À l’horizon 2027, une résidence étudiante Crous est attendue sur la place d’Islande, dans le quartier des XV. Une nécessité dans une crise du logement qui touche particulièrement les étudiant(e)s. Présentation du projet.
Lorsque l’on se promène vers la place d’Islande, au terminus de la ligne F, un chantier a investi la parcelle verte de 4.000m2, autrefois en friche et broussailleuse. Si les travaux concernent pour le moment les réseaux de chaleur du secteur, ils en préfigurent d’autres, plus imposants : la création d’une nouvelle résidence étudiante.
Adopté le 20 mai 2022 lors du conseil de l’Eurométropole, le projet a depuis rencontré des oppositions de la part d’habitant(e)s du quartier. Il rentre néanmoins dans une phase plus concrète en cette année 2024, avec pour horizon une résidence étudiante prête à l’emploi pour la rentrée 2027. L’occasion d’un point d’étape avec Sophie Roussel, Directrice générale du Crous de Strasbourg.
La nécessité de construire une nouvelle résidence étudiante
« Plus qu’une envie, une vraie nécessité » : c’est par ces mots que Sophie Roussel décrit le projet de résidence étudiante sur la place d’Islande. La directrice générale du Crous décrit une « situation du logement difficile à Strasbourg, et encore plus pour les étudiants, où chaque rentrée est plus compliquée que la précédente ».
2 396,91 € : faire sa rentrée étudiante à Strasbourg n’a jamais coûté aussi cher
Si la rénovation de la cité U Paul Appell a enfin été achevée en 2023, le besoin de logements étudiants est donc toujours aussi fort, surtout dans une ville attractive comme Strasbourg. Qui plus est, selon Sophie Roussel, le Crous « est un des acteurs qui peut proposer des loyers abordables pour des logements pour des étudiants » – et ce, même s’ils vont augmenter de 3,5 % cette année après 5 ans de gel, on y reviendra.
500 nouveaux logements
Les 4.400m2 de parcelle de la place d’Islande tombent ainsi à pic. Le terrain appartient à l’État, qui en a confié la gestion au Crous. Celui-ci veut y construire une grande résidence étudiante, avec 500 nouveaux logements, en forme de petits studios, de 12 à 15m2 chacun.
Selon Sophie Roussel, l’idée reste de « proposer une offre sur une gamme de prix abordable, avec des cuisines collectives et des espaces sportifs, ce qui permet de nouer des liens pour contrecarrer la solitude étudiante ». Pour le moment, pas encore de précisions sur les loyers qui seront pratiqués sur ces futurs studios.
Quant à l’allure du bâtiment, situé sur une « parcelle en triangle assez compliquée à aménager », tout reste encore à définir. Une volonté de laisser carte blanche aux futurs architectes selon Sophie Roussel, pour qu’ils puissent se concentrer sur « des objectifs de qualité environnementale, la limitation des préjudices d’ensoleillement et de vue pour les habitants du quartier ».
Une volonté de concertation avec les habitant(e)s du quartier
L’annonce de projet ne fait néanmoins pas que des heureux/ses dans le quartier. Si l’on observe attentivement la parcelle, on remarque un petit arbre planté depuis le 17 mai 2023 par un collectif du nom de Pour une place d’Islande Verte. Sollicité par mail pour apporter son point de vue sur la question, il n’a pas toutefois pas donné suite.
Restent donc les explications de Sophie Roussel qui annonce une concertation : « On les a déjà rencontrés en novembre 2022, on ne les a pas revus depuis, mais on a enclenché une démarche avec l’Eurométropole pour faire une réunion publique et présentation du projet avec ateliers le 12 avril prochain ». Suivront ensuite un questionnaire en ligne, ainsi que des explications sur ce qui sera retenu ou pas de ces concertations.
L’objectif selon la directrice générale du Crous Strasbourg est bien comprendre les besoins des habitant(e)s du quartier : « On veut bien connaître les usages, pour savoir comment le projet va impacter le quartier. On réfléchit également sur les choses qui peuvent être partagées, comme les espaces extérieurs, une salle associative qui pourra être mise à disposition, une salle climatisée en période de canicule… tout reste ouvert ».
Enfin, pour Sophie Roussel, il faut également « ouvrir la discussion sur les connexions entre la résidence et le quartier, concernant notamment les mobilités et le stationnement ». À ce sujet, il y a fort à parier que le stationnement « sauvage » le haut de la parcelle ne sera bientôt plus possible. Pour les habitant(e)s, rendez-vous donc le 12 avril pour la prochaine étape du projet.
La question du financement du budget
Dernière question pour le moment sur ce ce projet ambitieux : celle du budget. Aujourd’hui, il est estimé à 40 millions d’euros, une « fourchette haute » : l’Eurométropole y participe à hauteur de 4 millions, alors que l’État finance également une partie, dans le cadre du Contrats de plan État-Région 2021-2027.
Selon Sophie Roussel, le Crous cherche également des financements du côté du Centre national des œuvres universitaires et scolaires (Cnous) et du ministère de lʼEnseignement supérieur, de la Recherche et de lʼInnovation. Enfin, la moitié du budget, soit environ 20 millions, se fera sous forme d’emprunt. Une réalité économique qui s’entrechoque avec une autre.
Quand on fait un emprunt, il y a un souci d’équilibre économique, on ne peut pas geler des loyers sur une période très longue.
En effet, après 5 ans de gel, les loyers des résidences universitaires vont augmenter de 3,5%. Une annonce réalisée au Parisien (article réservé aux abonnés) par Bénédicte Durand, dirigeante du Cnous, le 28 février dernier, et motivée par les besoins de réhabilitation des logements du Crous dans toute la France. Une pétition circule déjà pour annuler ce projet du gouvernement.
L’argument est en tous les cas repris par Sophie Roussel : « Quand on fait un emprunt, il y a un souci d’équilibre économique, on ne peut pas geler des loyers sur une période très longue ». Reste à savoir quel impact aura cet emprunt, et ces hausses, sur les étudiant(e)s, entre besoin impératif d’avoir de nouveaux logements à prix abordables, et le besoin de financer ceux-ci. Équation compliquée.