Les Chapeaux Noirs ont dessiné leur univers autour d’un jazz efficace et chaleureux, saupoudré de musiques électroniques, d’énergie et d’amour. Une volonté affirmée de créer une musique innovante, en perpétuel mouvement, et de toucher le cœur d’un public toujours plus large.
Après deux albums salués par la critique (Eponyme – 2011, Lost Opus – 2015) et deux EP (INK Extended Play – 2013, Blue Jungle – 2015), Les Chapeaux Noirs montent le niveau d’un cran avec cette nouvelle création.
Alma, le troisième album du groupe sous sa forme actuelle, sortait le 1er mars dernier. L’occasion pour moi d’aller à la découverte de ce groupe surprenant, en rencontrant le leader et fondateur du quatuor, Victor Gachet, pour en apprendre un peu plus sur ce nouveau projet.
Salut Victor, peux tu nous raconter quand et comment est ce que ça a commencé Les Chapeaux Noirs ?
On s’est rencontrés en animant des jam à l’ancien Pub Austerlitz (maintenant le Mito). C’était il y a quasiment 10 ans : le Piano Bar avait fermé ses portes quelques années plus tôt, et le Pub Austerlitz était le seul endroit où il y avait du jazz toutes les semaines. Un soir, de manière fortuite on est tous les 3 venus avec des chapeaux noirs. En fin de soirée, un peu éméchés on s’est dit « Venez les gars, on monte un groupe qui s’appelle Les Chapeaux Noirs », et depuis c’est resté. Après, au fil des années, le projet a évolué, aujourd’hui je suis le dernier membre fondateur actif du groupe. Les Chapeaux Noirs c’est quatre musiciens, Léonard Kretz (saxophones), Sébastien Valle (piano, claviers), Lionel Ehrart (basse, contrebasse) et moi à la batterie, au samples et aux effets.
A cette époque, tu pensais déjà que ça deviendrait ton métier à plein temps ?
En tout cas, c’était l’objectif. Quand j’ai monté ce projet, j’avais 20 ans, je faisais mes études au conservatoire de jazz de Nancy, j’avais pris conscience que je voulais vivre de ma passion. Pendant mes années au conservatoire, Les Chapeaux Noirs étaient un laboratoire, ça l’est encore maintenant d’ailleurs. Ça devait être un lieu où l’on pouvait mettre en pratique ce qu’on apprenait, mais aussi un lieu de découverte de soi, du travail en groupe et du monde professionnel. C’était une sorte d’enseignement parallèle à mes études. En 2016, deux ans après avoir eu mon diplôme DEM de jazz, j’ai intégré la plateforme Artefact de la Laiterie, en tant que musicien résident. C’est là que les Chapeaux Noirs ont commencé à se professionnaliser, que tout le monde est devenu intermittent et musicien professionnel, et qu’on a pu se consacrer à 100% à notre travail.
Comment définirais tu la musique que vous jouez ?
On joue une musique qui a longtemps été purement acoustique, et qui commence à s’ouvrir de plus en plus à d’autres horizons. On intègre notamment l’électronique à notre musique, creusant ainsi un sillon de plus en plus electro-jazz, déjà largement amorcé par d’autres avant nous et qui se situe vraiment dans la veine dans laquelle on se retrouve. Je n’aime pas vraiment catégoriser notre musique. Le jazz est par définition une musique très ouverte qui évolue constamment, et dans laquelle tout le monde peut se retrouver. C’est ce qu’on souhaite démontrer.
Vous passez beaucoup de temps à bouger pour vous produire sur scène ?
On est amené à pas mal bouger en effet, plus encore, on l’espère avec cet album qui nous permettra de rayonner à l’international, d’aller jouer aux États-Unis, en Europe de l’est ou au Canada. Au début, évidemment on a écumé tous les bars et les cafés concerts de Strasbourg et dans toute l’Alsace. Aujourd’hui on a fait plus de 200 concerts avec ce projet, des scènes jazz à Paris aussi, et à droite à gauche.
C’est qui, votre public ?
