Signant l’épilogue de Strasbourg, Capitale mondiale du livre UNESCO, les Rencontres de l’illustration reviennent mettre un bon coup de peinture dans notre actu printanière. Du 19 mars au 6 avril, elles célébreront même un anniversaire : une 10ème édition à la programmation riche. À l’affiche : expositions, conférences, projections, battle de dessins, salon pour choper des BD et illustrations, ateliers créatifs… On s’enflamme déjà pour le programme, mais pour que tu ne t’emmêles pas les pinceaux, on te fait le topo !
Le 22 avril signera la fin du chapitre Strasbourg Capitale mondiale du livre UNESCO. Pour cet épilogue, la 10ème édition des Rencontres de l’illustration articule sa programmation autour des liens entre la peinture et l’illustration, deux arts souvent mis en opposition, en réinterrogeant un débat séculaire…
Afin de reconnaître la place de « l’illustrateur/rice en tant qu’artiste à part entière. Et de se rappeler l’importance de leur rôle pour faire bouger les lignes et abattre les frontières, ouvrant par leur travail des espaces où les esthétiques se rencontrent et se réinventent », nous dit-on en préambule.

Comme le précise Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg, en édito : il s’agit avec les Rencontres de l’illustration de « rappeler l’excellence de [nos] institutions et associations […], célébrer l’illustration dans toutes ses formes, affirmer la place qu’elle occupe dans le paysage artistique et culturel, mais aussi et surtout le rôle essentiel de celles et ceux qui créent ».
« Dix ans à défendre, avec ferveur, l’illustration comme un langage universel. Dix ans à célébrer la force de l’art et de l’imaginaire. Dix ans à affirmer que la création doit être soutenue, encouragée, célébrée », explique notamment l’événement dans son introduction. Alors : « Célébrons l’inventivité, l’engagement, la poésie, la drôlerie, la force et la fantaisie. »

À travers la ville, s’ouvriront du 19 mars au 6 avril : des expositions, des ateliers, des spectacles et des rencontres à destination de tous les publics. Avec une quinzaine d’artistes, jeunes talents ou reconnu(e)s, à (re)découvrir.
Hommage à Claude Lapointe
Parmi les pointures : Claude Lapointe, « celui qui, depuis Strasbourg, aura œuvré à faire [de l’illustration] un art majeur », écrit la maire de Strasbourg.
Co-fondateur de l’atelier Illustration à l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg (actuelle HEAR – Haute école des arts du Rhin) en 1972, Claude Lapointe a laissé son empreinte tant par ses créations (pour l’illustration jeunesse) que par les générations d’artistes passées par cette illustre formation.

Disparu en octobre 2024, un accrochage lui sera consacré à la Médiathèque Olympe-de-Gouges du 19 mars au 17 mai. Dans Du trait au pinceau, on y découvrira son univers pictural, un pan plus confidentiel de son œuvre, et la reconstitution de son atelier.
Si l’exposition a désormais une double vocation d’hommage, elle a été, nous précise-t-on « souhaitée et pensée avec [lui] de son vivant », « en conclusion du dépôt auprès du Centre de l’illustration de la Médiathèque André-Malraux de ses archives pédagogiques de l’atelier Illustration de la HEAR ».

La tête dans les trésors de nos institutions
Les Rencontres de l’illustration auront un autre avantage : celui de valoriser les trésors des médiathèques de la Ville et de l’Eurométropole et des musées de la Ville de Strasbourg. Respectivement grâce au Centre de l’illustration, le Fonds patrimonial, l’Artothèque et les collections mises à la disposition directe du public pour les premières ; et la participation du Musée Tomi-Ungerer – Centre international de l’illustration, du Cabinet d’art graphique du MAMCS, et de la Bibliothèque des Musées pour les seconds.

