C’est un refrain longuement répété par les pouvoirs publics : en avril, la campagne de vaccination va enclencher la deuxième. Avec le confinement en vigueur depuis le tout début du mois, la course de vitesse contre le virus (pour le moment perdue) pourrait voir le gouvernement rattraper son retard, de façon à rouvrir le pays aux alentour du cap fixé par Emmanuel Macron le 31 mars dernier. À Strasbourg, la préfecture du Bas-Rhin a organisé une conférence de presse ce mardi 13 avril au matin, afin d’expliquer la situation sanitaire et la campagne de vaccination. On fait le point, parce qu’il y a quelques nouveautés.
Un vaccinodrome arrive à Strasbourg
C’était la grande de nouvelle de la conférence de presse organisée par la préfecture du Bas-Rhin ce mardi 13 avril : un vaccinodrome arrive à Strasbourg au rez-de-chaussée de l’Hôtel du Département, comme on vous l’expliquait ici.
Une collaboration CeA/préfecture
Cette bonne nouvelle dans la promesse d’accélération de la campagne de vaccination provient de l’histoire d’amour que filent la Communauté européenne d’Alsace (CeA) et la préfecture du Bas-Rhin. Josiane Chevalier, préfète du Bas-Rhin, et Frédéric Bierry, président de la CeA ont, dans des termes extrêmement laudateurs pour l’un comme pour l’autre, mis en avant la collaboration entre la préfecture et la CeA : « On travaille main dans la main dans cette crise depuis un an. » Cela montre l’importance pour les institutions de parler la même langue (politique) pour prendre des décisions cohérentes.
Résultat de cette collaboration donc : un vaccinodrome, ou « mégacentre de vaccination » comme le dit le docteur Laure Pain, responsable de la cellule Covid-19 sur le Bas-Rhin pour l’ARS Grand Est. Selon Josiane Chevalier, « cette structure est absolument nécessaire dans cette course contre la montre et présente toutes les garanties pour la meilleure vaccination possible ». Ce vaccinodrome prendra donc ses quartiers au rez-de-chaussée de l’Hôtel du Département, comme l’explique Frédéric Bierry : « Ce seront 1 800 m2 mis à disposition pour pouvoir accueillir les personnes qui vont se faire vacciner, tout le rez-de-chaussée va être utilisé. » Une réalité rendue possible par le fait que les agents du département sont en télétravail.
Un centre ouvert 7j/7, 12h par jour et avec l’aide des sapeurs-pompiers
Au niveau des horaires, ce site sera ouvert 7j/7 et sur une plage horaire étendue de 12h par jour. Pour aider à vacciner, on pourra également compter sur le Service Départemental d’Incendie et de Secours 67 (SDIS), avec 700 sapeurs-pompiers qui se sont portés volontaires, comme le rapporte le colonel Cellier, directeur du SDIS 67.Ces derniers recevront une formation « d’un peu plus d’une heure », mêlant théorique et pratique. Pour la petite anecdote, ils s’entraîneront pour les vaccins à piquer des concombres, « car la peau est sensiblement la même que la peau humaine », comme le précise le colonel Cellier, secondé par le docteur Laure Pain. Tous les sapeurs-pompiers seront formés d’ici la fin du mois d’avril.
Le vaccinodrome devrait aboutir à 14 000 doses administrées par semaine, soit 2 000 par jour. Pour l’ouverture, pas encore de date précise mais la préfète déclare espérer une ouverture « fin mai, début juin ». En outre, comme le précise le docteur Laure Pain, au niveau des vaccins utilisés, « le vaccinodrome fonctionnera avec ARN Messager, avec Pfizer plutôt que Moderna ». Enfin, ce mégacentre de vaccination sera plus tard complété par « un centre à horaires atypiques », comme le détaille la préfète.
Comment va évoluer la vaccination à Strasbourg ?
