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Marche des visibilités : on a papoté avec les Strasbourgeois(es) qui défilaient ce samedi

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Samedi 15 juin, plus de 15.000 personnes ont défilé dans les cortèges de la Marche des visibilités à Strasbourg. Une vague festive et colorée, émaillée de chars sonorisés et de messages politiques. Pour nombre de personnes interrogées, la Pride reste un moment singulier. Une manière « de s’affirmer au monde » en tant que personnes queers, de se soutenir entre pairs et de lutter pour leurs droits. Portraits.

Sur le parvis du Palais universitaire, Charly et Mélodie attendent le départ de leur première Marche des visibilités. Pour les deux participant(e)s âgé(e)s de 19 et 21 ans, la Pride est un moment « important ». « C’est essentiel d’avoir un endroit on l’on peut tous se rassembler, détaille Charly. Le reste du temps, on est comme on est, mais on ne doit pas se faire remarquer, nous, les personnes non-binaires, LGBT. Aujourd’hui, c’est important de dire qu’on est là. Ce n’est pas parce qu’on est une minorité qu’on n’a pas le droit à de la représentativité. On a le droit d’exister. »

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Pride Marche des fiertés Queer manifestation
Charly et Mélodie. © Adrien Labit / Pokaa

« Ici, je ne me sens pas jugée »

« Excusez-moi, mais… c’est pour quoi tout ça ? » Intrigué(e)s par notre matériel, Émilie et Angélo traversent la pelouse du Palais U pour venir à notre rencontre. Témoigner ? « Avec plaisir si ça peut aider ! » Du haut de ses 21 ans, Émilie en est à sa troisième Marche des visibilités. « C’est important parce qu’ici, je ne me sens pas jugée. Je me sens moi-même. C’est presque comme si j’étais une autre personne par rapport à celle du quotidien. »

Pride Marche des fiertés Queer manifestation
Émilie. © Adrien Labit / Pokaa

Dans la vie de tous les jours, « j’ai régulièrement des remarques de personnes biphobes qui m’expliquent que mon orientation sexuelle est contre-nature. Certains mêlent parfois la religion à leurs arguments. » « C’est le cas de mes grands-parents, rebondit Angelo, 16 ans, dont la non-binarité n’est pas toujours acceptée par son entourage. » Ici, les deux ami(e)s « peuvent rencontrer des gens avec qui s’entendre ».

« On ne sait pas s’il y aura une pride l’année prochaine »

Drapeau de la fierté transgenre noué autour du cou, Camille discute avec ses ami(e)s sur la pelouse du Palais U en gardant un œil sur la mise en place des chars. À 18 ans, la jeune femme participe à la Marche des visibilités pour la deuxième fois. « La première, c’était l’année dernière. C’était particulier, car c’était un mois après mon coming out trans. Dans le fait d’y aller, il y avait quelque chose de l’ordre du “Ça y est, c’est fait”. »

Pour Camille, cette seconde Pride a une connotation particulière cette année. Il s’agit « de montrer qu’on existe. Surtout cette année, avec l’extrême droite à deux doigts de passer. Il faut montrer qu’on ne lâchera pas l’affaire. » La jeune femme pense également aux offensives anti-trans ayant eu lieu au cours des derniers mois : sortie d’un brûlot transphobe encensé par l’extrême droite, adoption par le Sénat d’une proposition de loi interdisant la transition de genre pour les mineurs… « On est tous en flip. On ne sait pas quels seront les résultats dans deux semaines. Mais on se demande s’il y aura une Pride l’année prochaine. »

« Être queer, c’est être politique »

Sur nombre de pancartes, la Pride affiche un caractère politique. Pour Fabien, 39 ans, cela fait partie de l’essence même de l’événement. Particulièrement cette année, « où l’on pourrait se retrouver avec un gouvernement néo-fasciste, explique-t-il ».

« Historiquement, on sait que ces gouvernements sont extrêmement violents. S’ils arrivent au pouvoir dans trois semaines, des gens vont mourir. Des personnes vont se faire tabasser, subir des guets-apens homophobes comme ça a pu arriver encore récemment. »

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Fabien, 39 ans. © Adrien Labit / Pokaa

Le trentenaire s’inquiète pour l’avenir. « J’ai un fils et j’aimerais qu’il puisse transitionner ou faire son coming out s’il en ressent le besoin. Ce que moi, je n’ai pas pu faire avant tard dans la vie. » La première Pride de Fabien remonte à 2012, après qu’il a manifesté pour l’ouverture du mariage aux couples de même sexe.

