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« 708 », le duo de photographes strasbourgeois qui érotise le 67

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“C’est plus le blog d’une naturiste qu’autre chose…” Depuis environ un an, Jelena Volkov et Jérôme Wehrle développent ensemble “708”, un projet photographique en forme d’exploration érotique qui interroge le rapport au corps et à la sexualité dans notre société ultra-normée… Loin d’être pornographique, leur travail fait de l’intimité une oeuvre d’art plus qu’un objet masturbatoire, et porte un propos à la fois honnête et irréel, intense et délicat, fier et comique : à l’image d’une relation amoureuse. Rencontre avec deux artistes locaux merveilleusement radicaux.

Elle était modèle, il était responsable d’unité commerciale, chacun avait une pratique de la photographie en marge de son activité et ensemble, ils l’ont affirmée. Eux, c’est Jelena Volkov et Jérôme Wehrle et ensemble, ils sont 708, une aventure photographique qui permet à l’ancien modèle auparavant soumise au désir des photographes de contrôler la machine, et à l’inverse, à l’ex-manager un brin obsessionnel de lâcher prise. Ensemble, on parle de leurs parcours respectifs, de leur choix de vie commun et de leur appréhension décomplexée des critiques.

***

CONTENU EXPLICITE : âmes sensibles à la nudité s’abstenir.

***

  • Avant 708 : Jelena Volkov

Même si elle a passé des années devant, il n’est pas étonnant que Jelena se soit replacée derrière l’appareil : c’est en fait là qu’elle a commencé. Avec humour, elle se remémore ses années lycée, dont elle immortalisait les soirées avec un vieux boîtier… “Et puis mes parents ont vendu mon appareil pour être sûrs que je fasse des études, avec le succès que l’on connaît ! [rires]” Dès sa majorité en effet, la jeune biélorusse signe avec une agence de mannequinat et devient modèle photo, une activité dont elle vivra un peu plus de cinq ans… Avant de réaliser son insatisfaction. “J’étais très critique des projets auxquels je participais : je me permettais d’avoir un avis, de discuter, de faire des propositions… Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce n’était pas attendu.” Sois belle et tais-toi. Frustrée, Jelena commence par réaliser les images qu’elle aimerait voir d’elle avec son smartphone et les partage sur Instagram, avant d’investir 10€ dans un moyen-format russe déniché sur eBay. Les images qu’elle crée avec ce Lubitel depuis trois ans, par contre, elle ne les partage que depuis un an… Et sa rencontre avec Jérôme. “Je pense que j’avais peur de la critique qu’on fait aux modèles qui deviennent photographes, on diminue leur travail qu’on qualifie de lubie… Pour moi c’est un développement logique de devenir productrice de mon propre contenu dans un monde unilatéral, un monde d’hommes.”

  • Avant 708 : Jérôme Wehrle

Jérôme, lui, s’est toujours rêvé derrière l’appareil. Enfant, il salive longuement devant la “grosse mallette pleine d’appareils” de son père photographe amateur : “C’était précieux et fragile, c’était l’objet interdit ! Donc ça m’attirait énormément.” C’est ainsi sans surprise que durant ses études en communication Jérôme s’achète son propre boîtier avec la paye de sa première alternance. Avec ce boîtier, il réalise sa première série, qu’il expose par la suite dans un petit lieu. Et puis Jérôme se met à travailler, et se trouve comme tout le monde pris entre deux feux : “Au fur et à mesure que je prenais en responsabilités, j’avais de moins en moins de temps à consacrer à ma passion… Alors je ramenais des prestations photo à mon agence pour compenser, mais bon.” Mais bon ça ne suffit pas. Aussi, il y a un peu plus d’un an, Jérôme profite d’une impression d’avoir fait le tour de son travail pour se jeter à l’eau et se consacrer pleinement à la photo : “J’avais des petites économies, j’ai négocié une rupture conventionnelle et je me suis lancé.” Après une année de recherche il réalise une nouvelle série, qui reprend les codes visuels de la première mais témoigne d’une maturité nouvelle, produit de dix années d’expérience qui l’ont mis en confiance… Au point de contacter Jelena.

  • 708 : La rencontre de Jelena et Jérôme

C’était il y a un peu plus d’un an. Par l’intermédiaire d’une plateforme vouée à mettre en relation photographes et modèles professionnels, Jérôme contacte Jelena, qui trouve cet amateur drôlement culotté et accepte de poser pour lui. Jérôme se souvient : “Sur ce premier shoot, le brief habituel de 30 minutes a duré cinq heures !” Rapidement, ils posent beaucoup l’un pour l’autre, et à mesure que leur relation professionnelle se développe, une relation amoureuse naît… Jelena ayant une démarche photographique très quotidienne, Jérôme devient son premier modèle. Jérôme, lui, estime ne plus avoir besoin de solliciter d’autres modèles. “On a une telle alchimie qu’elle va proposer un truc parfait pour le cadre que j’ai posé.” Jelena rit : “C’est drôle parce que lui n’a pas le droit d’avoir un avis sur mes photos ! J’ai une idée très figée de ce que je veux.”

