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Bars, clubs, collectifs…Quelle vi(ll)e nocturne pour Strasbourg à la rentrée 2019 ?

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Voilà dix ans que je sévis comme Batman à Gotham, la nuit tombée dans les rues strasbourgeoises. J’ai fait mes armes dans les bars étudiants miteux, bu plus de shots que j’en étais capable, dansé sur des dance floor désormais disparus de l’autre côté du Rhin et claqué mon regretté  Livret A dans des magnums de vodka alors que j’étais déjà trop ivre pour y toucher.

Puis les années passent, on s’affine, on se précise, et sans qu’on s’en aperçoive vraiment, on devient exigeant. C’est tout notre rapport à la nuit qui évolue. On cherche une musique spécifique, une atmosphère singulière, un environnement qui nous ressemble. L’obscurité et la techno industrielle pour certains, les open air et la disco pour d’autres. 

Vie nocturne en perpétuelle mutation, Strasbourg fait une nouvelle fois sa rentrée avec son lot de nouveautés, et pour nous, son lot de questionnements. Dans une époque qui appartient au passé, la ville a transpiré dans des salles de concerts rock plus underground que l’underground lui même. Nos parents ont dansé dans des clubs mythiques sur les grands tubes des années 80, alors que dans les années 2000 c’est une scène électro fraiche et dynamique qui s’installait en ville.

Mais voilà, nous sommes en 2019, le légendaire Mudd a fermé ses portes, le Rafiot Club a tiré sa révérence, il n’y a toujours pas l’ombre d’un club de jazz en ville, alors naturellement on peut se sentir un peu démunis, nous, oiseaux de nuit. 

J’ai ainsi souhaité rédiger cet article, pour t’aider à comprendre la vie nocturne strasbourgeoise, les contours de son dessin, ses couleurs et ses textures. Il ne s’agit ni d’un guide, ni d’un agenda, et je n’y parlerai surement pas de ton Club préféré. Prends ça comme une plan éloigné du paysage noctambule de ta ville préférée !

Strasbourg, la nuit, l’ennui ? 

Ces dernières années, la vie nocturne strasbourgeoise a vécu une véritable mutation, levant aujourd’hui le voile sur un paysage inédit, aussi riche que difficile à déchiffrer. Nos clubs et bars favoris ferment au compte goutte, nous laissant parfois une désagréable sensation de vide, et donc d’ennui. Seulement si l’on cherche un peu plus loin que le fond de son verre, on réalise que pour chaque établissement de nuit qui ferme, il y en a un qui ouvre. Pas dans le même quartier, pas du même style, mais tout de même.

Parmi les petits gros nouveaux, on peut citer le KALT qui a ouvert ses portes en 2018, Plaine des Bouchers. Avec une main room qui compte pas moins de 300m2 et une programmation aussi précise que puissante, ce véritable bijou acoustique qui fédère chaque samedi des centaines de danseurs est une véritable aubaine pour les technophiles strasbourgeois.

Dans un tout autre style, on notera l’ouverture de l’immense Brasserie Le Tigre et de ses bières brassées sur place, le Café des Sports et ses dizaines de vins nature, le Barbarian, ou encore l’Etabli… pour ne citer qu’eux.

La main room du KALT
La brasserie Tigre

Puis à trop pleurer les disparus, on en vient presque à oublier ceux qui restent en place. Si quelques grands groupes d’affaire se partagent, il est vrai, une part considérable du « night game » strasbourgeois, il subsiste bon nombre d’établissements indépendants bien en place, et bien vivants. On pourrait citer l’Abattoir, sa délicieuse terrasse et son heure -vraiment- joyeuse. La Kulture, et sa prog électro underground qui sévit depuis trois ans rue des Bateliers. Le Code Bar, son ambiance feutrée et ses cocktails réputés. Des bars à jeux, des bars cachés, des bars à cocktails, des bars à vins. Non, Strasbourg la nuit, c’est vraiment tout sauf l’ennui.

Les amoureux de la musique ne sont pas en reste non plus, pouvant compter sur l’indéfectible Laiterie et son excellent agenda, éclectique et efficace. L’Espace Django, le Molodoï et leurs propositions alternatives, et le Zenith bien entendu, même si sa taille n’a d’égal que la déficience de sa programmation. 

Le centre ville ne danse plus

Si l’offre en matière de bars est belle et bien riche et grandissante aux abords du centre ville, c’est une toute autre affaire pour les clubs. Même en mettant du coeur à l’ouvrage, j’ai du mal à compter le nombre d’établissements qui ont mis la clé sous la porte dans Strasbourg intra muros ces dernières années. 

