Bienvenue sur le site de Pokaa.fr

Votre navigateur est obsolète.

Merci de le mettre à jour pour voir le site correctement

Mettre à jour

Recherche

Lance une recherche dans les articles ou vidéos parmi l’ensemble des publications de Pokaa.

Publicité

Strasbourg : Mon disquaire, ce dealer

1.1k Lectures
Publicité
Publicité

Il y’a des clichés qui perdurent. Sur les blondes, les flics, les demandeurs d’asile, les fonctionnaires et maintenant sur les passionnés de vinyles.

La légende urbaine dit qu’il s’agit de bobos étranges, misanthropes, portant de grosses lunettes carrées, un slim et de jolies bottines en simili cuir vintage achetées aux Galleries Lafayette pour la modique somme de 119 euros.

Des Hipster aux t-shirts « Mange un carnivore, sauve un animal », une casquette de routier noire et blanche ornée d’un loup, objet culte qui rendrait dingue n’importe quel fan de Jean-Claude Van Damme.

Des barbus nostalgiques portant des chemises à carreaux en laine et un bonnet dans une salle de concert où la température avoisine les 45 degrés.

Je ne porte pas de slim – Je n’ai pas de barbe – J’ai des amis (je crois) – Je suis fan de Chuck Norris.

Pourtant, moi aussi j’achète des vinyles. Seigneur athée, si tu existes, pardonne-moi d’être aussi faible et d’avoir céder à la tentation du mainstream mais c’est génétique, je n’y suis pour rien.

Mon père est responsable de cette malédiction. La faute aux années 70, à Pink Floyd, à cette musique du diable qui incitait les jeunes à la débauche, à porter de grosses moustaches, des chemises aux motifs psychédéliques et des pantalons patte d’eph.

Quel parent inflige ça à son enfant ? La chair de sa chair (même si j’ai toujours pensé avoir été adopté, vue la tête de mon daron), le futur roi, l’élu!

Manipulation musicale digne de l’Ordre du temple solaire. Un soir, je devais avoir 8 ans, papa Raël m’a montré un objet venu d’une autre galaxie. Une soucoupe spatiale noire rangée dans un carton carré rongé par le temps. Il a posé l’objet tournant non identifié sur un cercle magnétique. Une main guidée par le tout-puissant (un mélange entre Jim Carrey et Jim Morrison) est venue se poser sur la galette pour en extraire un toussotement à peine perceptible et l’orgasme sonore débuta.

« T’as déjà écouté ça ? Ça c’est la base. On ne fera plus jamais rien d’aussi bon. Tout ce qui va suivre musicalement dans les cinquante prochaines années sera juste pompé sur ces mecs. Je te préviens, si tu commences cette saloperie t’es foutu. Ta mère s’est barrée à cause de ça. Je consulte un psy pour soigner cette addiction mais rien n’y fait, je suis accroc et le pire c’est que c’est en vente libre ».

J’étais au bord du suicide, hypnotisé par le son cosmique de Wish you were here.

So, so you think you can tell,
Heaven from hell,
Blue skies from pain,
Can you tell a green field,
From a cold steel rail?
A smile from a veil?
Do you think you can tell?

Je n’ai jamais pu décrocher. Le vinyle, c’est l’héroïne du pauvre, un fix de son pour une vingtaine d’euros les 180 grammes.

Différentes variétés – Différents modèles – De l’import – De l’occase – Du neuf – Du troc.

Le shoot rapide et puissant d’un 45 tours ou la montée progressive d’un 33 tours.

Mon dealer, 33 and Co, ne se cache pas bien loin, au 49 Grand’Rue. Une belle vitrine façon coffee shop derrière laquelle se cache Jacques, le wikipédia du vinyle, capable de dénicher LA galette introuvable et d’en déterminer l’année de parution rien qu’en sentant l’odeur de la pochette. Paris a Antoine Decaunes et son dictionnaire du rock, Strasbourg a Jacques Busch et sa caverne d’Ali Baba. Ne lui demandez pas s’il a un lien de parenté avec Georges Bush, il risquerait de vous balancer une figurine de Kurt Cobain au visage.

✞ Kurt Cobain 20/02/67 – 05/04/1994. RIP .

Le 13 avril est un jour sacré, c’est le Disquaire day. C’est mon pèlerinage à la Mecque. Noël avant l’heure.

