Chaque jour, entre 5.500 et 7.000 Strasbourgeois(es) prennent le tram pour se rendre à Kehl. Souvent, ces personnes ne vont pas plus loin que la gare et repartent rapidement en sens inverse, les bras chargés de courses. Petite expérience de pensée : et si Strasbourg n’existait pas, à quoi ressemblerait notre ville voisine ?
Les villes frontalières sont fascinantes, on est déjà dans un autre pays, mais quand même un peu chez nous. Tout semble être là pour satisfaire une population qui joue quotidiennement à saute-frontière pour des clopes, de l’essence ou des courses.
Les postes de douane ont disparu et les quartiers entiers dédiés au tabagisme sont, aujourd’hui, le signe le plus visible du passage d’une frontière que l’on ne voit plus. Ces villes en disent plus sur nous que sur le pays dont elles dépendent administrativement.
Clopes, essence et clubs : à part pour ça, connaissez-vous vraiment Kehl ?
Kehl n’échappe pas à la règle. Dans l’esprit des Strasbourgeois(es), c’est une extension de la ville au-delà du Rhin. Une immense zone commerciale où l’on trouve, à des prix avantageux, tout ce qui coûte cher chez nous. La coopération transfrontalière ? Du PQ et des cigarettes.
Les plus ancien(ne)s se souviennent du temps où Kehl était un village au bord du Rhin, mais on peine aujourd’hui à imaginer des champs, à la place des tabacs et des stations-services.
Maintenant, imaginons un instant que Strasbourg n’existe pas, Kehl semblerait bien vide et étrange. C’est ce qu’on vous propose à travers cette petite déambulation photographique chez nos voisin(e)s.
L’occasion de regarder différemment cette ville qu’on connait bien, avec ses forêts de panneaux publicitaires, ses tabacs, ses grandes avenues… Mais aussi découvrir le Kehl des 38.000 Kehlois et Kehloises, celui qu’on ne prend, d’habitude, pas le temps de regarder.
En fait, c’était même la banlieue de Strasbourg… à l’époque allemande bien sûr.
Regardez une carte de la métropole, il est clair que le développement urbain est asymétrique et appelle une banlieue au-delà du Rhin, comme le serait Nanterre ou Boulogne pour Paris… il faudrait seulement davantage de liaison que ce tram D surchargé le samedi (un plongement de la F au Port du Rhin ? un tunnel sous-fluvial ?) …et une vraie politique linguistique, naturellement.