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Guérir grâce aux chevaux : en pleine guerre, une asso strasbourgeoise aide les enfants d’Ukraine

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Trois ans après l’invasion russe en février 2022, les conséquences de la guerre pèsent lourdement sur l’état psychologique des enfants ukrainien(ne)s. Près de la ville de Kharkiv, située dans l’est de l’Ukraine, une association strasbourgeoise a ouvert un programme d’équithérapie à destination des plus jeunes. Des chevaux pour soigner les maux, c’est le projet plein de douceur porté par Paul, Lilia et Anna.

En Ukraine, un(e) enfant sur cinq a perdu un parent ou un(e) ami(e) au cours de ces trois dernières années, d’après l’enquête publiée par l’UNICEF ce 21 février 2025. En parallèle, 1 600 établissements d’enseignement ont été endommagés ou détruits. 

Perte de proches, bombardements constants, cours en ligne, retards d’apprentissage et surtout, isolement, le contexte de la guerre a de lourdes conséquences sur le développement des enfants ukrainien(ne)s. L’état de la santé mentale des plus jeunes est particulièrement préoccupant. C’est dans ce quotidien, fait de stress et de désespoir, qu’une petite association strasbourgeoise tente d’apporter du réconfort aux enfants grâce à l’équithérapie.

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équithérapie ukraine
© Dignitas Ukraine / Document remis

Engagé sur le terrain depuis l’invasion de l’armée russe en février 2022, Paul Vazeux a créé l’association Dignitas Ukraine (qui a récemment ouvert son antenne locale Dignitas Alsace), qui porte aujourd’hui le programme « Horse4health » en collaboration avec l’association Safe. Pour mener à bien ce projet, l’humanitaire strasbourgeois a choisi de faire équipe avec Lilia Bukhalova, qui, après deux ans passés à Strasbourg en tant que réfugiée, est retournée vivre à Kharkiv, sa ville natale. Mais aussi avec Anna Nikolenko, une équithérapeute qui gère le centre équestre Active Stable Paradise, situé dans le petit village de Korotych, en Ukraine. 

À l’époque où Paul et Lilia rencontrent Anna, à l’été 2023, l’équithérapeute propose déjà des séances d’équithérapie aux vétérans de la guerre. C’est là que germe l’idée d’ouvrir ces séances aux enfants et aux mères ayant subi des traumatismes de guerre. Le projet se concrétise un an plus tard, et le trio lance officiellement les premières séances en septembre 2024.

200 enfants bénéficiaires depuis le lancement

Depuis le lancement du projet, plus de 200 enfants ont pu participer à une séance collective d’équithérapie. Sur place, ils et elles sont orienté(e)s via des associations locales ou des travailleurs/ses sociaux/les qui sont en contact régulier avec les familles de la région. Mais Lilia organise également des séances avec les enfants du foyer au sein duquel elle travaille en tant qu’éducatrice spécialisée. « Ce sont des enfants placés qui, en plus de la guerre, ont vécu des violences intrafamiliales », précise-t-elle. 

« À cet âge-là de la vie, on est vulnérable. Dans ce contexte de guerre, on sent que ces enfants sont à la fois dans une forme de déni, et dans la résilience, surtout quand on les voit sourire, mais ça les affecte réellement », explique Paul.

Le centre équestre compte une vingtaine de chevaux et Anna est épaulée par deux étudiantes psychologues et deux moniteurs équestres. Les séances collectives accueillent jusqu’à 15 enfants qui ont entre 6 et 18 ans, accompagné(e)s ou non des mères, et sont entièrement gratuites. L’association prend en charge l’accueil, le foin pour les chevaux, le goûter collectif et les services des professionnel(le)s présent(e)s sur place.

Tout au long de la journée, les enfants sont invité(e)s à nouer un contact avec le cheval, d’abord en le caressant, puis en le nourrissant. Ensuite, chacun(e) passe un petit moment en tête-à-tête avec l’animal. « Il y a tout un travail d’apprivoisement. L’idée, c’est d’y aller étape par étape », indique Paul. Puis, chaque enfant est invité(e) à brosser un cheval avant de se balader à ses côtés en tenant la longe. Le tout, avec les explications bienveillantes d’Anna, pour apprendre à se comporter avec cet animal sensible. Pour terminer, les enfants peuvent aussi monter leur cheval, s’ils/elles le souhaitent.

