Alors que de nombreux projets se lancent à Schiltigheim, la réhabilitation des friches de la brasserie Schützenberger est l’un des plus ambitieux. Spa à la bière, offre hôtelière, commerces, restauration et logements : les idées ne manquent pas pour faire revivre ces 2,7 hectares inutilisés depuis bien trop longtemps.
Géant endormi depuis 18 ans, la brasserie Schützenberger n’a jamais été aussi proche de se réveiller. Créée en 1740 à la Krutenau sous le nom de Brasserie Royale, elle s’est, un siècle plus tard, implantée à Schiltigheim, avec notamment le creusement de caves glaciaires permettant la fermentation basse – technique spécifique dédiée à la production de bière. Entre-temps, elle change de nom après la Révolution, devenant la Grande brasserie de la Patrie.
Mais 266 ans après sa naissance, le site de la brasserie Schützenberger a dû fermer ses portes après sa liquidation judiciaire. Deux ans plus tard, en 2008, il fait également l’objet d’une inscription au titre des Monuments historiques, mais depuis, il est devenu une nouvelle friche industrielle témoignant du passé de Schiltigheim. Aujourd’hui, néanmoins, un projet ambitieux de transformation se trame.

Spa à la bière, hôtel 3 étoiles et environ 150 logements : la brasserie Schützenberger se réveille
Pour réveiller un géant endormi depuis 18 ans, il faut mettre le paquet. Ainsi, pour faire revivre ces 2,7 hectares, Schiltigheim et le groupe Benarroch et Oussadon, propriétaire du site, ont convenu de deux projets distincts :
- Sur 60% de la surface, un pôle artisanal, avec une offre hôtelière 3 étoiles, un spa (dont un à la bière), mais également des espaces dédiés aux commerces et à la restauration. Il pourrait également y avoir des artisan(e)s autour de l’économie sociale et solidaire, qui s’implanteraient dans des anciens locaux – avec des loyers peu élevés.
- Pour équilibrer financièrement le projet, des logements dans une partie du lieu où rien n’est inscrit au titre des Monuments historiques, au nord-ouest de Schiltigheim. Pour l’instant, 150 logements sont envisagés.

Cette transformation de la brasserie Schützenberger répond à plusieurs enjeux, comme la protection du patrimoine de Schiltigheim, ou encore la volonté de permettre aux habitant(e)s d’enfin pouvoir traverser le site. Le projet compte également faire la part belle aux espaces verts, la brasserie étant située en face du parc du Château, en développant également les solutions pour se déplacer à pied ou à vélo.
Enfin, de manière plus intéressante, avec ses logements, le projet rappelle le besoin de « construire la ville sur la ville ». Autrement dit : construire des logements oui, mais en exploitant des espaces déjà artificialisés, pour ne pas avoir à détruire des sols. Une problématique que connaît également Strasbourg, qui mène avec l’Eurométropole les gros projets Heppner et Stellantis, où il y aura une partie dédiée aux logements.

Des logements qui font débat en conseil municipal
Le sujet de la transformation de la brasserie Schützenberger est revenu deux fois dans l’arène municipale schilikoise : une fois le 24 septembre et une autre le 4 février dernier. Pour la première, si tout le conseil municipal s’est accordé sur la très bonne nouvelle que représentait ce projet, plusieurs membres de l’opposition ont tiqué sur la partie logements, « nécessaire pour réaliser le projet » selon Danielle Dambach, maire de la commune.
Dera Ratsiajetsinimaro (LR) s’interroge alors sur la proportion de logements sur le site, mettant en cause le fait que Schiltigheim est déjà la ville la plus dense de l’Eurométropole, avec plus de 4 300 habitant(e)s au km2. Ainsi, il accuse la municipalité de « bétonniser de nouveau [la] Ville à outrance », critique souvent faite par l’opposition municipale strasbourgeoise à chaque projet immobilier écologiste. Inquiétude partagée par Françoise Klein, du même groupe d’opposition.

La mention de « bétonisation » a fait réagir Antoine Splet, du groupe communiste : « Je regrette qu’on reste bloqué, figé, avec ce mot plombant de « bétonisation ». » À la place, le conseiller municipal délégué souhaite un débat de fond sur la proportion de logements acceptables dans une ville, pour déterminer la marche à suivre pour mettre d’un côté des logements et de l’autre des espaces verts pour respirer. Un débat qui reviendra à coup sûr dans les discussions, et particulièrement à l’approche des municipales.
Le 4 février dernier, le débat a été moins animé, mais a permis à Hélène Hollederer (opposition) de fustiger un projet encore « très flou », avec « très peu de choses écrites ». D’autres membres de l’opposition regrettent qu’il n’y ait « pas de logements sociaux compris dans le projet ». À ce sujet, Danielle Dambach répond que la question est à l’étude avec le propriétaire, et qu’il faudra « voir comment ça pourra se faire ».

Les prochaines échéances
Car, comme pour Heppner ou Stellantis, le projet de transformation de la brasserie Schützenberger en est encore aux prémices, comme le rappelle Patrick Maciejewski, 1er adjoint : « À ce stade, on enregistre les contributions des habitants, mais ce n’est pas encore le projet définitif. Mais il faut y aller, donc on y va, ensemble. »

Sur ce chantier, l’heure est désormais à la déclaration de projet qui sera abordée à l’Eurométropole lors d’un prochain conseil. Après les vérifications et réglementations d’usage, le projet devrait aboutir à une enquête publique en juin, avec des retours de la commission d’enquête en septembre.
Si tout se passe bien, les autorisations d’urbanisme nécessaires devraient être délivrées avant la fin du mandat.

Note de l’auteur : le 24 février, soit deux semaines après la publication de cet article, fondé sur le verbatim de la maire de Schilitgheim, la Direction de l’aménagement et du développement urbain durable de la Ville de Schiltigheim a fait savoir que certaines des informations données lors de cet interview étaient erronées. Elles ont été modifiées en conséquence.
Encore et encore des cages à lapin en béton?
1740 ??
La fondation de la première brasserie remonte sans doute à 1715. Elle est exploitée par jean-Georges Melchior-Klein.
1766 la veuve Klein-Bilckelhaub en devient la propriétaire.
Elle épouse Jean-Daniel Schutzenberger le 20 mai 1766.
Voilà comment commence la saga des brasseurs Schutzenberger.