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Strasbourg : pourquoi les femmes paient-elles plus cher que les hommes chez le coiffeur ?

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Les tarifs des salons de coiffure laissent souvent apparaître une distinction entre les coupes pour femmes et les coupes pour hommes, avec la plupart du temps un tarif annoncé plus élevé pour les premières, malgré la souplesse de nombreux coiffeurs. On a cherché à comprendre pourquoi auprès de professionnels strasbourgeois.



Au même titre que les cartes des restaurants sont souvent divisées entre « entrées », « plats » et « dessert », force est de constater que les cartes des coiffeurs distinguent dans la plupart des cas les coupes « hommes » et les coupes « femmes ». Avec, à première vue, des tarifs généralement plus élevés, parfois jusqu’à une vingtaine d’euros, pour les coupes féminines. Comment alors expliquer cette différence de tarifs ?


Une tarification en fonction du taux horaire

« C’est en raison de la durée de la coupe et de la technique. Les prestations pour hommes sont souvent plus rapides et plus simples », avance Emna, coiffeuse strasbourgeoise. Cependant, elle concède tout de même que l’utilisation des genres pour structurer la carte des tarifs est aussi une question de « facilité et d’habitude ».

Séverine*, coiffeuse à proximité de la place de la Bourse détaille : «  Normalement, je dis bien normalement, la facturation se fait au taux horaire à la minute. En France on devrait compter entre 1,20€ et 1,50€ la minute de travail mais aujourd’hui on est souvent entre 1 € et 1,20€ la minute. » Et la coiffeuse l’affirme : les coupes demandées la majorité du temps par les hommes se font plus rapidement. « En général avec un homme ça va très vite, le diagnostic se fait en cinq minutes chrono et la coupe entre 25 et 30 minutes. Souvent, les diagnostics peuvent aller de 10 à 15 minutes avec les femmes, qui vont aussi vouloir un shampoing et des soins particuliers, ce qui vient s’ajouter au prix. »

© Mathilde Piaud pour Pokaa

Se basant principalement sur le temps, Emna et Séverine* reconnaissent la souplesse de ces tarifs, dont l’appellation genrée serait avant tout une habitude : « À partir du moment où une femme vient avec une coupe à la garçonne et que je mets 28 minutes avec la cliente elle paiera 28€, le tarif homme, assure Séverine. Si un homme vient avec les cheveux longs et que je mets autant de temps à lui couper et lui sécher les cheveux, je lui facturerai le tarif femme. J’effectue un devis et je l’explique dès l’entrée. ».

Même discours du côté de Emma : «  Si une cliente formule bien qu’elle veut une coupe homme, le coiffeur ne pourra pas lui dire dire non. Ce ne serait vraiment pas correct. Si un homme aux cheveux longs demande de couper un dégradé par exemple, ce sont les tarifs femmes qui s’appliquent ».


Des différences de genre pourtant bien ancrées

Toutefois, si cette souplesse semble évidente aux deux coiffeuses, elle ne le serait pas forcément pour tous :

« Je n’ai aucun problème avec le fait de payer une prestation de qualité à un certain prix, mais je ne comprends pas pourquoi mon genre influence la facture, témoigne Claire, une jeune Strasbourgeoise. J’ai une coupe assez standard « d’homme » : un peu de longueur devant, rasé derrière et sur les côtés. Et même pour me raser la tête au complet on m’a demandé 55 €. On veut moins de taxe rose !»