La journée mondiale consacrée aux vinyles très limités où nous, toxicos du son, nous retrouvons chez notre disquaire indépendant à jouer du coude dans les backs comme des gamins devant un paquet de billes précieuses. Si ça ne vous parle pas, imaginez la même journée pour un fumeur de weed qui aura l’occasion de goûter des variétés qui n’existaient pas auparavant.

La Deep Purple – La Rape Me – La Smoke on the water

Seuls les vrais savent ce que ça fait de choper une édition limitée de Blur ou la bande-son de Lost in Translation de Sofia Coppola.

Je mets des patchs de JuL pour faire saigner mes oreilles et ne plus foutre les pieds dans cette boutique envoûtante. Mon PEL y est passé l’année dernière avec les versions inédites de deux albums de Sigur Ros.Je suis interdit bancaire même chez Cofidis ce jour-là.

Cette année, j’ai demandé à ma mère de m’enfermer 48 heures avec un stock de boîtes de champignons de Paris, des clopes et une pile de magazines.

Il y’a de grandes chances que je fracasse la fenêtre pour me retrouver couché sur le canapé de mon meilleur pote, la platine qui tourne confortablement avec le son unique à Détroit Rock City de Kiss.

Bonjour “Sexe, drogue et rock n’roll”, au revoir “Youporn, vaporette et Zumba fitness”.

Chacun sa drogue comme dans Requiem for a dream. Moi c’est la musique. D’autres se shootent à Netflix, à Betclic ou au Picon-bière. Là où nous sommes égaux, c’est que nous sommes loin d’avoir la belle gueule de Jared Leto.

J’arpente les brocantes, un garrot sur l’oreille, le visage blanchâtre à la recherche d’objets improbables .Une édition ultra rare de 1973 de David Bowie, un double-album live des Who. Il me faut ma dose de poussière dans les narines, pour sentir la poussière d’étoiles dans les yeux.

Un jour, j’arrêterai tout ça. Ewan McGregor décroche bien dans Trainspoting. Ok, ils baisent ses potes et se barre avec le pognon mais j’en suis capable moi aussi. Une cure de Spotify matin, midi et soir, et j’en termine avec cette merde de microsillons à l’odeur envoûtante de Catwoman miaulant cambrée sur le toit de mon immeuble.

Ce qui m’inquiète le plus, c’est de savoir si je transmettrai ça à mes enfants. Il n’existe pas de dépistage de la mélomanie. Impossible de voir ça sur une échographie (une malformation de l’oreille interne peut-être?). A titre préventif, je diffuserai du Booba en boucle pendant la grossesse de sa mère.

“C’était pour le bien du petit que j’ai fait ça Madame le juge” que je dirai lorsque les services sociaux frapperont à ma porte pour crime contre l’humanité.

Avec un peu de chance, il collectionnera les bouchons en liège, les fèves ou les timbres, jusqu’au jour où il me posera la question fatidique:

« Papa, c’est quoi le truc rond qui tourne et qui fait de la musique dans le salon ?».


Le 13 avril 2019, à l’occasion du 9ème Disquaire Day, près de 230 références inédites, rares ou collectors seront vendues exclusivement chez plus de 200 disquaires indépendants participant à l’évènement dans 90 villes de France. Pour tout savoir sur les références de l’édition 2019, sur les disquaires indépendants, ainsi que sur les évènements organisés en journée dans leurs boutiques (showcases, DJ sets, dédicaces, expositions, marchés des labels, etc.), ou bien encore sur les Disquaire Day Nights (concerts de clôture), cliquez ci-dessous ou rendez-vous dans les onglets références & points de vente !

>> PLUS D’INFO SUR LE DISQUAIRE DAY <<


Mr Zag

Mr Zag a une voisine, un chat, des collègues, un job, il aime Lynch, Radiohead et Winshluss. Mr Zag a un Pinocchio tatoué sur le bras, quelques gribouilles en islandais, il ouvre les yeux et décrit le monde avec une vision bien à lui.

> Découvrir ses textes <

Ça pourrait vous intéresser

+ d'articles "Strasbourg"

À la une

Strasbourg : Mon disquaire, ce dealer

Aucun commentaire pour l'instant!

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Répondre

En réponse à :

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Illustrations prolonger la lecture

Prolongez votre lecture autour de ce sujet

Tous les articles “Strasbourg”
Contactez-nous

Contactez-nous

C’est par ici !