Outre celle mentionnée plus haut – en hommage à Claude Lapointe –, d’autres expositions nous plongeront dans leurs collections.
Le Musée Tomi-Ungerer réunira Nino Bulling, Neïla Czermak Ichti, Mazen Kerbaj et Mounira Al Solh, du 21 mars au 28 septembre, avec Évidence. Dessiner le présent.
Quatre artistes internationaux/les qui ont en commun de saisir le présent, mais chacun(e) à sa manière, entre illustration et arts plastiques, dessin et broderie, peinture et cinéma… « Dans des approches personnelles, subjectives, documentaires ou encore militantes qui témoignent d’une même stratégie : tisser des liens entre l’intime et le politique. »

Le MAMCS (Musée d’art moderne et contemporain) quant à lui, associera les collections de la Bibliothèque des Musées à celles de ses fonds d’art graphique à travers La bibliothèque des images. Livre et arts graphiques en dialogue (XIXe-XXIe siècles), jusqu’au 21 septembre.
On y croisera aussi bien Tristan Tzara, Francis Picabia, Hans-Jean Arp, Alfons Mucha, Gustave Doré, que Max Ernst et bien d’autres.
Au 5e Lieu et en accès libre s’exposera un talent d’ici : Célia Housset et sa série Haxewarik [un travail de sorcière]. Un « Strasbourg merveilleux » et fantasmagorique imaginé et peint par l’artiste dont l’univers s’inspire « de folklores, de costumes, d’imageries populaires et de légendes d’Europe et d’Asie ». À découvrir gratuitement du 20 mars au 17 août.
Dans les médiathèques : celle consacrée à l’Alsacien Thomas Ehretsmann, peintre et illustrateur pour la presse et l’édition nationale et internationale : Un autre réel (du 19 mars au 26 avril à la Médiathèque André-Malraux) ; et la découverte du monde des Fanzines en couleurs et des liens entre la peinture et l’illustration, « entre hommages et détournements » (du 19 mars au 5 avril à la Médiathèque d’Hautepierre).


Quant à la Hear, elle mettra à l’honneur quelques-un(e)s des artistes passé(e)s par son prestigieux atelier Illustration, et qui se sont fait, depuis, une place de choix dans les milieux de la presse et de l’édition, en France comme à l’étranger.
Parmi ces élèves : Gwendoline Desnoyers (1990-2020), dont les travaux seront exposés à La Chaufferie du 21 mars au 6 avril (avec Le miroir retourné) suite à la publication en 2023 par les éditions Arbitraire d’un ouvrage monographique de l’artiste (Une vie de regrets). « Dotée d’une forte charge émotionnelle et poétique, l’œuvre de Gwendoline Desnoyers ressemble à sa créatrice et oscille entre tendresse et violence », nous dit-on d’elle.

Des ateliers pour tous les âges
Pour nous mettre la main à la pâte, ou plutôt le crayon à la main, les Rencontres de l’illustration organiseront de nombreux ateliers… Certains pour enfants, d’autres pour plus grand(e)s. En tout, on en dénombre des dizaines sur toute la période du festival.
Citons par exemple « De chair et de paint » par Anne-Catherine Lejeal (pour ados et adultes), pour envisager son corps comme « une toile à peindre » au moyen du maquillage FX et du body-painting.

Tout aussi imaginatif : celui de la confection d’unes de journaux imaginaires, à partir de vieux journaux et de magazines récupérés, avec l’autrice et illustratrice Pauline Barzilaï (« Le journal d’aujourd’hui et de demain matin »). Ou encore la création d’une « Carte imaginaire » au 5e Lieu, avec les artistes Alma Loé Doyon, Mona Ginet et Yona Rouach, en composant un univers fantastique au moyen d’une fresque collective et de cartes à emporter.
Il y aura aussi des ateliers d’écriture (« L’art des mots » en partenariat avec l’exposition Évidence, au Musée Tomi-Ungerer), de peinture avec l’artiste et auteur David Sala, etc.


