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Strasbourg : les semeuses d’arc-en-ciel

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Je cours à en perdre haleine, poursuivi par un loup qui ne va pas tarder à me rattraper pour me dévorer. Des griffes tranchantes et puissantes. Des canines à l’efficacité redoutable. Je ne donne pas cher de ma peau. C’est dans ce genre de situation que je regrette de ne pas avoir su profiter davantage de la vie. Relativiser. Prendre les choses avec plus de légèreté. Dire à mes proches que je les aime en les regardant dans les yeux. Savourer des petits moments de plénitude. Le soleil qui se lève. Un rouge-gorge se posant sur le rebord de la fenêtre. Le parfum du café dans la maison. L’acidité d’une orange qui fait saliver. L’amertume de la marmelade. Appuyer sur un bouton pour allumer la lumière, en tourner un autre pour cuire un steak ou faire couler de l’eau. Remplir mon estomac de sucre, de graisse, d’alcool. Un simple passage au Carrefour Market et le frigo devient une réserve de nourriture s’ouvrant avec le petit doigt.

No pain, only gain. Ce temps est révolu.

Je me poste à l’angle des Galeries Lafayette espérant que la bête perdra ma trace. Le bâtiment en décomposition est recouvert de lianes et de lierres. Voilà cinquante ans déjà que le tram ne circule plus ici et que la nature reprend ses droits. Depuis l’explosion de la centrale nucléaire de Fessenheim en 2023, nous errons comme des animaux à la recherche de nourriture et d’eau potable. Nous sommes quelques irréductibles à être restés dans cette zone radioactive malgré l’avis du gouvernement qui chercha à nous évacuer vers des camps répartis dans toute la France.

Réfugiés du nucléaire demandant l’hospitalité, nous qui blâmions ceux qui quittaient leurs pays pour fuir la famine ou la guerre. La roue tourne.

Les écologistes sonnèrent l’alerte à l’époque mais la nouvelle Présidente de la République fit de la lutte contre l’immigration une priorité. Pourtant il y’eut des signes annonçant cette catastrophe.

HIROSHIMA – TCHERNOBYL –FUKUCHIMA

Je ne pus me résoudre à partir en abandonnant mes chats, un carton de souvenirs sous le bras.

Une biche en alerte se fige devant la Fnac. Je suis sauvé. Elle est perdue. Le malheur des uns fait la survie des autres. Le loup change de trajectoire, la tête baissée, dans le sens du vent pour ne pas être découvert. Il accélère sa course soudainement et charge Bambi. J’ai vu ce genre de scène dans un documentaire de la BBC, assis sur mon canapé, une bière à la main. Un guépard coursait une antilope. Elle n’eut aucune chance. Les hyènes terminèrent de nettoyer la carcasse jusqu’au dernier bout de chair.

La faune et la flore reprennent leurs droits. Les arbres poussent partout pour rattraper le temps où ils étaient cantonnés le long des allées. Des buissons envahissent les bâtiments qui s’écroulent un par un. Les ronces s’enroulent autour des lampadaires déconnectés. C’est un terrain de jeu parfait pour un photographe mélancolique en quête de désolation. J’avale une gorgée d’eau dans le creux d’une gouttière rouillée. Avec un peu de chance, je trouverai quelques champignons ou mousses comestibles sur la façade de la Librairie Kleber. Il y’a quelques mois encore, nous étions approvisionnés par le ciel, maintenant nous le regardons en attendant un miracle. Les supermarchés sont vides. Les billets font office d’allume-feu pour les plus chanceux qui possèdent un briquet ou une boîte d’allumettes.

Je peux les voir, à la nuit tombée, se réunir autour d’un brasier au Parc de l’Orangerie pendant que certains nostalgiques squattent au Star visionnant La planète des singes de Franklin J. Schaffner en boucle.

Un grognement se fait entendre derrière moi. Je suis tétanisé. Le loup a retrouvé ma trace. Je me retourne, pétrifié. Il bave, la gueule grande ouverte. D’un élan fulgurant, il bondit. Je recule et trébuche sur une vieille bouteille de Meteor.

