Chaque année, 220 000 avortements sont pratiqués en France. Mais en période de confinement, alors que chaque déplacement doit être justifié, beaucoup peuvent douter des conditions dans lesquelles procéder à une interruption volontaire de grossesse. Pandémie ou non, l’avortement reste un droit, pour toute personne possédant les organes sexuels lui permettant de tomber enceinte. Depuis le 10 avril, des mesures d’allongement spécifiques, ont même été mises en place. Quant aux équipes du Planning Familial, elles restent bien évidemment, à l’écoute de toutes vos questions.
Même si les locaux situés rue du Vingt-Deux Novembre à Strasbourg sont fermés en durant la période de confinement, les équipes du Planning Familial du Bas-Rhin restent disponibles pour toute question, pour une écoute, un soutien ou une information face à une situation de violence. Le numéro vert national consacré à la sexualité, à la contraception et à l’IVG est le suivant : 0 800 08 11 11. Il est gratuit et anonyme. Mais pour être sûr de joindre les équipes du Bas-Rhin, il est possible de les contacter via Facebook, Instagram ou par mail : [email protected].
Contactée via Messenger, l’équipe bas-rhinoise tient à mettre en garde concernant les sites non-officiels : “Quand on fait une recherche Google pour trouver ce numéro d’écoute et d’information, le premier résultat trouvé est le bon alors que le deuxième (ivg.net) appartient à une association hostile à l’IVG. Les infos, mais surtout les conseils donnés par celui-ci ne seront donc pas les bons.”
De nouvelles mesures pendant le confinement
De façon générale, les équipes du Planning rappellent que l’IVG est “évidemment encore prise en charge par la sécurité sociale, reste un acte anonyme pour les personnes mineures et la disponibilité pour les femmes des différentes techniques d’IVG, qu’elles soient médicamenteuses ou instrumentales, est maintenue.” Mais de nouvelles mesures ont été prises afin de garantir l’accès en période de confinement.
Saisi par le ministre de la Santé Olivier Véran, la Haute autorité de la Santé acceptait, le 10 avril dernier l’allongement du délai des IVG médicamenteuses à domicile, passant de 7 à 9 semaines d’aménorrhée (date des dernières règles). Les médecins et les sages-femmes peuvent ainsi les prescrire par téléconsultation. Ces mesures exceptionnelles sont destinées à garantir la continuité de droit à l’avortement durant l’épidémie de Covid-19.
En ce qui concerne l’interruption volontaire de grossesse par aspiration, nécessitant une hospitalisation, les règles ne sont pas les mêmes. Alors que le ministre de la Santé avait auparavant rejeté un projet de loi présenté par la sénatrice de l’Oise Laurence Rossignol prévoyant un allongement du délai légal d’accès à l’IVG de 14 à 16 semaines d’aménorrhée ainsi que la suppression des 48h de délai de réflexion pour les mineures, jusqu’au 31 juillet 2020, celui-ci a finalement fait part de précisions supplémentaires dans un courrier du 23 avril. Il précise que dans le cadre d’un recours tardif à l’avortement (soit après 12 semaines), le médecin peut pratiquer une interruption volontaire de grossesse par aspiration, pour le motif suivant “détresse psychosociale”, si la santé de la mère est en péril.
À ces directives, s’ajoutent “l’annulation des consultations post IVG, le fait que les femmes ne peuvent pas venir avec un accompagnant et la possibilité de réaliser par télémédecine certaines ou toutes les consultations (temps d’information, de remise des ordonnances, de recueil du consentement, de prise des médicaments, et de contrôle) pour une IVG médicamenteuse avant 7 semaines de grossesse.” Pour les consultation physiques, il faut penser à prendre rendez-vous avant chaque déplacement, auprès de la structure.
Le confinement complique les conditions d’accès
Si les équipes du Planning expliquent que le confinement n’impacte pas le choix des femmes souhaitant faire une IVG, elles reconnaissent que celui-ci créé “une réelle inquiétude notamment si les conditions pour pratiquer l’IVG en toute sécurité ne sont pas réunies.” D’après elles, l’accès à l’IVG est aujourd’hui plus compliqué dans certaines régions. Comme pour les personnes qui résident loin d’un centre hospitalier. Mais par chance, à Strasbourg, malgré le contexte, l’accès reste pratiquement le même. Le CMCO à Schiltigheim est en charge pour toutes demandes d’IVG et la téléconsultation permet notamment un accès à distance à l’IVG. Le Planning Familial du 67 ajoute cependant : “Certaines femmes se voient encore contraintes de faire une demande d’IVG à l’étranger si celles-ci ont dépassé le délai légal (12 semaines en France). Pourtant, il est évident que la crise actuelle et son confinement ont un impact sur la possibilité d’obtenir la pilule d’urgence, mais aussi des tests de grossesse aussi bien urinaire que sanguin.”
Comment justifier son déplacement ?
Lorsque l’on doit chercher un médicament en pharmacie ou un test de grossesse, il faut simplement cocher la case : “Déplacement pour effectuer des achats de première nécessité”. Les équipes du Bas-Rhin précisent que “les services de police et de gendarmerie ne pourront en aucun cas demander l’ordonnance.”
Par ailleurs, pour se rendre au Planning Familial, dans un laboratoire d’analyses, un cabinet de radiologie, au centre IVG d’un hôpital, chez un médecin, une sage-femme, ou un gynécologue, il faut cocher la case : “Consultations et soins ne pouvant être assurés à distance et ne pouvant être différés”. Parfois, l’organisme peut envoyer une convocation.
Enfin, en ce qui concerne le renouvellement de sa contraception, qui peut poser question dans ce contexte particulier, pas d’inquiétudes. Il est possible de se rendre en pharmacie avec son ordonnance, même si celle-ci est expirée, et d’être remboursé normalement. Quant aux personnes suivies au Planning Familial du 67, elles recevront une ordonnance signée par mail.
Le Planning familial 67
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