Mais très vite, en plus de nourrir leurs pratiques respectives, Jelena et Jérôme réalisent qu’ils sont en train d’écrire une nouvelle histoire ensemble. Jelena explique : “Certaines images suivaient le cours de mes autoportraits tout en me sortant de mon format habituel, plus proche de celui de Jérôme. C’était une vraie co-création, dont on ne montrait rien parce que ça ne collait pas parfaitement à mon travail, ni au sien. C’était autre chose…” Et c’est ainsi que s’impose petit à petit le projet 708, morceaux choisis d’un quotidien partagé entre deux photographes dont la vie est le terrain de jeu : “On n’a pas trop de limites ni de tabous, alors on prend des photos tout le temps et forcément, on teste des trucs. 708, c’est vraiment notre laboratoire, c’est une pratique commune très décomplexée qui nourrit nos travaux personnels.”

  • Un contenu explicite

Avec 708, le duo de créateurs propose une réflexion sur le corps et la sexualité sous un angle érotique plus que pornographique. Jelena explique : “À mes yeux, on a un sens de l’érotisme assez sobre. On ne me voit jamais viser l’objectif avec un regard lubrique par exemple. C’est un contenu explicite parce qu’il implique de la nudité mais franchement, c’est plus le blog d’une naturiste qu’autre chose… [rires]” Parce qu’ils sont conscients que la nudité n’est cependant pas pour tout le monde, Jelena et Jérôme publient une version censurée de leurs images sur leur compte Instagram public, la version originale est quant à elle publiée sur leur compte Tumblr privé (accessible sur inscription). Très loin de vouloir provoquer le grand public en prenant le tout-venant en traître avec leurs images, Jelena et Jérôme veillent à ce que leurs productions ne trouvent que ceux qui les cherchent. Quant à ceux qui critiquent malgré tout leur démarche : “Quand on parle de corps et de sexualité, on a tous notre avis… Du coup ça ne nous gêne pas plus que ça qu’on nous dise que c’est vulgaire ! Ce genre de réactions, ça en dit plus sur le rapport que ces gens-là ont avec leur propre corps et leur propre sexualité que sur nous en fait.”

  • Une philosophie du prix

Si Jelena et Jérôme tiennent à ce que leurs images soient vues par ceux qui le veulent, ils tiennent aussi à ce que “tous les amoureux d’art” fortunés ou non puissent acquérir une de leurs oeuvres, qu’ils éditent en séries limitées. Pour cela ils ont fixé le prix de leurs impressions à 100€, un prix bas pour une photographie. Ils vendent aussi des formats carte-postale pour les plus petites des petites bourses. Mais alors comment vivent-ils de cette aventure artistique ? “100€, ça nous laisse assez de marge sur ce que nous coûte l’impression, et puis on gagne suffisamment sur la vente de nos travaux perso. Ce projet-là, on veut qu’il reste libre de ce type de préoccupation.” 

Et alors, ça suffit ? Apparemment oui puisqu’actuellement, Jelena et Jérôme ont exposés l’été dernier dans une galerie praguoise tenue par deux strasbourgeois, Life is Ours, grâce à leurs ventes mais aussi à un crowdfunding très suivi. 708 reçoit par ailleurs des dons de son public grandissant via Allmecen, une plateforme qui permet de rétribuer les artistes plutôt que liker leurs contenus ; de façon générale, Jelena et Jérôme sont positivement surpris et profondément touchés : “C’est très émouvant de voir les gens s’identifier et participer à une démarche aussi personnelle que 708 !” 

Le duo continue à produire et laisse aller à penser à la suite : pêle-mêle ils évoquent l’envie d’un livre auto-édité de Polaroid “pour compenser la disparition de ces pièces uniques une fois vendues”, ou encore le désir d’une exposition à Strasbourg, “par exemple à l’occasion d’une expo collective d’artistes locaux qui bossent sur le corps, ce serait génial !”

708 :
septcenthuit.tumblr.com
instagram.com/septcenthuit
allmecen.com/septcenthuit

Jelena & Jérôme :
www.jelenavolkov.fr
 ; instagram.com/jelena.volkov
www.jwehrle.fr ; instagram.com/jerome.wehrle

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