Focus sur Central Vapeur 15
Au tour de Central Vapeur de dérouler son programme… Car comment parler des Rencontres de l’illustration, sans évoquer Central Vapeur ? Association organisatrice des 24h de l’illustration et du festival de design graphique Format(s), Central Vapeur est aussi un festival, qui fête ce printemps sa quinzième édition, et qui s’inscrira une nouvelle fois dans le programme des Rencontres de l’illustration.
Composée de membres permanent(e)s et d’une centaine de bénévoles – dont une majorité d’illustrateurs/ices –, Central Vapeur participe depuis 2010 au fourmillement artistique strasbourgeois et de la jeune création au travers de ses événements originaux, et de son service de conseil et d’accompagnement des artistes : Central Vapeur PRO, qui réunit 300 inscrit(e)s.

Rempli d’expos et d’événements, sa programmation démarrera en fanfare avec son annuelle Parade des Micronations dans les rues de Strasbourg, comme ouverture du festival le 19 mars.
Autre rendez-vous annuel : le Dialogue de dessins qui mettra cette fois, face à face, l’artiste belge Brecht Vandenbroucke (auquel le festival a confié son affiche, pour cette édition spéciale « peinture ») et l’illustrateur strasbourgeois André Derainne (à voir à la Menuiserie-Garage Coop du 19 mars au 6 avril).



Et difficile de le rater, chaque année, puisqu’il s’invite le long du quai des Bateliers : le Parcours d’affiches. Pour ce printemps, il mettra à l’honneur Mousson de Jasmin d’Anouck Constant (paru aux éditions Le port a jauni, fin 2024). Une plongée dans les pages – au format maxi – de l’imagier bilingue franco-arabe de cette diplômée de la Hear (en 2022).
Et dans tout Strasbourg, des curiosités de jeunes artistes à aller cueillir, d’un lieu à l’autre. Basile Bibas à L’Orée 85, les conférences illustrées de Violaine Leroy (« Épique Époque » au Jardin des Sciences), les illustrations de Jeanne Sterkers pour la BD La montagne entre nous à la librairie Le Tigre, celles d’Amina Bouajila pour Le Musée Mal Rangé à la librairie La Bouquinette…




Rendez-vous parfait pour dépenser son poids en BD ou redécorer son salon en petit musée : le Salon des indépendant·es reviendra au cœur du Garage Coop les samedi 28 et dimanche 29 mars.
Sur les 25 stands : « albums jeunesse, dessins abstraits, objets délicats, affiches sérigraphiées, fanzines BD ou publications à ne pas mettre entre n’importe quelles mains », issus de l’édition indépendante régionale ou plus internationale, de Gargarismes, à La Déferlante, en passant par les éditions 2042.
En plus ? Des « flash conf’ » et tables rondes, des animations grand public et formations pro, des ateliers et la traditionnelle pesée de paniers de livres pour tenter de gagner le gros lot.



À ne pas rater aussi, cette fois pour les bédé/cinéphiles : Battlestar de dessins, le 21 mars au cinéma Star Saint-Exupéry, le dessin sur grand écran. Le concept ? Du cinéma, six illustrateurs/rices réparti(e)s en deux équipes et des thèmes pour les départager en direct, sur des tables à dessin devant un « public-jury » et face à une « juge-arbitre toute puissante ». Sans oublier : « Un pôle animation occupé à faire des bruits bizarres. »

Pour le reste : on te laisse feuilleter les prog’ respectives de Central Vapeur 15 et des Rencontres de l’illustration. Et ne perds pas le fil : ça dure jusqu’au 6 avril !
Événement
Rencontres de l’illustration – 10ème édition (et Central Vapeur 15)
Quoi ?
Expositions, conférences, ateliers, projections, etc.
Quand ?
Du 19 mars au 6 avril
où ?
À Strasbourg, dans les musées et médiathèques de la Ville et de l’Eurométropole, ainsi qu’au 5e Lieu, à la HEAR, et plusieurs autres lieux.
Plus d'infos ?
Programme complet des Rencontres de l’illustration
Site web de Central Vapeur