C’est là que je me réveille instantanément, en sueur, le cœur battant à la chamade. Dehors, le bus klaxonne et les éboueurs parquent des poubelles vides militairement . Mon t-shirt est trempé. Je me laisse tomber sur le matelas encore tiède en prenant une grande inspiration.

Ce n’était qu’un mauvais rêve. Marine le Pen ne gouverne pas notre pays. Il est encore temps de changer les choses, de se battre afin d’éviter une catastrophe écologique dramatique.

Survivre en milieu hostile, nous ne sommes pas préparés à ça. J’ai déjà du mal à ouvrir une boite de raviolis sans me trancher une phalange et puis que ferai-je sans Netflix ?

Je repense à Morgane et Diane, à ce dîner en guise d’au revoir au Dubliners hier. Elles se rencontrèrent au lycée Jean Rostand et sont inséparables depuis. Fortes et combatives. Je n’ai pas leur fougue, ni le courage d’affronter une nature austère, des insectes voraces ou des araignées de la taille de mon avant-bras. Pendant qu’elles partiront au Vietnam en octobre pour participer à la 20ème édition du Raid Amazones, le 1er et unique raid aventure itinérant dans le monde combinant plusieurs sports non motorisés, 100% féminin et rempli d’émotions fortes, je resterais chez moi, sans prendre le moindre risque, la télécommande dans une main, un paquet de chips dans l’autre.

Un sacré défi pour ces deux Artémiss qui iront soutenir l’ARAME, l’’Association Régionale d’Action Médicale et Sociale pour les Enfants atteints d’affections malignes du service d’onco-hématologie de l’enfant de l’hôpital de Hautepierre.

Sa mission principale : optimiser les conditions d’accueil en milieu hospitalier de ces enfants et soutenir la recherche scientifique en rendant le parcours thérapeutique des jeunes malades moins difficiles. Comment ? Avec le financement de nombreux projets, comme l’achat de parures de lit aux couleurs de héros, l’organisation de séjours adaptés aux enfants ou l’animation du service par des clowns deux fois par mois.

Starsky à Hutch, Laurel à Hardy et Diane à Morgane.

Malgré une préparation physique poussée, elles savent que cette aventure sera éprouvante. Lorsqu’elles seront épuisées, déshydratées, lorsque leurs corps feront mal et que leurs têtes diront « non », les marsupilamis strasbourgeois chanteront dans la jungle obscure.

HOP LA – HOP LA – HOP LA, nous sommes les strasbourgeois.

Elles entendront sonner les cloches de la Cathédrale à travers les mangroves et se relèveront pour avancer encore plus fortes, toute une ville derrière elles, le stade de la Meinau dans le ciel étoilé, les dieux scandant leurs noms.

JETZT GEHT’S LOS

Kilomètre après kilomètre, en VTT, via des courses d’orientation, en canoë ou encore au tir à l’arc, elles sèmeront des graines invisibles d’espoir pour de Petit Poucet regardant par la vitre de leurs chambres d’hôpital à 10 000 kilomètres de là. Des arcs-en-ciel illumineront leurs yeux fragiles et il neigera des flocons multicolores sur leurs nouvelles couettes Spider-Man. Réjouissez-vous les enfants, réjouissez-vous.Ce voyage est pour vous.Vous êtes des coquelicots avançant au milieu d’une mer de béton mouvementée mais tous ensemble, nous sommes un jardin de rêves un soir d’été.

Aux enfants courageux qui combattent la maladie comme des géants,

A leurs super-mamans et super-papas,

Aux infirmiers(ères), aides-soignants(es) et médecins,

Aux nez rouges dessinant des sourires sur des bouches pleines de dents de lait,

Aux bénévoles de l’ARAME,

A Morgane et Diane,

A la solidarité et la générosité.


Pour suivre leurs aventures et soutenir le projet :

Facebook de Artemiss 

Instagram de Artemiss

www.raidamazones.com

Mail : [email protected]


Mr Zag

Mr Zag a une voisine, un chat, des collègues, un job, il aime Lynch, Radiohead et Winshluss. Mr Zag a un Pinocchio tatoué sur le bras, quelques gribouilles en islandais, il ouvre les yeux et décrit le monde avec une vision bien à lui.

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