Alors que les températures se rafraîchissent une nouvelle fois à Strasbourg et que les prix de l’énergie continuent d’être élevés, on peut être tenté(e) de mieux isoler son logement. Si il est possible de le faire seul(e), il est pourtant plus avantageux de faire passer sa rénovation énergétique par la copropriété pour améliorer son diagnostic de performance énergétique (DPE). Voici un petit guide pour y voir plus clair.
L’énergie a rarement été à ce point au centre des préoccupations. Depuis la guerre en Ukraine, qui a débuté en février 2022, les prix se sont envolés, notamment ceux du gaz qui ont pris 27% en à peine deux ans, tandis que UFC-Que Choisir redoute une hausse massive des tarifs de l’électricité en 2026.
Pour alléger sa facture en tant que propriétaire, une des solutions est de rénover son logement, en passant par l’isolation thermique. Surtout que, en tant que propriétaire, il est progressivement interdit de louer les biens qualifiés de passoires thermiques, soit avec un DPE classes E, F ou G. Les échéances sont pour 2025 pour les classes G, 2028 pour les classes F et 2034 pour les classes E. Ainsi, pour éviter l’interdiction, il faut améliorer le DPE de son logement, en le rénovant.
Mais on peut vite se sentir démuni(e) face aux démarches à entreprendre, notamment concernant les aides auxquelles on est éligible. Dans le cas de la rénovation énergétique, il est donc parfois plus facile de le faire en équipe plutôt qu’en solo, et de mener le chantier à travers la copropriété.
Pour savoir comment tout cela fonctionne, on s’est entretenu avec Hugo D’alberto, assistant à maitrise d’ouvrage, et Aurélien, économiste et maître d’oeuvre chez AMC Habitat, une entreprise qui propose de l’accompagnement dans la réalisation de projets de construction ou de rénovation.

Une rénovation énergétique plus avantageuse pour le bâtiment
Alors pourquoi est-ce plus avantageux de faire passer la rénovation énergétique de son appartement en copro plutôt qu’en solo ? Déjà, parce que c’est mieux de traiter l’enveloppe du bâtiment par l’extérieur que par l’intérieur. Hugo D’alberto explique : « Thermiquement, c’est plus intéressant. Par l’extérieur, on traite directement la dalle : si on isole par l’intérieur, celle-ci va rester non-isolée et ça fera un pont thermique [un point de la construction où la barrière isolante est rompue, ndlr]. »

Ensuite, plus globalement, les travaux de rénovation qui passent par une copropriété permettent de traiter l’enveloppe du bâtiment dans sa globalité. Cela donne l’occasion d’effectuer des ravalements de façades et d’autres travaux dans le cadre de la préservation du patrimoine, ce qui n’est pas possible lorsque l’on traite uniquement l’intérieur de son logement.
La rénovation énergétique de son appartement passe également par un travail sur la ventilation, et sur une isolation correcte des différentes pièces. Sauf qu’en solo, une autorisation de la copropriété reste nécessaire pour traiter la ventilation, car l’installation aura un impact sur les façades de l’immeuble. Donc autant passer par la copropriété directement.

Davantage d’aides, et donc des économies, quand on fait la rénovation en copro
Si la rénovation énergétique via la copropriété présente certains avantages au niveau des travaux, c’est surtout la partie financière qui se révèle très intéressante. Pourquoi ? « Parce que les aides en copropriété ne dépendent pas des revenus, mais de l’état des travaux », selon Hugo D’alberto.
L’assistant à maîtrise d’ouvrage détaille le dispositif de l’éco-prêt à taux zéro qui, « lorsqu’il est demandé de manière collective, n’est pas soumis à l’âge, au taux d’endettement, aux revenus ; bref, tout le monde y a accès ».

En outre, les collectivités participent également à l’effort de rénovation thermique, grâce à plusieurs dispositifs. La Région Grand Est propose son dispositif Climaxion, tandis que l’Eurométropole a lancé, au 1er janvier 2024, un nouveau dispositif d’aide pour la réalisation de travaux de rénovation énergétique disponible pour tous les copropriétaires.
Pour simplifier les démarches, la collectivité a fait le choix de s’associer aux aides pour les travaux de rénovation énergétique du dispositif Climaxion. Ainsi, les copropriétés respectant le cahier des charges n’auront qu’un seul dossier à déposer pour obtenir les subventions de l’Eurométropole de Strasbourg et de la Région Grand Est.
Les bénéfices financiers peuvent aller entre 50 et 150% d’économies selon Aurélien : « En copropriété, on sera plusieurs à pouvoir participer à un effort financier conséquent. On mutualise les dépenses, on ne paye qu’une fois un échafaudage par exemple, et toutes les aides sont mobilisables. »

Ok, mais ça fonctionne comment concrètement ?
Maintenant que les avantages ont été exposés, passons au concret : comment, en tant que copropriété, peut-on mener des travaux de rénovation énergétique ? Déjà, la première étape du syndic est d’aller vers un assistant à maîtrise d’ouvrage (AMO), une prestation obligatoire pour recevoir les aides, et un maître d’oeuvre. Une consultation est ensuite faite, avec des temps d’échanges, notamment avec des présentations réalisées devant le conseil syndical.
Après ces rendez-vous, un choix est fait et une commande est passée. S’enclenche alors un diagnostic du bâtiment, pour savoir quels travaux faire pour le remettre au goût du jour, mais aussi pour réaliser un DPE collectif du bâtiment. Il y a ensuite la présentation des différents scénarios de travaux, et enfin le choix du scénario le plus intéressant, avec des allers-retours entre l’AMO et un maître d’oeuvre pour notamment calculer les aides, pour que les gens puissent avoir une idée globale du coût des travaux et des aides mobilisables.
Nous, on apporte l’oeil technique et opérationnel pour opérer l’ensemble des travaux nécessaires pour avoir un bâti moins énergivore.
Le projet passe ensuite à l’étape de la consultation, où l’AMO et le maître d’oeuvre vont discuter avec les personnes qui réalisent ce type de projets, afin de voir si elles répondent au cahier des charges posé et si elles rentrent dans l’enveloppe budgétaire. Si c’est le cas, banco, les travaux peuvent rentrer dans leur phase opérationnelle.
Ces projets de rénovations énergétiques prennent environ 3 ans selon Hugo D’alberto. Il détaille : « Il y a un an/un an et demi d’études avant le vote des travaux, ensuite 4/6 mois de délais avec la mise en place du dispositif bancaire, des appels de fonds, des recours. À partir de là, on rentre dans le temps des travaux, pour environ 8 mois. » Aurélien abonde : « La copro c’est long, il y a en plus des particularités d’un bâti qui peuvent t’amener d’autres problématiques. Mais en moyenne, entre le moment de la sélection et le début du chantier, il y a 12 à 18 mois. »

Pourquoi le faire maintenant ?
Parce qu’un tel projet dure à peu près 3 ans, il est important de s’y mettre rapidement. Surtout que, selon Aurélien, c’est le moment : « Aujourd’hui, les feux sont au vert : il y a une prise de conscience, une volonté étatique et des collectivités pour pousser les gens à rénover leur logement. »
De plus, les incertitudes autour du coût des énergies continuent d’être importantes : « Avec la raréfaction des matériaux et des ressources, aujourd’hui, il faut qu’on réduise nos consommations. » Et si mettre tout le monde d’accord au sein d’une copropriété n’est pas chose aisée, les avantages sont tout de même importants. Comme le résume Aurélien, de chez AMC Habitat : « Quand tu es seul, tu vas plus vite, quand tu es ensemble, tu vas plus loin. »
