de la scène Hubert Gignoux, ça s’active en coulisses. Ce soir, c’est la répétition générale. Dans la loge maquillage, Ninon, étudiante en scénographie-costume et en charge des costumes sur ce spectacle, veille au grain. Elle valide chaque maquillage réalisé par les étudiantes d’une école de maquillage strasbourgeoise venues pour l’occasion. Elle aussi apprécie avoir eu beaucoup de liberté dans son travail. Ninon est aussi consciente de la chance de travailler dans ces conditions, très proches du milieu professionnel. Les étudiants jouent au TNS, avec les moyens du TNS, devant le public du TNS. Ce soir, Patricia, habilleuse au théâtre, l’aide dans la préparation des artistes. Les étudiants sont en effet au contact permanent des professionnels du TNS. Ils s’en inspirent, apprennent, se nourrissent de leur expérience tout au long de ces trois années. « C’est un travail où il y a beaucoup de relationnel. J’ai appris à parler aux acteurs et actrices, aux couturières… »

© Mathilde Piaud pour Pokaa

« C’est une école de ouf ! se réjouit quant à elle Aurore, tandis que la maquilleuse dépose de la poudre sur ses joues. « Tout est en condition réelle ! Avec les étudiants des différentes sections, c’est comme si on formait une véritable compagnie. »

A quelques minutes de monter sur scène, à chacun sa technique pour se préparer. Certains répètent frénétiquement leur texte quand d’autres jouent avec un ballon de foot. « Moi je ne répète, ça me stresse », partage Simon, grand sourire aux lèvres.

Avant de franchir la porte qui mène sur le plateau, Antoine réunit autour de lui son équipe, prenant à pleine main son rôle de metteur en scène. C’est l’heure des derniers encouragements. « On a la chance de prendre du plaisir dans notre travail, faisons-le avec générosité », conclut-il, l’équipe ne disparaisse dans l’obscurité de la salle.

© Mathilde Piaud pour Pokaa

*Article soutenu mais non relu par le TNS

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