Charlie, qui vit à Strasbourg, a elle aussi les cheveux très courts, tondus sur le côté : « Quand je vais chez un coiffeur classique je paye dans les 35-40 euros – le tarif “coupe courte femme” ou “coupe femme” du salon – et cela même quand je demande sans soin ni coiffage, alors qu’il y en a pour 20-25 minutes. Sans parler du nombre de coiffeurs barbiers qui m’ont déjà refusée », témoigne-t-elle. « Je suis une femme aux cheveux très courts, avec 90% de la coupe à la tondeuse, raconte quant à elle Oriane. Dans le salon où j’allais avant, je payais le tarif femme avec une remise étudiante pour compenser. Mon frère aux cheveux mi-longs payait moins cher que moi au même endroit. »

© Mathilde Piaud pour Pokaa


À Strasbourg, certains salons veulent casser les codes

Isabelle, dont les cheveux ont été rasés à 6 mm pendant deux ans reconnaît : «  Je n’ai jamais osé rien dire. Je pense qu’on y réfléchit pas plus que ça, c’est une forme de sexisme qu’on ne voit même plus. Maintenant je vais chez Tinta qui ne fait pas de distinction.»

Car si la différence des tarifs hommes et femmes semble avoir pris racine à une époque où les demandes des clients étaient plus genrées, le système paraît désormais bien ancré : « Changer cette tarification risque de prendre du temps, car beaucoup de gens formulent cette demande : “combien coûte votre coupe homme ?”. Ils ont intégré ça, depuis que la coiffure existe. Changer les mœurs pourrait se faire mais avec du temps. Peut-être avec la nouvelle génération. », songe Séverine, la coiffeuse.

Pourtant à Strasbourg, certains ont décidé de casser les codes. Channatra, coiffeuse au salon Hem&Vous a eu un déclic il y a quelques semaines : « Un jour, je parlais avec une nouvelle cliente. Je pensais avoir des prix justes – pour les clients comme pour moi – j’étais même fière d’avoir une coupe homme cheveux longs [à 35€ contre 51 pour une femme]. Je lui disais que si une coupe courte femme me prenait moins de temps je lui faisais payer la coupe homme. Mais je me suis aperçue que si je mettais plus de temps avec un homme je ne le faisais pas pour autant payer plus cher. »

La coiffeuse s’est alors interrogée sur ce système : « Je pense que ça date d’il y a longtemps, quand la coupe homme était courte et plus rapide tandis que la femme venait faire en plus de la coupe tout un coiffage. Depuis personne n’a été capable de repenser ça. Personne ne s’est dit que ça ne correspondait plus à nos besoins. » Puis elle en a discuté avec ses clients : « Un client aux cheveux longs m’a dit qu’il ne voudrait pas payer le même prix que sa femme. Pourtant, si on met de côté son sexe, le boulot dure autant de temps que pour son épouse ».

© Mathilde Piaud pour Pokaa

La professionnelle a alors repensé toute sa carte, y supprimant les mentions de genre et détaillant ses prestations en fonction de la longueur des cheveux et de la technique utilisée, non sans crainte de perdre une partie de sa clientèle masculine.

« Certains clients sont sceptiques, constate Channatra. Mais aujourd’hui un homme gagne toujours, en moyenne, plus qu’une femme, alors comment expliquer qu’elle peut payer entre 35 et 50 €, parce que c’est compté dans son budget alors qu’un homme dit qu’il ne peut pas, c’est trop cher. Le prix qu’on a laissé payer à l’homme jusqu’ici n’est pas un juste prix. La prestation d’une coupe coûte du temps, du matériel. Avant je ne gagnais pas spécialement d’argent avec les coupes hommes. Certains disent qu’ils viennent plus souvent, ce n’est pas forcément vrai et même quand c’est le cas, je prends autant de temps à chaque fois. »

Les différentes coiffeuses interrogées rappellent également que leurs tarifs sont basées avant tout sur le temps et la technique de coupe mais aussi aussi sur les différentes charges, les diplômes et l’expérience des professionnels.

* Le prénom a été modifié

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Commentaires (2)

  1. Article très intéressant ! Je ne peux m’empêcher de penser au dossier “Que choisir” concernant les rasoirs “hommes” et “femmes” qui affichent une différence de prix de 30% à la charge des femmes alors qu’ils sont identiques sur le plan qualité. Seules diffèrent la forme et la couleur ……. nous prendrait-on pour des pigeonnes ?

    • Bah vu que vous continuez à prendre les roses plus chers, pourquoi se priveraient-ils ?

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