équithérapie ukraine
© Dignitas Ukraine / Document remis

« Les chevaux sont de très bons psychologues »

L’équithérapie s’inscrit dans une démarche de soin où le cheval endosse le rôle de médiateur thérapeutique. Ces séances aident à réduire des symptômes psychopathologiques, et procurent un sentiment de bien-être et de confort. « Le cheval a vraiment une vertu thérapeutique », indique Paul. « En Ukraine, les bombardements sont constants, les écoles sont fermées à cause de la guerre, il n’y a que les cours en ligne et on sent qu’il y a des effets psychosociaux délétères. Donc ce contact au réel est important, il va apporter un apaisement, un support émotionnel. » 

Pour Lilia aussi, les bienfaits des chevaux sur les enfants sont indéniables : « Dans notre foyer, beaucoup d’enfants ont des troubles du comportement. Des fois, il y a des problèmes difficiles à résoudre, pour lesquels on ne trouve pas de solution, même nous en tant que professionnels, et pourtant les chevaux peuvent y parvenir. » D’après elle, chez certain(e)s enfants, ce contact avec l’animal peut même s’avérer plus efficace qu’une séance avec un(e) psychologue : « Quand il va chez le psychologue, l’enfant sait qu’il va travailler et parler de ses problèmes, alors qu’avec le cheval, ça se passe de manière très naturelle, il n’est pas conscient que c’est pour l’aider. En fait, les chevaux sont de très bons psychologues, mais les enfants ne le savent pas. Et c’est ça qui est précieux. »

Après une journée au centre équestre, les enfants sont souvent plus paisibles et sont plus « stables » psychologiquement parlant : « Les chevaux les aident vraiment à s’ouvrir, c’est très touchant. » L’éducatrice spécialisée prend notamment l’exemple d’un garçon de 11 ans avec lequel elle peine à communiquer dans le foyer où elle travaille. « C’est avec lui que j’ai le plus de difficultés, il est fermé, il n’est pas respectueux, il a beaucoup de problèmes à l’école, il crie sur les institutrices. Quand on lui demande quelque chose, il dit systématiquement non. » 

Mais avec les chevaux, Lilia explique avoir découvert une tout autre facette de sa personnalité : « Avec les animaux et les chevaux, il est très bon. Il en prend vraiment soin, il sourit comme si c’était ses amis, il s’adoucit. Je vois tout de suite qu’il s’ouvre et il devient très tendre et doux avec les autres enfants, avec moi et les autres éducateurs. C’est vraiment un changement qu’on peut voir à la fois dans ses paroles, ses gestes et son comportement. Et ça se passe spontanément, ça ne lui demande pas d’effort. »

équithérapie ukraine
© Dignitas Ukraine / Document remis

Une cagnotte pour lancer des séances individuelles

Si Paul reconnaît que ces séances collectives ne suffisent pas à guérir du stress post-traumatique, il estime qu’elles apportent, à minima, un peu d’apaisement. Mais surtout, des souvenirs : « Quand ils penseront à leur enfance, au milieu de la guerre et de cette période sombre, ils pourront se raccrocher à une image, à un souvenir positif. C’est ça qui est important, capitaliser sur des bons souvenirs qu’ils garderont toute leur vie. Leur offrir des petites oasis, où ils peuvent connaître autre chose que la guerre et les bombardements, et ça vaut tout l’or du monde. »

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© Dignitas Ukraine / Document remis

Dans un futur proche, l’équipe compte proposer des séances individuelles afin d’offrir un suivi plus régulier à certain(e)s enfants et leur mère, qui souffrent de stress post-traumatique. « Là, ça pourra vraiment changer leur vie », assure Paul. Pour soutenir le projet et aider l’équipe à lancer ce nouveau format de séances, une cagnotte a été ouverte sur le site HelloAsso.

Dans le foyer de Lilia, la plupart des mères de famille ont été abandonnées et ont passé leur enfance en orphelinat. « Au foyer, on a l’habitude de dire qu’on ne peut plus vraiment changer les mamans, qui ont eu un vécu très difficile, mais qu’on peut encore aider les enfants et leur offrir un futur meilleur. »

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© Dignitas Ukraine / Document remis

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