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Pourquoi faire son coming out en 2024 ? 5 Strasbourgeois(es) racontent

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Ce samedi 15 juin, les rues de Strasbourg vont revêtir, comme chaque année, les couleurs de l’arc-en-ciel à l’occasion de la Marche des visibilités. Moment festif, elle marquera la fin d’un mois dédié à la lutte pour les droits LGBTQI+. L’occasion, également, pour de nombreuses personnes queers, de s’accepter telles qu’elles sont avant d’en parler à des proches. Et pour comprendre à quoi sert ce fameux coming out en 2024, on a rencontré cinq Strasbourgeois(es) aux parcours divers et variés.

« Bandes de dégénérés », « c’est pas des hommes, c’est des folles », « sortez les panzers [char de guerre nazi, ndlr] », « ces femmes ont besoin de vrais mecs pour les changer », « une fois de plus vers le gouffre ». Pour comprendre ce que vivent les personnes LGBTQI+, il suffit d’aller sur Facebook et de regarder l’espace commentaires de certains articles.

Modérés et supprimés rapidement par les médias (Pokaa, DNA, France 3 etc.), ces messages sont symptomatiques d’une société où il est encore compliqué d’être gay, bi, lesbienne, trans… Et rappelons que l’homophobie n’est pas une opinion, mais un délit avec une peine (pour injure) allant jusqu’à 1 an d’emprisonnement et 45.000€ d’amende.

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De plus, en 2023, près de 4.560 infractions anti-LGBTQI+ ont été enregistrées par les services de police et de gendarmerie. La même année, les crimes et délits anti-LGBTQI+ ont augmenté de 19%, selon une étude du ministère de l’Intérieur publiée mi-mai. Évidemment, ces chiffres ne disent pas tout, car seulement 20% des victimes de violences déclarent avoir porté plainte.

Il y a quelques semaines, SOS Homophobie alertait également sur une « vague de transphobie » en France. Pour preuve, l’actualité : une actrice est la cible d’injures transphobes de la part de Marion Maréchal, des discours de la même sorte sont délivrés à la télévision ou dans des ouvrages parus récemment, etc.

Le coming out, une étape imposée par la société

Oui, mais quel lien avec le coming out ? Dans des milieux moins tolérants et face à l’homophobie, franchir ce cap n’est pas aisé.

Surtout que le coming out est souvent une obligation imposée indirectement par la société, et il suffit de faire un tour sur des forums pour s’en rendre compte. « Difficile de mentir quand on nous demande où est notre copine à chaque Noël quand on est gay. » « Compliqué d’inviter sa petite amie quand on est lesbienne dans une famille qui est contre le mariage pour tous. »

Alors, pour mieux comprendre l’utilité de cette démarche, on a rencontré celles et ceux qui l’ont fait. Avec des mots, des doutes et des conséquences propres à chacun(e) mais avec un point commun : vouloir être soi.


• 5 ans après : Marie, 30 ans, « faire son coming out, ce n'est pas raconter sa vie privée »

En 2019, dans un article similaire (disponible en dessous), nous avions rencontré Marie pour aborder le sujet du coming out lesbien. Elle venait de le faire et l’annonce avait été très bien acceptée par ses ami(e)s et sa famille. À l’époque, elle était notamment bénévole dans l’association FestiGays. Un engagement qui l’avait aidé à faire cette révélation.

Et vu que le temps passe vite, 5 ans après, on a eu envie de lui poser de nouvelles questions autour d’un café !

« Depuis la dernière fois, je me suis pacsée, je vis avec ma femme, on a adopté un chien qui cohabite avec nos autres animaux et on a plusieurs projets pour le futur. » Pour la vie privée, c’est fait, mais n’oublions pas le milieu associatif dans lequel Marie a continué ses actions.

Au moment du Covid, elle quitte FestiGays pour de nouvelles aventures. Un temps dans l’association Nouvelle Lune, puis à son propre compte. « À l’été 2021, après le confinement, les personnes queers avaient besoin de se réunir. Certaines étaient enfermées avec des familles homophobes pendant des mois et elles avaient besoin de parler, et comme moi, de rencontrer du monde. » L’Apéro queer est né ! « Je pensais qu’on serait quatre, au final on était 40 et y a même des couples qui se sont formés. »

En parallèle, elle cogite et fonde avec deux amies l’asso Juin’69. Elles partiront, mais Marie et sa nouvelle équipe continuent d’organiser des rencontres (notamment sur le coming out), des drag shows, des ateliers… Avec SOS Homophobie, elles organisent même la Marche de la visibilité lesbienne depuis deux ans.

Marche des Visibilités 2021 Pride Fiertés Libertés LGBTI+@  Martin Lelievre Strasbourg 2021_89 (9)
© Martin Lelièvre / Pokaa

Pourquoi cet engagement ? « Depuis le début, il aide mon cheminement personnel. Grâce à mon parcours mais aussi à des livres, comme celui d’Alice Coffin, aujourd’hui je n’ai plus honte d’être lesbienne. Chacun mérite d’être qui il est, et j’espère pouvoir aider à mon tour celles et ceux qui en ont besoin. »

Marie conclut : « Faire son coming out, ce n’est pas “raconter sa vie privée”, c’est pareil que de se montrer dans la rue quand on est hétéro. Puis faut pas oublier qu’en 2024 tout le monde ne peut pas le faire. Dans certains pays, dans certaines familles, ça peut même être très dangereux. »

Envie de suivre ses prochaines aventures ? Direction la page Instagram de Juin’69 ou rendez-vous dans l’émission Voix Queer sur RBS (91.9 FM), chaque jeudi de 20h à 21h.


