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Huis-clos – Photo – Dodo : le projet d’un photographe strasbourgeois confiné

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Petits instants volés du quotidien bouleversé d’un photographe confiné. Voilà comment on pourrait résumer le projet Un kilomètre. Une découverte en noir et blanc du périmètre de Julien Billerach (dit Jul Adjuvant), un Strasbourgeois curieux, explorateur de son environnement.

©Julien Billerach/Jul Adjuvant

Huis-clos – Photo – Dodo ?

Après 45 jours, et alors qu’on en arrive bientôt à bout, on peut déjà commencer à faire un bilan de l’impact que le confinement a eu sur nos vies. Ce que « rester chez nous » a bouleversé dans nos quotidiens, nos acquis, nos relations avec les autres, mais aussi : notre notion de liberté, et de rapport à l’espace. Qu’est-ce qu’un kilomètre, et une heure quotidienne de sortie, quand on vit à une ère où tout se fait vite, ou l’on voyage avec simplicité : à 2h-3h d’avion ou de train de plusieurs capitales, à la frontière de plusieurs pays ? Comment ré-apprivoiser notre périmètre autorisé ?

©Julien Billerach/Jul Adjuvant
©Julien Billerach/Jul Adjuvant

Entre huis-clos intime et balade contemplative, le projet photo Un kilomètre, né d’une contrainte, devient finalement le point de départ d’une réflexion et d’une exploration. Et pour celui qui tient l’appareil, une respiration.

Derrière cet objectif : Julien Billerach. Un photographe amateur mais passionné qui livre ici une série très personnelle. À côté de chez lui, autour de lui : des clichés en argentique, et noir et blanc, tout en contrastes, de son environnement. Dans le calme et le silence des rues de Niederhausbergen, aux portes de Strasbourg.

©Julien Billerach/Jul Adjuvant

La liberté dans la contrainte

Un appareil photo dans les mains depuis ses 10 ans, Julien Billerach, 43 ans et Strasbourgeois depuis une vingtaine d’années, a su composer avec les règles imposées. Mis en télétravail, comme sa compagne, déjà quelques jours avant le confinement, il se retrouve confronté à une nouvelle réalité : celle de la fermeture des écoles, des enfants à la maison… Et de la procrastination.

©Julien Billerach/Jul Adjuvant

Puis soudain : « Je me souviens, l’idée qui arrive comme un direct au foie. […] Un Kilomètre. Un kilomètre autour de la maison à explorer, à raconter, je sentais qu’il se passait quelque chose, que ça allait bouger très vite. J’ai trouvé une carte IGN en ligne, j’imprime, je trace un cercle de 1 km -au compas- autour de ma maison. J’avais ma zone d’exploration. Il fallait que je l’organise et surtout que je la présente. […]

Puis le confinement est déclaré. […] Cataclysmique pour moi… Cela rejoint mes observations, leur donne un sens. Il faut que je raconte cette période. C’est un besoin viscéral, existentiel, mystique. … Toutes les contraintes de confinement et de distanciation sont libératrices pour moi. Elles donnent un cadre au projet, un kilomètre et une heure par jour. Je ne pouvais rêver mieux ! Télétravail ou chômage partiel, avec ou sans mes enfants, je m’organise comme je le souhaite. »

Le périmètre d’1 km autour de chez lui, tracé sur une carte IGN
©Julien Billerach/Jul Adjuvant

L’esthétique du quotidien

Avant sa série Un kilomètre, un Projet Acier lancé avec Arnaud Pagnier, témoignait déjà de son envie d’immortaliser ses alentours. Entre l’« approche esthétique du patrimoine sidérurgique et du paysage industriel en Moselle » du Projet Acier, à celle de son périmètre autorisé, il n’y a qu’un pas.

©Julien Billerach/Jul Adjuvant

Julien explique : « Je n’ai pas besoin de partir loin, je suis sans doute casanier. Mais j’ai envie de raconter cet environnement qui me construit, ou dans lequel je suis de passage. C’est devenu quelque chose d’existentiel. »

Dans cette nouvelle série, on y retrouve son goût pour l’architecture, à la frontière entre milieu urbain, rural et industriel. Des grilles, donnant sur des champs, des rues pavées, et parfois, un enfant : le sien. Ce qui constitue son quotidien. Un travail de mémoire qu’il engage, sur les petites choses de la vie, ou sur le monde qui l’entoure. Entre introspection et contemplation.

©Julien Billerach/Jul Adjuvant
©Julien Billerach/Jul Adjuvant

« C’est l’essence de ma réflexion photographique : comment traduire l’esthétique de mon quotidien et de mon environnement. Comment je l’observe, comment je le perçois, comment je pourrais le raconter. D’une certaine façon, c’est de moi dont je parle. Quel est l’impact que j’ai, moi directement, et à travers moi, mes semblables. Quelles sont les traces que nous laissons dans cet environnement, comment le modifions-nous ? Une notion de passé, de présent, de futur. Une recherche sur le signe, sur la forme, sur le paysage, à travers des critères esthétiques qui me sont propres. »

©Julien Billerach/Jul Adjuvant

Développement personnel

D’abord par goût de la matière, de l’objet-même de la photo, Julien préfère rester à l’argentique. Avec en mémoire ses « réunions de famille, des diapos de voyages, des albums que l’on compulse, des beaux appareils. Des catalogues brillants avec du matériel. », la photo a pour lui, le charme du souvenir « d’un moment vécu, un morceau de réalité que l’on a prélevé, qui a du sens pour nous ».

©Julien Billerach/Jul Adjuvant

Ses récentes explorations ne dérogent pas à la règle : autonome dans sa pratique du noir et blanc, qu’il peut tirer lui-même, le projet Un kilomètre est développé chez lui. Un labo artisanal : « la cuisine avec son évier et ses plans de travail, le cabinet de toilette comme chambre noire, démontable pour des questions pratiques. ». …Confiné, mais bien équipé.

©Julien Billerach/Jul Adjuvant

De ce projet qui l’occupe pendant ce confinement, il souhaite le proposer comme expo dans sa commune, et peut-être l’étendre au niveau de l’Eurométropole. Mais jusque-là, il continuera son travail d’archives, de mémoire, d’un printemps pas comme les autres.

©Julien Billerach/Jul Adjuvant

Sur son quotidien, on peut y projeter l’idée du nôtre. Des photos de grilles, de fenêtres, de voilages, de maisons fermées qui nous renvoient à notre confinement. La rue, sombre, comme un dehors qui se referme sur nous, ce gant perdu comme le fantôme d’un Autre qui a disparu, et ces paniers de basket abandonnés, comme le signe d’un temps révolu : celui du vivre ensemble.

Mais l’innocence de cet enfant qui court, tient un épi de maïs ou s’amuse à explorer son monde à lui, laisse une dernière note joyeuse et légère à l’interprétation que je me fais de sa série, de l’histoire que j’y lis.

À chacun de se créer sa propre narration. Et pourquoi pas, prendre un appareil et regarder son périmètre à soi avec un tout autre regard.
Alors : à vos explorations. En souvenir de nos Un kilomètre, et ceux de Julien.


Pour en voir +
Le projet Un kilomètre
Site web
Julien Billerach / Jul Adjuvant sur Instagram

Le Projet Acier
Site Web
Instagram


>> Fanny SORIANO <<

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