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Évasion : avec Arthur, strasbourgeois et kiné sur le mythique Rallye Dakar

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Du 3 au 15 janvier dernier, le plus célèbre des rallyes s’est déroulé sur les pistes d’Arabie Saoudite, à travers une boucle de 7 646 km, composée de douze étapes disputées par des as du volant, pros et amateurs venus des quatre coins du monde. Événement mythique dans l’univers du sport automobile, le Rallye Dakar est éprouvant et pousse les concurrents, qu’ils soient à moto, en voiture, en camion ou encore en quad, à puiser au plus profond de leurs ressources physiques. Dans l’ombre des projecteurs, sur le bivouac, une équipe médicale d’une cinquantaine de personnes accueille, après chaque étape, les concurrents blessés, épuisés par des centaines de kilomètres parcourus quotidiennement dans l’immensité du désert saoudien. Depuis l’édition 2020, Arthur, kiné dans un cabinet strasbourgeois, a rejoint l’expérience du Dakar. À à peine 25 ans, il est le plus jeune praticien sur cette aventure qu’il décrit comme tout aussi enrichissante humainement que professionnellement.


Parcours du Dakar 2021


Travailler sur le plus grand rallye du monde

Pilotes, mécaniciens, techniciens, sponsors, médias, ou membres de l’équipe médicale : ils sont quotidiennement plus de 3 000 personnes a évoluer sur le bivouac du plus grand rallye du monde. Soigneusement sélectionnés, kinés, anesthésistes, ostéopathes, radiologues, médecins et chirurgiens collaborent afin de permettre aux pilotes de repartir après chaque étape dans les meilleures conditions possibles.

Arthur raconte : “Pouvoir faire son métier à l’autre bout du monde et diversifier son mode de travail c’est extraordinaire ! Dans le sens où c’est quand même bien différent d’un travail en cabinet. On a beaucoup de responsabilités : si on manipule mal une côte fracturée, on peut perforer un poumon, ça peut créer un pneumothorax … Il faut être très attentifs. Et puis les pilotes sont sous adrénaline, ce sont des mecs très résistants à la douleur. J’ai vu un pilote à moto qui a fini le Dakar malgré une fracture du pied. Avec les vibrations ça devait être horrible ! Mais non, le mec on le strappait tous les jours, et il repartait, il a rien lâché, il est allé au bout. Avec la kiné on apporte également quelque chose d’humain aux pilotes, ils sont en phase aiguë, rincés, ils viennent de faire 600-700 km et nous on essaye de les retaper un minimum pour qu’ils puissent repartir le lendemain.”

Photo remise par Arthur Weess


Une journée type sur le rallye

L’équipe médicale arrive en Arabie Saoudite quelques jours avant la compétition afin de rencontrer les pilotes et faire quelques vérifications. S’ensuivent deux semaines dans le désert au rythme des étapes, entre montage et démontage de bivouac, soins prodigués aux pilotes, courtes nuits, et moments de partage entre collègues.

Arthur nous explique une journée type sur le rallye :Chaque étape est distanciée de 600 km parfois plus, donc tous les matins, on se lève tôt (entre 4h et 6h du matin), on prend un bus, puis un avion privé saoudien, qui nous mène à la prochaine étape. L’équipe est divisée en deux : le groupe arrière remballe le matériel, et le groupe avant l’installe sur l’étape suivante et ainsi de suite. Lorsqu’on arrive on monte tout de suite le bivouac, puis on a une heure pour manger, se doucher, avant de reprendre le travail jusqu’à minuit. Ce sont des journées assez longues et éprouvantes étant donné qu’elles s’accumulent pendant deux semaines. On passe la nuit dans des tentes 2 secondes, pratiques à remballer rapidement. Mais on dort peu, le bivouac ne s’arrête jamais : les mécanos taffent en nocturne, des hélicos décollent, on entend le bruit des gros groupes électrogènes et des pilotes qui arrivent en pleine nuit… Ça fait partie de l’aventure. L’ambiance sur le bivouac est vraiment super, tout le monde a la banane, on rigole bien. On fait tout ensemble, à la fin on est comme une famille. En même temps passer deux semaines h24 avec des gens dans des conditions où t’es un peu poussé à l’extrême ça crée des liens. Quant aux pilotes, le rapport est hyper détendu, je pense qu’ils sont plutôt reconnaissants de nos soins.”


Une expérience inoubliable et des rencontres inspirantes

Arthur n’est pas particulièrement attiré par les sports automobiles. Cependant, après avoir fait partie de l’équipe médicale du célèbre rallye durant deux années d’affilée, de nouveaux projets se profilent. Il explique : “Le Dakar m’a donné envie de dériver dans le sport. Sur place j’ai appris un tas de choses chaque jour, il y avait une grande cohésion entre les médecins, les kinés, les anesthésistes… C’était comme une équipe, on fonctionnait ensemble. On a tous des formations qui divergent un peu, et du coup quand on échange, on apprend beaucoup de choses sur les positionnements , les techniques, la façon de communiquer avec les patients… Un des membres de l’équipe avec qui j’ai bossé deux ans de suite sur le Dakar m’a donné envie de m’inscrire en école d’ostéo en septembre à Paris. À force d’échanger, de voir les portes que ça peut ouvrir, ça m’a motivé. F.X est kiné et ostéo du sport à Caen dans l’équipe de foot et il est aussi dans la Fédération française d’aviron. Il m’a donné des conseils sur la manière d’intégrer une structure sportive. J’aimerai bien être kiné affilié au Racing Club de Strasbourg.”

Habitué au travail en cabinet, Arthur a découvert grâce au Dakar, son métier sous un autre angle : celui d’une aventure hors normes. Deux semaines dans les dunes d’Arabie Saoudite, durant lesquelles il a dû s’adapter à des conditions certes éprouvantes, mais qui font partie intégrante de cette expérience dépaysante et enrichissante à tous les points de vue, auprès d’une équipe soudée devenue au fil du temps, une sorte de famille.

La tête chargée de souvenirs, il conclut : “Si on me demande de revenir sur le Rallye Dakar l’année prochaine je dis oui tout de suite. J’ai la chance d’être jeune, je ne suis pas marié, je n’ai pas d’enfants, je n’ai aucune contraintes. Le Dakar ça fait rêver.

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