« Il est important que la Pride reste un événement politique, insiste-t-il. Il y a un slogan féministe qui dit que l’intime est politique. Être queer, c’est être politique. Si nous refusons de prendre des positions politiques, il y aura des religieux, des bourgeois et des néonazis pour s’en occuper à notre place. »

Pour Fabien, la Pride est également « un moment de soutien réciproque ». « Les personnes cis se tiennent aux côtés des personnes trans. Il ne s’agit pas juste d’être visible vis-à-vis de l’extérieur, mais aussi de se voir les uns les autres. Et de se réaffirmer antifascistes. »

« C’est un combat pour la liberté et l’égalité »

Pantalons de cuir noir sur les hanches et casquettes à visière sur la tête, Éric et Cyril ne passent pas inaperçus au sein du cortège qui s’élance sur les quais. Ensemble depuis plus de 30 ans, les deux hommes ne comptent plus leurs Prides. « Ça a toujours été important pour nous. On a commencé à y aller dans les années 80, alors qu’une maladie nous décimait, explique Éric. C’était une autre époque. Tout était à faire ! »

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Éric et Cyril. © Adrien Labit / Pokaa

Le couple se souvient notamment du fait que l’homosexualité a cessé d’être considérée comme une maladie par l’OMS en 1990. « Il y a une génération qui a posé les fondations de la lutte LGBT et maintenant, on continue à acquérir des étages », se réjouit Cyril, pour qui les marches des visibilités sont aujourd’hui « plus inclusives ».

« Au début, on voyait surtout des gays et des lesbiennes. Aujourd’hui, on voit des personnes de toutes les orientations sexuelles et identités de genre. On voit aussi de plus en plus d’hétéros qui viennent nous soutenir. C’est important. Ce qui nous réunit tous ici, ce sont des valeurs humaines. »

Pour les deux hommes, la Pride de cette année est également particulière, du fait du climat politique. « Cette semaine, le fils d’un ancien cadre du RN a dit que dans trois semaines, il pourrait enfin “casser du PD”. C’est le vrai visage de l’extrême droite. C’est inquiétant. »

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Elisabeth. © Adrien Labit / Pokaa

Se retrouver

Pour d’autres marcheurs et marcheuses, la Pride est aussi un moment pour se retrouver. « Je viens d’un petit village en Alsace et j’ai très peu d’amis queers, explique Lisa, 27 ans. Ici, il y a des gens comme moi, détaille la jeune femme qui avoue être “rapidement montée dans la voiture” pour venir à Strasbourg, en se demandant si elle et ses amis allaient croiser sur la route des gens contre notre existence. »

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Lisa, 27 ans. © Adrien Labit / Pokaa

Pour elle et son amie Ariane, l’heure est aussi à la mobilisation « pour défendre ses droits ». « C’est rassurant de réaliser qu’on n’est pas toutes seules, se réjouit Ariane. C’est agréable d’être dans cette atmosphère de soutien. »

« Au quotidien, je fais attention »

Place d’Austerlitz, Laura et Stéphanie regardent passer le cortège en famille, avec Alex et son compagnon. La Pride ? « C’est le seul moment de l’année où on peut s’embrasser dans la rue, se réjouit Stéphanie. On est fière d’être là, d’être nous-mêmes. » Elle explique « faire attention » au quotidien depuis une agression homophobe il y a 10 ans, alors qu’elle sortait de voiture avec une amie.

Originaires du sud de l’Alsace, les deux femmes ont attendu d’être dans le train pour Strasbourg avant de revêtir des t-shirts aux couleurs du drapeau LGBT.

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La pride entre ami(e)s et en famille. © Adrien Labit / Pokaa

« Nouvelle dans le milieu », depuis trois ans, Laura a d’abord eu « une vie hétéro avec trois enfants ». « Ce n’était pas moi. » C’est aujourd’hui sa deuxième Pride. « Je me sens libre », explique celle qui se souvient de sa première Marche des visibilités comme d’un moment de fierté.

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Tania Show. © Adrien Labit / Pokaa

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