Si l’on passe outre les clubs « généralistes », on constate une quasi disparition des clubs avec une véritable programmation musicale. Plus de club rock, un seul club électro, sans parler de reggae ou de jazz…de la Krutenau à Homme de Fer ou d’Homme de Fer à la petite France, il vaut mieux aimer le pèle-mêle musical et les soirées étudiantes pour espérer pouvoir trouver son compte sur une piste de danse

Si pendant longtemps, c’est à la Krutenau que se déployait l’essentiel de la vie nocturne à Strasbourg, ce n’est plus aussi vrai aujourd’hui. En effet, l’essentielle de la scène électro, rock ou rap évolue bel est bien en bordure de la ville. J’évoquais le  KALT plus haut, mais c’est le cas aussi du Studio  Saglio à la Meinau, du Molodoï et de La Laiterie au quartier Gare. 

Le petit dernier de ces lieux alternatifs, c’est le Stride Park, un warehouse  aux abords de Cronenbourg qui doit sa réussite à son ouverture. L’an passé, lors d’un article rédigé pour Trax Magazine, Laurent, le gérant du  lieu m’expliquait :

« Dès le départ, l’objectif était de répondre au constat que les associations ne trouvent plus d’espaces pour s’exprimer. Les lieux déjà en place, clubs ou bars imposent des contraintes financières que de jeunes collectifs ne peuvent pas assumer. Idem pour l’aménagement de l’espace qui est toujours très limité par les gérants. Ici, le lieu est entièrement modulable, c’est un espace vierge que les gens s’approprient. Ils l’aménagent comme ils le souhaitent, s’éclatent sur la scéno autant qu’ils le veulent. La seule chose à respecter c’est les normes de sécurité. On a reçu tous les styles de soirées, du classique à la psytrance en passant par le rap. La majeure partie du temps, si les assos font bien leur boulot, on est sold out. Mais ce que je leur propose, ce n’est pas uniquement une salle, c’est aussi un réseau. Si les mecs veulent un food truck dans la cour pour leur soirée, on peut s’arranger. En trois ans, on a déjà pu faire plein de travaux d’agrandissement et d’aménagement, investir dans la sono… C’est grâce à toutes ces assos qui nous ont fait confiance, on fonctionne vraiment sur du donnant-donnant. Le Stride, au final, c’est une porte ouverte à ceux qui ont trouvé des portes closes en sollicitant les clubs ou autres structures. C’est l’absence de contraintes, un encouragement à la créativité et un soutien à tous les collectifs, même les plus petits. À force de trop penser profit, on baisse la tête dans les finances et on oublie le côté humain et l’amour du métier. C’est ça que je défends. »

Pour moi, cette décentralisation de la vie nocturne n’est pas sans bons côtés, elle permet de faire vivre des quartiers parfois en mal d’animation, de nous surprendre et de nous sortir de nos habitudes. Il y a quelques chose d’un peu symbolique dans la démarche de se déplacer pour se rendre à une teuf, il y a un trajet aller, un trajet retour, ça fait partie du jeu. Des établissements comme le Stride ne pourraient pas exister au centre ville, pour des raisons évidentes de logistique et d’espace. 

Pour autant, les seuls clubs que l’on retrouve dans l’hyper centre n’ont aucune programmation musicale si ce n’est le contenu de la clé USB d’un étudiant payé au rabais pour « jouer au DJ », et c’est bien regrettable qu’on y trouve pas un club de jazz, de rock ou une petite salle de concert indépendante.


L’offensive des collectifs

On est jamais mieux servit que par sois même, les strasbourgeois l’ont bien saisis. Depuis aussi longtemps que je hante les dance floor, Strasbourg jouit d’une offre alternative riche, orchestrée par les collectifs et associations qui se mobilisent pour construire la nuit qui leur ressemble et leur correspond. Tirant intelligemment profit d’un droit local privilégié, les associations s’activent avec un dynamisme et un engouement à toute épreuve. 

Tournées vers les nouvelles technologies, spécialisées dans la scénographie, dans les musiques électroniques ou le pera, toutes ont leurs spécialités et revendiquent une identité propre. L’objectif n’est pas à la course au pognon, les groupuscules mettent un point d’honneur à l’esthétique, l’éthique et la pérennité de leur projet. Cette synergie unique donne ainsi lieu régulièrement à des soirées surprenantes et inédites où on en prend plein la vue… et plein les oreilles. 

Ces collectifs viennent alors compléter l’offre noctambule, et nous permettent de vivre de véritables expériences immersives et divertissantes. Il n’est plus question de se contenter de louer une salle et de booker un DJ, les intentions sont ailleurs, et ça, c’est à nous que sa profite !

