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Charles Louis Schulmeister, l’espion strasbourgeois qui bossait pour Napoléon Ier

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Figure discrète mais décisive du début du XIXe siècle, Charles Louis Schulmeister est de ces Strasbourgeois qui ont marqué l’histoire. Contrebandier, informateur de Napoléon Ier, commissaire général de la police, industriel, châtelain… celui qu’on désigne souvent comme l’espion de Bonaparte a eu une vie des plus palpitante. Du pays de Bade à la Meinau, en passant par Ulm et Vienne, plongeons dans les aventures d’un des personnages les plus romanesques de l’Empire.

Il fait froid, il fait gris. Ça commence à durer et ce n’est pas prêt de s’arrêter. Et si l’on en profitait pour s’évader un peu de la morosité ambiante et plonger dans une histoire digne des plus grands récits d’aventure ? Le destin hors-norme de Charles Louis Schulmeister fera parfaitement l’affaire !

Fan de James Bond ? On aurait pourtant tendance à estimer que le smoking cintré et l’accent british, c’est un peu too much. Notre espion à nous a troqué le vodka martini à la cuillère pour un sérieux amer bien de chez nous. Né en 1770 de l’autre côté du Rhin, Charles Louis Schulmeister s’illustre d’abord dans la contrebande, avant de marquer l’histoire au service de l’Empereur, Napoléon Bonaparte (1769-1821).

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Portrait de Schulmeister. © Charles Auguste Schuler / Document remis

Le coup de maître à Ulm

L’histoire de Schulmeister, c’est d’abord l’histoire de quelqu’un qui sait se vendre et mettre en valeur ses compétences. On l’a dit, le jeune homme est contrebandier. Et lorsqu’on s’adonne aux joies de cette pratique dans notre petite région, le concept, c’est de faire transiter des marchandises par le Rhin.

C’est bien cette connaissance du fleuve (ainsi que son vaste réseau) qui font que Schulmeister tape dans l’œil des hommes de Napoléon.

Napoléon doit préparer une campagne militaire et la Grande Armée doit se rendre à l’Est. Schulmeister se voit alors en charge d’un rôle de repérage. Grâce à ses connaissances, les troupes françaises passent le Rhin pour aller se taper dessus avec les Autrichiens.

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© Napoléon par Horace Vernet / Domaine public

Et c’est au cours de cette même campagne napoléonienne qu’advient l’épisode qui contribuera largement à la légende du bonhomme. Tandis que l’armée française va assiéger la ville d’Ulm, Schulmeister pénètre dans la cité et réussi, sous une fausse identité, à échanger avec le général Mack – en charge des opérations du côté autrichien.

Et il est sympa, Schulmeister, on lui donnerait le bon dieu sans confession… La preuve : il fournit aux autrichien(ne)s des renseignements sur l’armée impériale. Un chic type. Sauf que la plupart de ses petites infos sont fausses. Il raconte qu’à Paris, un coup d’État est imminent, que l’armée arriverait par l’est et que franchement, il n’y a pas grand monde.

Mack se dit alors qu’il vaut mieux rester et attendre ses alliés qui ne sauraient tarder. Un beau matin, l’armée française est aux portes de la ville (spoiler : contrairement à ce que racontait Schulmeister, il y a du monde). Elle est arrivée par le nord et est menée par un Napoléon qui n’essuie aucune tentative de coup d’Etat.

Sonné, le général Mack n’a pas d’autre choix que de se rendre, sans qu’aucun coup de canon n’ait eu à retentir dans le ciel allemand.

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© « The Historisches Taschenbuch » - 1873 / Document remis

Le domaine de « Meine Aue »

Si le début de la légende de Schulmeister se joue au cours de l’épisode d’Ulm, celui qui est désormais reconnu pour son habileté et sa discrétion se voit ensuite en charge de plusieurs missions sporadiques à la solde de l’empereur, dont la plupart demeureront secrètes.