C’est un public très divers, parfois les gens ne savent même pas ce qu’ils vont entendre en venant au concert. On a la volonté de toucher un public qui n’écoute pas forcément du jazz. Pour la release party de cet album, certains avaient entendu parler du concert dans les DNA ou sur des médias locaux, et nous avons eu d’excellents retours de la part des gens.
Nous jouons une musique, certes extrêmement exigeante en terme de composition, d’écriture et de réalisation, mais qui, en même temps se veut très ludique, parce qu’on a la volonté de jouer un jazz qui puisse être accessible aussi à des néophytes et à des gens qui ne sont pas forcément des grands amateurs du genre. On a intégré la musique électronique, fait des collaborations avec des rappeurs, on essaie de casser les frontières de l’imaginaire des gens, les idées préconçues sur le jazz. Aujourd’hui on se rend compte que dans notre public, il y a des gens qui n’écoutent même pas de jazz, qui croient même que le jazz est une musique élitiste, et qui se rendent compte en écoutant notre album que c’est très accessible. Après, on a aussi une fan base, des personnes qui nous suivent depuis le début, qui dans l’ensemble sont constitués de gens de notre génération.
Tu peux me parler un peu de ce nouveau projet ? Pourquoi Alma ?
C’est le prénom de la fille de Leonard qui est née il y a peu, c’est un petit cadeau de bienvenue sur terre que nous voulions lui faire. La démarche artistique sur cet album était vraiment l’intégration, pour la première fois, de la musique électronique. C’est un chemin qu’on avait déjà amorcé en travaillant avec des DJ, on voulait continuer à aller dans ce sens mais en faisant les choses nous mêmes. Pour le prochain album c’est quelque chose qu’on veut confirmer et continuer d’appuyer. On y passe beaucoup de temps, on utilise la déformation sonore par les pédales, la création de sons avec les pads, l’utilisation de samples et bien sûr nos instruments acoustiques qui ont déjà une possibilité de création infinie.
C’est quoi le processus de création d’un morceau ?
Chaque musicien dans le groupe est aussi compositeur. Chacun vient avec une idée, plus ou moins aboutie avec une partition écrite, et on l’arrange ensuite tous les quatre. C’est ça qui est bien dans ce groupe, c’est un laboratoire de recherche, toutes les idées sont essayées, et il y a une affection et une confiance profondes qui nous lient et qui permettent un vrai travail de recherche expérimentale. Au final, l’arrangement se fait toujours de manière collégiale. Pour ce projet, il y a eu deux résidences de création, dont une à l’espace Jango, puis nous sommes allés en studio pour enregistrer.
Tu penses quoi de l’état de la scène jazz aujourd’hui à Strasbourg ?
Il se passe encore des choses. Il y a des jams, à l’Artichaut par exemple. Il y a aussi pas mal de petits concerts organisés dans les bars, quelques groupes qui bougent bien. Il y a aussi Jazz d’or, qui est un gros festival qui se déroule entre Strasbourg et l’Allemagne et qui tient une programmation au Fossé des Treize. Il y a aussi plein de projets qui se montent régulièrement, pleins de gens qui jouent super bien, mais peu de projets jazz strasbourgeois rayonnent vraiment à l’international. Selon moi, il manque une vraie salle de concert dédiée au jazz à Strasbourg, un café concert ouvert à tous les courants du jazz.
C’est quoi vos projets pour la suite ?
Notre projet dans l’immédiat, c’est faire tourner cet album, faire des concerts bien sûr. Il y a la tournée qui va commencer et qu’on espère longue est belle. Puis on a déjà commencé à travailler sur le prochain album, je pense qu’il devrait être prêt pour 2021.
Merci à Victor pour son temps et ses propos. L’album de 11 morceaux est sorti le premier mars. Il est disponible sur le site internet des Chapeaux Noirs, sur leur Bandcamp et lors de leurs concerts, puis sur toutes les plateformes streaming et de téléchargement.
Et comme on est cool, on vous propose de gagner 2 albums, modalités ci-dessous
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Pour ma part je vous recommande chaleureusement de vous procurer ALMA. C’est un album complet, intelligent, sincère et surprenant. Il ravira les oreilles les plus pointilleuses, amateurs de jazz ou non, vous l’aimerez si vous aimez la bonne musique, et si vous aimez la vie.