Inflation, hausse des prix de l’énergie, mouvements sociaux : l’année 2023 aura été mouvementée pour les commerçant(e)s strasbourgeois(es). À quelques jours de l’ouverture du marché de Noël, toutes et tous espèrent finir l’année sur une touche plus positive.
Les illuminations et le sapin sont en place, les vitrines se parent de leurs plus belles décorations : il y a comme une ambiance de Noël dans les rues de Strasbourg, à quelques jours de l’ouverture du marché. Moment essentiel pour les commerçant(e)s, cette édition 2023 viendra clore une année complexe.
Entre baisse du pouvoir d’achat et morosité ambiante, les boutiques strasbourgeoises attendent que la magie de Noël redonne le sourire à leur clientèle.
« On fait tout pour développer la magie de Noël »
Au téléphone, Gwenn Bauer, le président des Vitrines de Strasbourg, se dit « positif ». 2023 ? « Chahutée, comme toutes les années depuis environ 10 ans. »
L’inflation, la hausse des prix, le coût de l’énergie… Il en faut plus pour faire trembler le propriétaire de la boutique Lathéral installée Grand’Rue. « Un commerçant par nature est toujours un peu inquiet, mais, surtout, après ce qu’il s’est passé ces dernières années, il sait rebondir et s’adapter. »
Forte de plus de 700 adhérent(e)s, l’association de commerçants est un bon thermomètre de l’état d’esprit qui règne dans les arrière-boutiques en ville.
« Quand je discute avec les collègues, je me rends compte qu’on est sur une tendance positive. Même si la situation en ce moment est plutôt morose, Noël est toujours une période où les gens se lâchent un peu. C’est pour cela qu’on fait tout pour développer la magie de Noël. »
« On a mis des paillettes partout, on est au taquet »
Rue des Orfèvres, Élodie Heitz n’a pas encore installé les décorations dans son magasin, mais la responsable de la boutique Meyer’s compte jouer la carte de Noël à fond.
« On va faire le maximum pour mettre les clients dans l’ambiance, c’est vraiment ce qu’ils viennent chercher à Strasbourg pendant le marché. » Pour la distillerie, cette période est essentielle, d’autant plus après une année difficile question chiffre d’affaires. « On a eu un mois d’octobre super compliqué, dans la rue, on n’est pas nombreux à avoir atteint nos objectifs. Novembre, ça ne commence pas mieux, on espère que les illuminations vont ramener du monde. »
Même constat pour Fany Moraitis, fondatrice de la boutique de créateurs Les Herbes folles. « Ça a été beaucoup plus compliqué que les années précédentes. Heureusement, on a une clientèle fidèle, c’est ce qui nous a sauvé. »
Elle décrit un climat général anxiogène, qui pèse sur le moral et « ne donne pas envie d’acheter ». Malgré tout, la jeune maman voit du positif, certain(e)s client(e)s sont déjà venu(e)s faire leurs achats de Noël et l’équipe est fin prête pour le marché. « On a mis des paillettes partout, des plumes, de l’or, on est au taquet ! »
« Si on se plante en fin d’année, on se plante pour toute l’année »
2023 a aussi été difficile pour les vendeurs/euses de livres à Strasbourg. C’est le cas de la librairie Oberlin, rue de la Division-Leclerc : « Notre marge a plongé, on était à 1%, on doit être à 0.5%. On sent aussi que les clients dépensent moins », estime Anne Herduin, responsable de la boutique.
La libraire attend le marché de Noël comme le messie, même si elle aimerait pouvoir déplacer le magasin d’une ou deux rues pour être dans le flux des passants. « Si on se plante en fin d’année, on se plante pour toute l’année », déclare-t-elle en croisant les doigts avant de poursuivre : « à priori, on n’est pas partis pour se planter. Là, ça monte doucement ».
Rue des Orfèvres, dans la boutique de chocolat Weiss, l’équipe est, elle, plutôt sereine. « Cette année, on n’a pas eu de période creuse, la fréquentation touristique nous a bien aidé. La clientèle locale se tasse un peu, mais on s’en sort quand même bien grâce au tourisme », témoigne Sébastien Badel, le responsable.
Il reconnait que son activité se prête bien à la période de Noël qui représente un moment important pour les chocolatiers/ères. « Ça va être une charge de travail importante. Il peut y avoir un peu de stress, mais on attend Noël sereinement. »
« Tous les feux sont au vert »
Parmi les commerçant(e)s interrogé(e)s, toutes et tous pointent l’importance des conditions de circulation dans le centre et le dispositif de sécurité comme essentiels au bon déroulement du marché. Ils appellent leurs client(e)s à se montrer patient(e)s malgré les rues bondées et les longues files d’attente.
« Depuis le Covid, les gens n’ont plus aucune patience », raconte Sébastien Badel. Élodie Heitz, sa voisine de la distillerie Meyer témoigne même avoir été victime d’incivilité de la part de certain(e)s client(e)s.
Éric Hummel, créateur de la bijouterie L’Air du temps, résume l’enjeu : « Le fait que ça circule, que ce soit fluide, c’est ça qui est important pour moi. Les touristes, ils se moquent des contrôles, de faire la queue, mais mes clients locaux, ça les pousse à ne pas venir. »
Pour les Vitrines de Strasbourg, « Tous les feux sont au vert » pour le marché de cette année. Selon une étude Cofidis, les Français(es) prévoient d’acheter le même nombre de cadeaux que l’année dernière, même si le budget alloué aux fêtes est en léger repli.
L’association a également obtenu l’ouverture exceptionnelle des commerces pendant les cinq dimanches du marché de Noël. Enfin, concernant la fréquentation touristique, Gwenn Bauer observe positivement les signaux venant de ses confrères hôteliers. « On constate que les réservations pour cette période sont assez hautes, ça nous augure d’une belle année. »
