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Strasbourg : L’heure des coquillettes au beurre

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Les Gamma-GT en PLS. Les doigts cramponnés sur ma Nintendo DS. La messe est dite. En latin et en BIT. Super Mario toque à la porte. Une coupe à la brosse artisanale faite à la tondeuse par sa mère ou sa sœur. Un duvet en guise de moustache. Hipster juvénile voguant en trottinette électrique. Deliveroo noctambule au bord du burn out. Super matos. Vingt-deux euros. Livraison de champignons qui font grandir l’âme ou de barrettes qu’on n’accroche pas dans les cheveux. La voix d’une palette à la diable enrouée qui crache dans un vocodeur. “Merci, tu peux garder la monnaie. A la semaine prochaine frangin “.

Casser des briques avec la tête pour ne pas perdre la sienne. Sauver une princesse dépressive qui revend sa couronne sur Vinted pour se taper le Prince Xanax. Briser sa carapace verdâtre sur le divan d’un psilo. L’air de rien, du large tout en longueur.

Hey la vie, c’est quand qu’on va où?

Parler pour ne rien dire. Les rapaces ne sont pas loin. Pour quelques pièces d’or, le RSA ou le SMIC, la SPA du fric euthanasie les solitaires, ceux qui tirent sur leurs laisses trop fort et qui refusent de vivre leurs rêves dans des chenils en béton.Nous ne nous contenterons plus de croquettes et d’eau.

MÉTRO – BOULOT – NETFLIX.

Ceux qui ne veulent pas de maîtres, de carrés mais des ronds, des virgules, des phrases sans points ou alors juste trois petits à la fin. Des dictées avec des fautes. Des crises de foie. Amnésies lunaires dans une vie trop chargée. Le coup de sang est parti tout seul .La faute aux consultants du vide qui comblent le silence par des slogans marketing.

JUST DO IT. VENEZ COMME VOUS ÊTES faire chauffer votre CB sans contact.

Se perdre pour mieux se retrouver. Regarder le visage des fantômes et sourire. Il y’a de la paix partout à qui sait voir les anges maladroits en trench. Des pieds qui trébuchent. Des pulls trop grands, trop jaunes, trop troués. Des visages cabossés. Des ongles rongés. Des paumés sans pommade marchant pieds nus sous la pluie, sans parapluie.

LES FOUS NE SONT PAS TOUJOURS CEUX QU’ON PENSE.

Ce n’est pas parce qu’on a les yeux fermés qu’on dort. Des “je ne sais pas”, des “peut-être”. NOUS AVONS TOUS PEUR. Peur de décevoir. Peur d’échouer. Peur de donner. Peur de laisser passer la lumière à travers nos failles maquillées par une vendeuse-Dracula à Sephora.

LES ROIS DU DOUTE.

Soit un bon Kougelhof et rentre dans le moule. Causette dans un F2 insalubre. SOIT UN PASSAGER TROP SAGE. Les Thénardier sucent des knacks au Kammerzell pendant que tu suces des bites à la pelle.

LA BITE GÉNÉRATION.

Influenceur. Tendanceur. Germinal aux géraniums digitaux où les ouvriers numériques se mettent une mine à l’opium de Facebook. Victor Hugo Boss en solde sur Zalando. Moins 50 % sur la culture et le libre-arbitre. Le même ballon.Le même sport. Une coupe du monde. Un écart de salaire considérable entre hommes et femmes. UNE PAIRE DE COUILLES au milieu de l’océan. C’est le Grand Bleu sur une pelouse de billets verts.

Au CIO on ne m’a jamais dit que la vie est une pièce de la CIA. Il voulait que je passe mon bac, que j’aille à la fac pour devenir médecin ou avocat. Les avocats se mangent avec de la mayonnaise et des crevettes mais ne défendent pas Jean-Pierre Balkany.

Moi je voulais être ébéniste comme Geppetto. Imaginer des créatures en bois qui dansent sous les étoiles. Je bosse à la chaîne dans un atelier, lobotomisé à poncer des portes de placards pour Conforama. Ça non plus, la conseillère d’orientation ne m’en a jamais parlé.

Je saute au-dessus d’une plante carnivore qui tente de me becqueter au jardin botanique, chopant l’étoile d’invincibilité pour baiser le destin quelques secondes. Le cône roule au coin de la table dégueulasse. Lasses, les boulettes explosent au sol. Moquette martienne où même les acariens ne se risquent pas entre deux cratères.

Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour les fonsdés.