Il se raconte qu’il aurait réussi à infiltrer un conseil de guerre en présence de l’empereur d’Autriche. Ou encore qu’arrêté par l’ennemi, il aurait réussi à s’évader de justesse avant son exécution en faisant boire de l’opium à son geôlier, puis en lui dérobant ses habits.

Mais le job d’espion, à cette époque, ça n’existe pas encore vraiment. Il s’agit plutôt de petites missions, un intérim. Et après avoir manipulé tout son petit monde au service de l’Empire, Schulmeister revient à chaque fois à Strasbourg. Installé dans la ville depuis ses 22 ans, il accumule un certain pécule grâce à ses exploits… et aussi grâce à la contrebande (eh oui, on n’arrête pas une activité si fructueuse au prétexte de bosser pour l’empereur).

Alors avec son pactole, il achète le domaine de la Canardière, au sud de la ville. Visiblement inspiré et d’humeur poète, il le baptise « Meine Aue », comprenez « Mes prairies ». Et c’est la belle vie ! Charles Schulmeister aime alors à se faire appeler Monsieur de Meinau. Il fait bâtir un château luxueux, avec ses salles de réceptions, dépendances, et ses écuries.

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Château de Schulmeister. © Archives de la Ville de Strasbourg / Document remis

Puis, certainement las des soirées mondaines, il repart en mission à quelques reprises. Responsable de la sécurité, il coordonne l’Entrevue d’Erfurt – un important congrès politique. Il se raconte également qu’au cours d’une de ses péripéties, recherché par les Autrichiens, il se cache dans une ferme.

Alors qu’une patrouille est dépêchée sur les lieux pour l’arrêter, les soldats tombent sur un paysan qui se rase. Celui-ci leur indique que Schulmeister est bel et bien présent et se cache dans le grenier. Le soldats montent et ne trouvent personne. Lorsqu’ils redescendent, le paysan s’est volatilisé.

La fin de Monsieur de Meinau

À la chute de l’Empire, Schulmeister disparait un temps. Là encore, les rumeurs vont bon train. Certain(e)s racontent qu’il serait en mission secrète à Vienne, pour libérer l’Aiglon. D’autres chuchotent qu’il serait parti sur l’île d’Elbe pour visiter l’Empereur déchu. On ne saura jamais vraiment ce qui relève du mythe ou de la réalité.

Toujours est-il que, de retour à la Meinau, Schulmeister se lance dans l’industrie du sucre. Mais son affaire ne prend pas. Il fait faillite et quitte le château qu’il a fait bâtir. Modeste, il finit sa vie au centre-ville de Strasbourg, dans un petit appartement de la place Broglie. Les habitant(e)s d’alors décrivaient un vieux monsieur soigné et poli, dont l’apparence n’aurait jamais laissé imaginé le caractère pourtant extraordinaire de son destin.

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Photo du château de Schulmeister avant sa démolition. © Archives de la Ville de Strasbourg / Document remis

En 1851, il reçoit la visite surprise de l’empereur Napoléon III. C’est le dernier épisode célèbre de sa vie. Il meurt deux ans plus tard, seul… ou du moins avec pour unique compagnie ses nombreux chats angora.

Que reste-t-il de Schulmeister aujourd’hui ? À la Canardière, à l’emplacement de l’ancienne propriété de l’espion, on peut désormais flâner dans le parc Schulmeister, aux abords duquel on peut encore apercevoir deux dépendances qui faisaient partie de son domaine. Les plus âgé(e)s se souviendront peut-être de la série des années 70 qui contait avec héroïsme, moustaches et pattes d’eph, les épopées de notre espion.

Charles Louis Schulmeister est enterré au cimetière Saint-Urbain, non loin du quartier qui a gardé le nom de ses prairies, Meine Aue.

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© Fabien Romary - Licence Creative Commons / Document remis

Pour aller plus loin : Schulmeister, l’Espion de Napoléon, Gérald Arboit – Éditions Ouest-France

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