Benjamin, aka Datis et son compère Perruche

Pour Benjamin Faure, du collectif Merci Beaucoup, il s’agissait d’un retour au fondamentaux de la culture de la fête :

« Quand on a monté Merci Beaucoup en 2015, la scène locale était plus garnie, il y avait plus de collectifs et plus d’établissements de nuit dans Strasbourg intra muros. On adorait les soirée électro qui existaient à cette époque, on en manquait pas une. Puis à un moment, on a eu l’impression que ce milieu qu’on affectionnait tant se prenait un peu trop au sérieux, comme si on oubliait les bases de cette culture. La fête au final, c’est du bon son, des belles personnes, du divertissement et des moments hors du temps…c’est tout !

Faire les choses sérieusement, mais sans se prendre au sérieux, c’était un peu ça notre philosophie. On voulait proposer quelque chose de plus ludique, bousculer un peu la norme et faire un truc qui nous faisait vibrer.  Mêler des installations artistiques avec la fête en y intégrant les nouvelles technologies, proposer quelque chose de chaleureux, une ambiance un peu indescriptible, intouchable, une énergie particulière. C’est après ça qu’on court !

Je suis le premier conscient de la chance qu’on a d’avoir des spots comme le KALT ou le Stride Park dans notre ville. Ça serait dommage néanmoins que la scène électro ne se retrouve cantonnée plus qu’a de gros bookings dans des salles avec des jauges à 500 personnes. C’est important selon moi qu’il subsiste des établissements à taille plus humaine, plus accessible, qui permettent le développement de soirées avec des formats différents. Heureusement que La Kulture et l’Elastic sont encore en place à la Krutenau et continuent de travailler avec les petits collectifs ». 

Une installation artistique de Merci Beaucoup au Longevity Festival 2018

Le Molodoï, structure autogérée unique en son genre est un bon exemple de mobilisation, mais surtout un model d’organisation collective admirable bien représentatif de la dynamique associative strasbourgeoise. Aujourd’hui, à l’image du fonctionnement adopté en 1997, Molodoï est constitué d’un Conseil d’administration qui sélectionne, coordonne et accompagne les associations dans l’organisation de leurs événements.

Lors des assemblées générales, les associations font tour à tour le bilan des événements passés, et font des propositions pour ceux à venir. Tout est passé en revue : fréquentation, public, bar, ambiance. En dernier point, l’association annonce le montant du don, part des recettes de sa soirée, qu’elle souhaite reverser à Molodoï. En effet, si la structure vit à un tiers sur les subventions de la municipalité, le reste de son budget de fonctionnement provient des dons que chaque association reverse à Molodoi à l’issue d’un évènement.

Cette organisation permet ainsi l’expression de tous sans distinction, donnant ainsi lieu à une programmation pluridisciplinaire unique. Si on retrouve, souvent, des soirées electro, des concerts, des festivals et des spectacles au Molodoï, il s’y déroule aussi des cours de théâtre, des projections de films, des débats ou même des cours de Yoga à prix libre. 

Les collectifs à Strasbourg c’est aussi des festivals de renom,  l’Ososphère, Longevity, Pelpass pour ne citer qu’eux sont immanquables pour quelconque oiseau de night qui se respecte.

L’Ososphère
Le Longevity Festival

Finalement, on aborde cette rentrée 2019 dans une dynamique nocturne plutôt intéressante. Quand rien ne bouge ou que tout disparait, c’est là qu’il faut s’inquiéter… et c’est loin d’être le cas à Strasbourg. 

Il est vrai que la nuit a beaucoup évolué ces deux dernières années, il s’est passé beaucoup de choses, à nous aussi d’apprendre à en tirer profit. A nous de bousculer nos habitudes, d’aller voir ce qu’il se passe là ou ne nous mettions jamais les pieds avant, de nous ouvrir à la nouveauté, de vivre des expériences. Un club comme le Mudd n’aurait jamais fermé ses portes s’il avait été bondé tous les soirs de la semaine, il ne faut pas l’oublier, la nuit c’est aussi nous qui la construisons..

Ta ville la nuit, brille, et te fera vibrer dés lors que tu la regarderas telle qu’elle est réellement ! 

A trés vite, sur un dance floor !


Photo de couverture : Cécilia Fagon

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Commentaires (1)

  1. Bonjour , je lis souvent vos commentaires, un scoop un nouveau bar( bistrot) plein de suprises à la Krutenau pour début novembre , La Grosse Bertha (ambiance Jules Verne).

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