Les gens de l’obscurité qui n’ouvrent ni leurs volets ni leurs gueules. Ceux dont les voisins parleront au JT de vingt heures entre un gigot d’agneau et un tiramisu. “Il était vraiment aimable. Un type sans histoires. Il disait toujours bonjour”. Une brique de lait périmé tape un strip-tease au fond du réfrigérateur. FriGo Pro lubrique pour boulimique. Des œufs moisis partouzent dans une omelette qui bouge toute seule. Les cafards valsent dans une marre de liquide vaisselle.

C’est la fête de la musique sur une éponge détrempée.

21 juin. Fête des utopiques et de ceux qui se prennent pour Jimmy Hendrix avec une gratte achetée sur le Bon Coin. De vrais gens qui font des fausses notes avec le cœur sous l’œil médusé des spectateurs mangeant des merguez-frites à la harissa. Ça sent la sueur de vieux sous les aisselles. Le torse qui colle au t-shirt Cannibale Corpse. La sensualité de Michel Houellebecq. Une pastille à la menthe dans le lave-vaisselle. Un bol de lait tiède. Un reste de tartine desséchée au Nutella.

Dans cet appartement, les violons ne jouent pas ou dans la tête peut-être. Le silence tutoie les murs qui ne lui répondent pas. La tapisserie transpire l’Amsterdamer chopé à Kehl, parce que ça coûte moins cher, une fois par mois via le tram C. Franchir la frontière comme un fugitif de l’ex-Allemagne de l’Ouest transperçant un mur invisible pour chercher sa ration de tabac. IMAGINER ÊTRE À BERLIN.Les Currywurst tripant à Kreuzberg jusqu’au petit matin. L’Europe des clopes à cyclopes pour des clopinettes.

Prendre les transports en commun me fait suer. La peau grasse des autres. Les cheveux laqués comme des canards qu’on fera cuire avec deux rondelles d’orange au moindre faux pas. Ils parlent trop fort pour qu’on entende qu’ils ne sont pas morts. Le contrôleur tend sa guillotine et tranche les mains des fraudeurs. Les phalanges volent et les amendes pleuvent pour célébrer le début de l’été. Fanfare improvisée devant un appartement de la rue des enfants. Bob Marley porte un marcel Ricard et une paire de Birkenstock. Les broches des kebabs tournent à plein régime. Des barbes à papa au poulet finement tranché par Jack le découpeur pendant que Barbamama sirote un ayran dans l’arrière-boutique. Sauce blanche – salade – oignon. Une idée de mot de passe pour son compte Youporn Food.

Les canettes de Heineken commencent à faire effet dans les tempes des plus fragiles. Les vendeurs ambulants se frottent les mains. Il fait soif ce soir.

SOIF DE LIBERTÉ. SOIF DE BORDEL POUR BORDERLINE.

Un cochon aux cheveux longs braille dans son micro.Headbanger La ferme aux maux. Du sado-doom-black-métal, mot comptant triple au Scrabble. Le Hellfest s’invite à Strasbourg dans un pogo fougueux entre deux lycéens déchaînés. ” C’est pas de la musique ça! Edith Piaf, ça c’était magnifique” lâche une mamie aux cheveux violets juste derrière eux. Le Môme sur scène pèse aux alentours des 90 kilos, percé aux tétons et invoquant Satan dans un grognement à faire palir Matteo Salvini.WARNING – EXPLICIT LYRICS.

C’est imparfait mais c’est pour ça que c’est beau.Le jour où on verra Max Cavalera utiliser Autotune, je commanderai une pinte de grenadine au Molly Malone. Le droit à l’erreur pour les impôts et le droit à l’erreur dans son solo. Du free-jazz comme on dit sur France Culture.

Dans la rue des Frères, les plus téméraires ignorent les festivités. Derrière une vitrine embuée, les masos enchaînent des bornes sur des tapis-roulants. Aladdin moderne au régime parcourant le monde sur un compteur à cristaux liquides. Le génie accorde trois voeux:

500 calories dépensées – 5 kilomètres parcourus – Un Burger King pour se récompenser.

Rythme cardiaque. Tension. Dénivelé. Il faut faire Maths Sup pour mettre une jambe devant l’autre dorénavant.

La porte claque. Deux ombres s’enlacent dans l’ascenseur. Des cygnes blessés aux cous interminables qui finiront par s’étouffer de leur propre amour.

Au deuxième, le voisin est accoudé à la fenêtre, un verre de rosé à la main. On se salue d’un geste de la tête, profitant de la fraîcheur nocturne. La voisine du troisième jouit en quelques coups de reins puis pleure. Il est presque deux heures, c’est l’heure des trains de nuit et des coquillettes au beurre.


Mr Zag

Mr Zag a une voisine, un chat, des collègues, un job, il aime Lynch, Radiohead et Winshluss. Mr Zag a un Pinocchio tatoué sur le bras, quelques gribouilles en islandais, il ouvre les yeux et décrit le monde avec une vision bien à lui.

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