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Avec « La Poudrière », ce couple de Strasbourgeois prône la coiffure au naturel

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C’est le sourire caché par le masque, mais visible dans le regard que Lucie-Carmela ouvre la porte vitrée de La Poudrière. Ce salon de coiffure, elle l’a ouvert au mois d’octobre dernier, avec son associé et conjoint Jean-Jérôme, au cœur de la Krutenau. Depuis, elle y accueille ses clients et clients pour un moment de calme et d’échange. Elle y pratique une coiffure privilégiant le naturel.



Lucie-Carmela, cheveux ondulés et regard qui pétille, n’avait pas imaginé ouvrir un jour son salon. “Ça fait la moitié de ma vie que je fais de la coiffure. D’abord à Lyon puis à Montréal où j’ai rencontré mon Alsacien”, se remémore-t-elle, jetant un regard complice à Jean-Jérôme. Après leur installation à Strasbourg, Lucie-Carmela a travaillé dans quelques salons strasbourgeois, sans jamais s’y sentir totalement en  phase avec ses convictions. “Je cherchais des salons avec une conscience écologique. C’était un peu la désillusion de se rendre compte qu’il y avait beaucoup de greenwashing. C’est ce qui m’a aussi donné envie d’ouvrir un salon. Je me suis dit : je vais avoir 32 ans, j’ai de l’expérience, c’est le moment.

© Mathilde Piaud pour Pokaa

Il faut dire que l’écologie a toujours eu une place importante dans la vie de la coiffeuse. “En 2007 quand j’ai passé mon CAP, j’avais fait un dossier sur l’effet de serre, alors qu’à l’époque on en parlait pas autant. Ça a toujours été une source de soucis pour moi”, se souvient-elle. Une conviction renforcée lorsqu’elle tombe enceinte en 2017. “L’entrepreneuriat ce n’était pas une fin en soi pour moi, mais j’avais besoin de plus de sens, parce que c’est hyper difficile de laisser ses convictions personnelles à la porte de son travail tous les jours”. 

Lucie-Carmela et Jean-Jérôme décident alors en 2021 de créer le salon dans lequel la coiffeuse aurait aimé travailler. Ici, le couple tente de revoir les codes, en faisant du naturel leur mot d’ordre. Cela passe notamment par les produits utilisés. “Je travaille avec la marque lyonnaise Marcapar, explique-t-elle. Ce que j’aime c’est leur composition qui est propre.

© Mathilde Piaud pour Pokaa


Aller plus loin vers le zéro déchet

Sur l’un des seuls meubles du salon à la décoration épurée, des gros bocaux en verre laissent apparaître diverses poudres végétales tel un camaïeu de verts. Lucie-Carmela réalise des bains de plantes.C’est avant tout un soin profond, détaille-t-elle. Ça va amener de la brillance et de l’hydratation. On peut aussi avoir un côté tinctorial, c’est une coloration végétale.” Après avoir échangé avec un client ou une cliente, la professionnelle élabore une recette adaptée aux besoins. En revanche, la décoloration et l’éclaircissement ne sont eux pas possibles grâce à ces procédés naturels et la coiffeuse ne les pratique donc pas. Une impossibilité que Lucie-Carmela prend le temps d’expliquer à ceux qui la sollicite. 

© Mathilde Piaud pour Pokaa

Mais la professionnelle n’a pas encore atteint tous ses objectifs. “Le côté naturel a été atteint avec cette marque, constate Jean-Jérôme. Par contre, le zéro déchet on n’y est pas encore.” Lucie-Carmela aimerait ainsi fabriquer ses propres produits. “Ça fait presque 2 ans que je formule mes propres shampoings. Je cherche maintenant un laboratoire alsacien qui ne teste rien sur les animaux. Les recettes sont développées mais il faut faire des dossiers pour la législation européenne. Les produits doivent êtres testés.” Un pas de plus qui pourrait lui permettre de réduire drastiquement ses déchets. “Ce sont des shampoings qui n’ont que cinq ingrédients et qui seront exclusivement pour ma clientèle.” La coiffeuse récupère aussi tous les cheveux coupés pour les envoyer à Coiffeurs Justes. Ils peuvent ainsi servir à la fabrication de filtres à hydrocarbure pour dépolluer les cours d’eau ou comme matériau isolant dans diverses constructions. 


