Alors que l’avenir de la Fnac sur la place Kléber est toujours un sujet de discussion, la municipalité a voulu assurer aux Strasbourgeois(es) le maintien de l’établissement au centre-ville. On revient sur cette annonce, et sur les 10 derniers jours d’intenses débats.
Le centre-ville de Strasbourg, au centre de toutes les discussions ces dernières semaines. Dans le positif, la municipalité pousse pour le retour d’un rooftop sur un Printemps qui s’interroge à nouveau sur son avenir, tandis qu’elle travaille en bonne intelligence avec la Librairie Kléber pour s’assurer du maintien de celle-ci dans son bâtiment historique.
Dans le négatif, des enseignes continuent de fermer au centre-ville, comme récemment Flying Tiger dans une rue des Francs-Bourgeois de plus en plus vide. Et si le dernier taux de vacance est à 7,7%, ce qui est bas, le prochain risque d’être bien plus élevé. Enfin, à chaque fois qu’une fermeture est annoncée, l’opposition politique s’empresse de la mettre sur le dos de la majorité écologiste et communiste, à grand renfort de communiqués de presse ou de vidéos.
Mais ces dernières semaines, aucun sujet commercial n’a autant fait parler que celui de l’avenir de la Fnac au centre-ville de Strasbourg, aujourd’hui située dans l’établissement emblématique de la Maison Rouge. À tel point que la municipalité s’est sentie forcée de réagir. Retour sur près de deux semaines d’intenses débats.
L’avenir de la Fnac : un sujet politique
À l’origine, un article de Pokaa publié le 16 février dernier qui révélait que des discussions étaient en cours entre Jean-Louis Loeb-Picard, propriétaire de la Maison Rouge, et la Fnac. En plein renouvellement du bail, les négociations portaient principalement sur l’envie de l’enseigne de privatiser le rez-de-chaussée, mais également d’abandonner son 3e étage, dans un projet de restructuration.
Joint alors au téléphone, Jean-Louis Loeb-Picard assurait qu’il n’était pas forcé d’accepter les conditions du bail, ce dernier devant normalement être reconduit dans les mêmes surfaces que le précédent. Autrement dit : il existait une possibilité que la Fnac quitte son établissement historique. Surtout que le propriétaire avait déjà annoncé avoir un remplaçant : un grand laboratoire pharmaceutique suisse, possédant un projet tout fait pour le centre-commercial de la Maison Rouge.
Après publication, l’opposition, d’abord menée par le désormais candidat aux municipales Jean-Philippe Vetter, a une nouvelle fois mis en cause la politique commerciale de la majorité. Alors que, pour ce projet tout particulièrement, les négociations se font entre acteurs privés, sur lesquels la Ville n’a aucun pouvoir. De manière plus surprenante, près de 10 jours après, c’est la Ville de Strasbourg qui a décidé de réagir. Preuve que le sujet est show.
Des discussions qui datent d’il y a trois ans… apparemment toujours d’actualité
Le 27 février dernier, la municipalité envoyait un communiqué de presse intitulé « Maintien de la présence de la Fnac au centre-ville de Strasbourg » ; le ton est posé. Là-dedans, on apprend que Jeanne Barseghian avait échangé directement avec Enrique Martinez, PDG du groupe Fnac Darty en 2022. Et qu’à cette occasion, « ces échanges avaient abouti à un engagement clair et sans ambiguïté confirmant la présence pérenne de la Fnac dans le centre-ville de Strasbourg. »
Une communication affirmée… mais qui se fonde sur des discussions datant d’il y a trois ans. Et même si Joël Steffen, adjoint au commerce, affirme que « cet engagement [lui] a été reconfirmé lors de récents échanges avec la direction du groupe », il faut retenir que, dans le commerce sans doute plus que dans d’autres domaines, ce qui est assuré une année, ne l’est plus la suivante.
Des relais médiatiques plus ou moins prudents
Très vite, le sujet faisant parler depuis plusieurs jours, les médias locaux relaient la communication de la Ville. Alors que le communiqué a été publié à 17h42, Ici Alsace (ex France Bleu) titre une heure plus tard sans ambages « La Fnac va rester dans le centre-ville de Strasbourg ». StrasInfo et BFM Alsace sont un peu plus prudents, titrant respectivement « La Fnac reste en centre-ville : un engagement confirmé par la Ville de Strasbourg » et « Strasbourg : la mairie confirme le maintien de la Fnac dans le centre-ville ».
BFM Alsace va ensuite plus loin, organisant un intéressant débat de 12 minutes sur sa chaîne sur l’avenir du centre-ville strasbourgeois en général, invitant Joël Steffen, Gwenn Bauer [président des Vitrines de Strasbourg, ndlr] et Pierre Jakubowicz, de l’opposition, à discuter du sujet.
Finalement, ce sont les DNA qui seront les plus prudents dans les annonces de la municipalité. Le média local, qui s’était permis un format Désinfox sur le potentiel départ de la Fnac de la Maison Rouge, titre « L’adjoint Joël Steffen considère que la Fnac va rester au centre-ville ». Tout de suite plus de distance, et un verbe moins certain et affirmatif. Parce que finalement, comme les discussions sont entre acteurs privés, difficile de savoir ce qui est sûr.
La Fnac reste au centre-ville… mais peut-être pas dans la Maison Rouge
Par sa communication affirmée, la Ville de Strasbourg s’engage ainsi à ce que la Fnac reste au centre-ville de Strasbourg. Une bonne nouvelle pour le commerce strasbourgeois de l’hyper-centre, durement frappé par la transformation des habitudes de consommation, mais également par les loyers pratiqués par les propriétaires. Comme évoqué plus haut, il reste à espérer que ce qui avait été promis il y a trois ans reste d’actualité.
Néanmoins, et cela n’a pas été évoqué ni par la Ville, ni par les différents articles sur le sujet, voir la Fnac rester au centre-ville ne veut pas dire que l’enseigne restera dans son établissement historique de la Maison Rouge. Son propriétaire nous confiait que la décision serait connue avant décembre. Contacté à nouveau pour réagir aux propos de la Ville de Strasbourg, il n’a pas donné suite.
Quoi qu’il en soit, l’avenir de la Fnac et celui du centre-ville n’ont pas fini d’occuper les débats publics. Et alors que le tram Nord occupera une bonne partie de la campagne des municipales, il y a fort à parier que le sujet du dynamisme du centre-ville (avec la vacance commerciale) soit l’une des lignes directrices des futurs débats politiques.
