Ce mois-ci redémarre la onzième édition d’Ind’Hip-Hop, qui en 2024 change de format et propose des soirées tout au long de l’année. Un moment que nous attendons avec impatience pour s’en prendre plein les cages à miel et poncer les dancefloors strasbourgeois. À cette occasion, nous vous avons concocté une sélection de six artistes alsaciens à suivre de toute urgence !
Il y a quelques mois, on vous parlait des artistes alsaciennes du hip-hop à suivre absolument, et comme l’Alsace ne manque décidément pas de talents, on a voulu cette fois-ci mettre en avant la gent masculine !
Hiba
On ne présente plus le duo de frères strasbourgeois qui s’est fait connaître en 2020 avec son morceau Chief Keef. Hiba c’est un rap acidulé, atypique, rempli de toutes les couleurs. Une belle expérimentation musicale et visuelle.
Sans s’enfermer dans un style en particulier, Isma et Liam Bobare oscillent avec aisance entre des sonorités electro smooth qui coulent dans les oreilles, du funk bien dansant, des parties plus rap pur et dur, et du chant : « La musique, c’est une multitude de choix », comme le résumait bien Liam lors de son dernier passage dans P’tit kawa. L’idée, c’est de ne pas s’enfermer dans un cadre, mais de laisser la magie de la vie et des rencontres opérer.
HIBA : leur musique, les bonhommes de sapes, Chicken Run, les Reptiliens…
À l’aise dans tous les styles, les deux frères se baladent dans un monde pleins de possibilités, un endroit à habiter et habiller, à l’image des couvertures de leurs projets où on retrouve souvent le binôme en train d’évoluer dans un univers où tout est à faire.
Pour le printemps 2024, Hiba nous prépare un nouvel EP qui sera, à coup sûr, pas piqué des hannetons : « C’est la suite de notre EP Quasi Triste, qui s’appelle Presque Heureux […] c’est une autre teinte, une teinte beaucoup plus organique. »
Gloop
Après un premier projet commun en 2021 (la Gloop Tape), sur lequel on retrouvait des artistes majoritairement alsaciens comme feu le Zengang, Ugo Ayss le MC des soirées Hip-Hop From Elsass, ou encore Gintz issu de la formation Seamer, on nous glisse dans l’oreillette que la Gloop Tape 2 est en cours de préparation.
On retrouvera notamment les rappeurs de LEAK, mais aussi Peter Barn, un des acolytes de Gloop, qui a déjà collaboré avec des artistes de talent comme SMR. On a hâte de se baffrer avec ce projet qui s’annonce plein de guests de qualité et de sonorités entêtantes.
Rappeur, et surtout beatmaker, Gloop est une boule d’énergie positive. Insatiable dans la création, il ne cesse de toucher à tout, en recherche constante de nouvelles sonorités à assembler. Il ne vit que pour la musique, créateur frénétique de prod’ pour lui ou d’autres artistes, il entraîne tout le monde dans son univers par sa bonne humeur et ses pas de danse.
Pers
Après avoir écumé plusieurs scènes strasbourgeoises, du Molo au Blue Note, en passant par la Péniche Mécanique, Pers est un peu en retrait du monde de la musique. Il se fait discret, tout en imposant ses morceaux introspectifs, faisant la part belle à la solitude qui l’habite.
Attaché à l’importance du texte, l’artiste se livre complètement dans ses morceaux, et ne laisse planer aucun mystère sur ses doutes. De plus en plus perfectionniste et attaché à ses valeurs de sincérité, Pers subjugue à chaque fois par la beauté de ses clips poétiques, réalisés par Hilmi Ossor.
Une vraie réussite pour cet artiste qui a saisi l’importance de travailler son identité visuelle.
Pour les mois à venir, Pers prévoit à coup sûr de belles surprises ; il livrait ces quelques lignes à ses followers dans une story Instagram, il y a quelques jours : « J’aimerais trouver le meilleur moyen de vous partager tous ces états d’esprit par lesquels je suis passé avant de me remettre profondément en question sur l’avenir de ma musique, sur le message que je veux transmettre, et sur l’empreinte que je veux laisser ici-bas. »
Affaire à suivre de très près donc !
Axel Hakimi
Du haut de ses 25 ans, Axel Hakimi parle déjà de manière très posée de sa musique. Ce rappeur originaire de Colmar, s’exprime de manière décontractée, et laisse transparaître sa personnalité sincère, qu’on retrouve dans son rap.
Cela fait 10 ans que l’artiste baigne dans le milieu de la musique, mais bien plus longtemps qu’il écrit : « Je suis passé par pas mal de styles différents, mais là mon truc, en ce moment, c’est de poser sur des prods plus old school, boom bap, avec de l’autodérision. Pas pour me tourner en ridicule, mais plutôt pour assumer qui je suis. » Axel rêve de vivre de sa musique, comme beaucoup d’artistes, mais fait les choses dans l’ordre, avec beaucoup de maturité et de recul.
Pour lui, l’important, c’est de se construire une communauté solide, avec laquelle créer des liens avant de se lancer dans des projets plus concrets. En 2024, il a prévu de sortir une série de freetsyle cup, plus percutants les uns que les autres, et disponibles sur toutes les plateformes.
Shino
Guitariste de formation, posant sa voix avec aisance en plusieurs langues sur le son de ses cordes, Shino, 28 ans, a pris ses quartiers dans le rap en 2015. Une manière pour lui de sortir de sa zone de confort et de se challenger. Il raconte : « J’ai sorti peu de sons ces dernières années, car je me cherchais musicalement. Mais aujourd’hui, je pense que j’ai trouvé quelque chose qui me correspond. »
L’année à venir sera marquée par le saut dans le grand bain pour Shino, qui prévoit de sortir un EP.
Un projet dans lequel il prévoit de faire se rencontrer deux univers qui ont jalonné son histoire : le rock et le hip-hop, sans avoir à en choisir un au profit de l’autre : « J’ai décidé d’associer la guitare avec les nouvelles prods, et je me suis donc rapproché de beatmakers strasbourgeois, Honey et Guillaume, pour créer quelque chose de plus personnel […] afin d’allier mélancolie et sincérité. »
Le premier clip de Shino sortira courant du mois, restez connecté(e)s, on attend ce moment avec autant d’impatience que lui !
Chromy
Chromy, ce sont des textes incisifs et percutants, posés par une voix qui dénote une personnalité forte. L’artiste est discret dans le paysage du rap local, entretenant un certain mystère. À 30 ans, il raconte être tombé amoureux du rap à l’adolescence : « J’ai commencé le rap vers 13 ans. À cette époque il y avait Booba qui sortait des albums […] c’est là que j’ai découvert la Fonky Family et Don Choa. »
Depuis, il ne s’est plus arrêté. Entre les battles à Paris qu’il découvre sur internet, mais surtout les open-mics à Strasbourg, Chromy s’est connecté de manière sincère avec la scène locale. D’ailleurs, Gloop, dont nous vous parlions un peu plus haut, était à ses côtés dans la capitale lors de l’enregistrement de son premier projet, sorti en novembre 2023, La maison ne fait pas crédit.
Un projet aux allures sombres, de quelqu’un qui a des comptes à régler. Pour l’anecdote, avant de se mettre à travailler sérieusement sur son EP, Chromy avait déjà annoncé une date de sortie.
Une manière pour cet artiste méticuleux, d’aller à l’essentiel : « Y’a pas mal de rapports au temps dans le projet. Et le fait de se donner une date en ayant encore quasiment rien, ça m’a aidé à m’enlever la pression du perfectionnisme. »