Au-delà de la présentation du futur vaccinodrome strasbourgeois, la conférence de presse a permis d’en savoir un peu plus sur les futures évolutions de la vaccination à Strasbourg et dans le Bas-Rhin. Le docteur Laure Pain détaille le maillage des centres de vaccination dans le Bas-Rhin : « On a 22 centres généralistes liés à la population générale, avec quelques autres petits centres plus spécialisés. À eux tous, à partir de la semaine prochaine, on va pouvoir administrer aux environs de 30 000 doses par semaine. Plus 6 à 7 000 qui sont dans des centres parallèles. » À ce sujet, elle détaille également la répartition des vaccins : « 92% des doses de Pfizer et 58% des doses de Moderna vont dans les centres. » Le reste des doses de Moderna est dirigé vers les établissements hospitaliers, « pour vacciner dans les services spécialisés pour les personnes à très haut risque », le tout dans les centres pour les personnes vulnérables. « Peut-être que ces personnes recevront même une troisième dose », détaille Laure Pain. Un sujet en discussion au niveau national.
Comme le précise le docteur Laure Pain : « La première phase de vaccination des plus de 75 ans va bientôt se terminer. Jusqu’à fin mai on a aucun problème pour absorber l’augmentation des doses. Désormais, pour l’été, on va devoir anticiper l’arrivée d’une population plus nombreuse et jeune et tenir la durée jusque au moins septembre. D’où l’idée du vaccinodrome au plus tard en juin. » En effet, on ne le sait peut-être pas, mais le département du Bas-Rhin est le plus jeune de la région Grand Est. Ce qui peut expliquer un certain retard dans le taux de vaccination : le Bas-Rhin a 15,14 % de sa population qui s’est déjà fait vacciner, contre 16,92 % du Grand Est, selon les derniers chiffres de CovidTracker. Laure Pain précise par ailleurs que « 19% de la population de plus de 18 ans est vaccinée », un chiffre « intéressant » selon elle.
La vaccination s’ouvre aux plus de 55 ans
Revenons maintenant sur la situation de la campagne de vaccination au niveau national. Aux derniers chiffres disponibles, ce sont 10 814 693 personnes, soit 16,06 % de la population française, qui ont déjà reçu au moins une première dose du vaccin. Et ce nombre ne devrait cesser de grimper dans les jours et semaines à venir. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, s’en est félicité, dans son entretien au Journal du Dimanche, rapporté par FranceInfo : « On élargit la vaccination ». De plus, le ministre a également rappelé « l’annonce de l’extension de la campagne vaccinale par Pfizer et Moderna à tous les plus de 60 ans à compter du 16 avril ». Les personnes de plus de 55 ans se feront vacciner avec le vaccin AstraZeneca. Seul hic dans le plan d’accélération : le vaccin de Janssen, filiale européenne du groupe américain Johnson & Johnson, dont le vaccin à une seule dose était censé arriver cette semaine, a décidé de reporter le déploiement de son vaccin en Europe ce mardi 13 avril dans l’après-midi, comme l’explique FranceInfo. Ce qui limite encore le pouvoir d’accélération de la vaccination en France, 200 000 doses étant à la base prévues cette semaine.
Quoiqu’il en soit, il demeure une question : celle des personnes de moins de 55 ans déjà vaccinées une fois avec l’AstraZeneca. Pour celles-ci, ce sera un changement de vaccin, comme annoncé par la Haute Autorité de Santé le 9 avril dernier, après des cas très rares, mais graves, de troubles de la coagulation observés uniquement sur des patients moins âgés. Concrètement, les 530 000 personnes ayant été vaccinées avant que le vaccin du laboratoire anglo-suédois soit suspendu le 19 mars, recevront une deuxième dose, soit de Pfizer, soit de Moderna, avec un intervalle de 12 semaines entre les deux. Dans le Bas-Rhin, ce seront près de 20 000 personnes concernées par cette deuxième dose.
La conférence de presse organisée ce mardi matin 13 avril a donc pu permettre de présenter plus en détails le projet du vaccinodrome, fruit de l’entente entre la CeA et la préfecture du Bas-Rhin. Cela a également permis de revenir sur les évolutions à venir de la campagne de vaccination, en local comme en national, avec désormais les plus de 55 ans éligibles à la vaccination. Dans cette course contre la montre, il faut espérer que la campagne de vaccination prenne enfin de la vitesse. Dommage que la nouvelle provenant de Janssen casse encore le rythme de la vaccination, véritable clé de notre sortie de crise.