Pour les nouveaux/lles étudiant(e)s qui viennent d’arriver à Strasbourg, c’est une information qui peut surprendre. Le président de l’université Michel Deneken est un prêtre catholique. Mais même s’il est assez cocasse qu’un homme d’église occupe ce poste dans une région où il n’y a pas de séparation entre les Églises et l’État, le Concordat n’y est pour rien !
C’est une particularité qui a déjà fait couler beaucoup d’encre au moment de son élection en 2016. Un prêtre élu pour la première fois à la direction d’une université publique, la situation est pour le moins exceptionnelle. La presse locale et nationale se sont donc rapidement emparées de l’affaire.
Originaire de Lingolsheim, Michel Deneken a suivi des études de théologie catholique à Strasbourg avant de soutenir sa thèse et d’enseigner en tant que maître de conférence en 1989. En 2009, il devient premier vice-président de l’Université de Strasbourg et le restera durant huit ans.
Ce n’est qu’en 2016, qu’il est élu président de l’une des plus grandes universités de France, au sein de laquelle il poursuit son deuxième mandat.
Polémiques et contestation
À l’époque, si l’Afges ne semble pas gênée par le statut religieux de ce nouveau président, le syndicat enseignant Snesup-FSU conteste, lui, cette élection. D’après ses membres, il n’est pas acceptable qu’un prêtre du diocèse de Strasbourg exerce également la fonction de président d’université. Si tel était le cas, ce serait au mépris des principes de laïcité et de neutralité. Le statut religieux de Michel Deneken ne lui permettrait donc pas de prétendre à ce poste.
Le syndicat avait donc déposé un recours auprès du Tribunal administratif de Strasbourg, pour que le juge administratif se saisisse de l’affaire. Mais en décembre 2017, le Tribunal administratif de Strasbourg rejette la requête et estime que cette élection est tout à fait légale. Suivi de près par le Conseil d’État en juin 2018, qui confirmera cette décision.
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Mais alors comment est-ce possible ?
On pourrait naturellement penser qu’une telle situation ne peut se produire qu’en Alsace ou en Moselle, car la séparation entre les Églises et l’État n’y est pas en vigueur. En réalité, sur l’ensemble du territoire français, rien n’empêche légalement un prêtre d’être à la tête d’une université publique. Le seul critère à respecter pour être élu(e) est le suivant : faire déjà partie du personnel de l’université.
En tant que professeur des universités à la fac de théologie catholique de Strasbourg, Michel Deneken était donc un(e) candidat(e) potentiel/lle, au même titre qu’un pasteur, un imam, ou un rabbin d’ailleurs. C’est le principe de la liberté de conscience.
Mais il faut tout de même reconnaître qu’un tel cas avait plus de chances de se produire en Alsace. Et ce, pour une bonne raison. Contrairement au reste de la France, le Concordat permet à l’Université de Strasbourg de disposer de facultés de théologie catholique, protestante ou juive.
Il n’y a que dans les départements sur Haut-Rhin et du Bas-Rhin ainsi qu’en Moselle, qu’une formation théologique universitaire et publique est possible. Ce sont les seules universités qui délivrent un diplôme d’État de théologie. Voilà pourquoi la proportion de religieux est sans doute plus importante au sein de l’Université de Strasbourg.