La coupe architecturale comme spécialité

L’autre particularité du travail de Lucie-Carmela, c’est sa technique de coupe. La coiffeuse est en effet une spécialiste de la coupe architecturale. “Elle a été inventée par Vidal Sassoon dans les années 50, décrypte-t-elle. C’est une coupe aux ciseaux, où l’on réfléchit à la géométrie dans l’espace. On coupe selon les angles du crâne, pour avoir une coupe qui se place bien, qui évolue bien dans le temps et qui ne nécessite aucun temps de coiffage. C’est une technique épurée, dans la lenteur et la réflexion. ” Lucie-Carmela, qui avait découvert cette technique au cours d’un voyage à Londres, y a été formée pendant des années à Lyon. “Avec cette technique, mon objectif c’est de vous voir moins, mais mieux.

Une technique en cohérence avec la profonde volonté de faire triompher le naturel. “On valorise le naturel avec les produits certes, mais aussi dans son ensemble. C’est-à-dire dans la nature des cheveux, qu’on laisse bouclés s’ils sont bouclés ou lisses, s’ils sont lisses. L’idée c’est aussi de se réapproprier son image en sortant un peu des diktats de la mode. ” Et de sourire : “J’ai une cliente de 80 ans que j’ai convertie. Elle voulait son brushing et je lui ai fait une coupe comme ça, en lui expliquant. Maintenant, elle revient.

© Mathilde Piaud pour Pokaa


Créer un lieu de vie

Pour être en phase avec ses valeurs Lucie-Carmela a aussi revu ses tarifs quelques semaines après l’ouverture, mettant en place des tarifs non genrés. Ici pas de coupe femme ni de coupe homme mais des tarifs en adéquation avec la longueur de cheveux et le temps passé. En une semaine il y a eu deux personnes avec qui j’ai été mal à l’aise sur la facturation. L’une pour qui c’était trop, l’autre pas assez. J’ai trouvé ça incohérent.” Et là aussi, Lucie-Carmela prend le temps de l’expliquer. “ À La Poudrière, on a vraiment le souhait d’avoir une transparence sur tout. Sur la composition des produits comme sur la tarification. ” 

© Mathilde Piaud pour Pokaa

Pour l’instant, Lucie-Carmela souhaite rester seule à travailler dans ce petit havre de paix qu’elle s’est construit au cœur de la Krutenau. Elle aime l’intimité et le confort que cela peut apporter à ceux qui décident d’y venir pour prendre soin d’eux. Ici on prend le temps. Malgré tout, les deux associés attendent avec impatience la levée des restrictions sanitaires pour faire de cet endroit, plus qu’un salon de coiffure, un lieu de vie et d’échanges. Le couple qui expose déjà le travail de photographes dans le salon et vend quelques créations d’artisans strasbourgeois, rêve de vernissages et d’évènements. “On aimerait qu’il y ait des choses qui se passent un peu, que le lieu soit vivant”, précise Jean-Jérôme. En attendant, le couple développe des collaborations. Ils viennent ainsi de créer une carte cadeau, sous forme de carte postale, avec l’œuvre d’une photographe. “Le format carte postale revient beaucoup parce que c’est de l’art accessible. Je suis contente, ça a plus de sens qu’un bon cadeau qu’on jette après utilisation.

Des projets plein la tête, Lucie-Carmela semble apaisée lorsqu’elle jette un regard autour d’elle. “ Je suis vraiment contente, parce que j’ai l’impression que tout ce que j’ai fait dans ma vie c’était pour arriver là.


La Poudrière

7 rue Jacques Peirotes
67000 Strasbourg
www.lapoudrierestrasbourg.com

© Mathilde Piaud pour Pokaa

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