• Rémy*, 30 ans, « pourquoi dire "je suis gay" alors que personne ne dit "je suis hétéro" ? »

Artisan et habitant Strasbourg depuis 10 ans, Rémy* a fait le choix de rester anonyme pour cet article. Pas de photo et prénom modifié. La raison ? « Je ne vois pas l’intérêt d’être identifié à une attirance et à une sexualité. » Mais pourquoi témoigner ? « Parce que je pense que cela peut aider des personnes. » 

Contrairement aux autres témoignages de cet article, il considère qu’il n’a pas fait de coming out « officiel » pour annoncer qu’il était gay.

cracovie café
© Nicolas Kaspar / Pokaa

« Je ne voyais pas pourquoi dire “je suis gay” alors que personne ne dit “je suis hétéro”. » Dans cette démarche, Rémy* n’est pas le seul. Sur les forums, dans des podcasts, dans d’autres articles, de plus en plus de personnes (et surtout des 18-30 ans) ne souhaitent plus devoir se justifier d’une attirance. Certaines pensent même que cette pratique est has been.

Mais elles ressentent quand même le besoin d’en parler. « Quand j’avais 20 ans, je voulais que mon entourage soit mis au courant car je ne me sentais plus moi-même, à force de contourner la vérité. »

Comment faire alors ? « Lors du mariage de ma soeur, je n’ai rien dit à personne (sauf à elle) et je suis venu avec mon conjoint. »

dépression solitude tristesse
© Mathilde Piaud / Pokaa

Rémy* explique que, par la suite, il se sentait plus léger, libéré d’un poids. Mieux encore, il reçoit le soutien de ses ami(e)s et de sa famille.

« J’ai dû l’expliquer à ceux qui n’avaient pas compris, mais je ne considère pas cela comme un coming out. Je ne comprends pas forcément les personnes qui font cette révélation de façon “officielle”, mais si cela peut en aider certains à être bien dans leur peau, c’est top. »

* Le prénom a été modifié 


• Fanny, 34 ans, faire son coming out car « on a été outée sans son consentement »

Violet Chachki, Bianca Del Rio… ça ne vous dit rien ? Il va falloir binge watcher Drag Race ! Fanny, elle, est une grande fan. Il suffit d’ouvrir l’œil et voir ses deux pin’s de la franchise accrochés à sa veste en jeans. Et une fois installé(e)s autour d’un café, on apprend qu’elle est serveuse à Strasbourg depuis 3 ans.

À 34 ans, elle est, comme Allen, originaire d’un petit village : « Faire son coming out loin d’une ville n’est pas forcément simple. » Avant d’arriver dans la capitale alsacienne, et jusqu’à ses 19 ans, Fanny vivait chez sa grand-mère paternelle : « Elle était homophobe, raciste, et j’ai été élevée avec ses idées. »

coming out
© Anthony Jilli / Pokaa

Mais un jour, elle décide de partir « avec presque rien » et se réfugie chez sa meilleure amie. « Puis, il y a eu des rapprochements, et on a eu envie d’être plus. »

Alors que Fanny se questionne sur son orientation sexuelle, un jour, c’est la douche froide. « Ma grand-mère avait découvert notre relation, et elle m’a affiché dans tout le village, notamment avec des affichettes qui disaient : “Il y a deux gouines sur lesquelles il faut rouler”. »

À l’époque, elle n’a pas encore 20 ans mais vient d’être outée sans son consentement. Elle fait son coming out lesbien à ses ami(e)s, mais rien à sa famille. « C’était horrible, tout le monde savait que j’étais lesbienne alors que moi, je me cherchais encore, et puis j’ai reçu des insultes… »

coming out
© Anthony Jilli / Pokaa

Son père ne veut pas la soutenir, et c’est chez sa mère qu’elle trouve du réconfort. « À ce moment-là, ça faisait plusieurs années qu’on ne se voyait plus vraiment et au final, c’est elle qui m’a dit : “Un homme ou une femme, on s’en fout”. »

Commence alors une période de reconstruction, qui va durer un an. Elle rencontre ensuite son ex-copain, avec qui ça marche bien pendant 2 ans. Puis une fille, pour une relation qui va durer 3 ans.

« Et là, j’ai dû une deuxième fois faire un coming out forcé, bisexuel cette fois-ci, parce que des proches me posaient h24 des questions privées. Une chose qu’on ne fait pas vraiment avec une personne hétéro… Moi, je voulais juste vivre ma vie sans mettre des mots précis sur ça. »

Strasbourg quai des bateliers cathédrale
© Anthony Jilli / Pokaa

Le temps passe, et cette notion de bi ne lui suffit pas. « J’ai fait mon coming out pansexuel à mes amis proches, mais c’est tout. »

Aujourd’hui, Fanny se sent mieux à Strasbourg. « La première année, quand je suis arrivée, j’ai fait ma première Marche des visibilités et c’était incroyable car, enfin, je voyais beaucoup de gens ouverts d’esprit. »


• Jean-Michel, 42 ans, faire son coming out pour « être bien dans ma peau, surtout en famille »

À 42 ans, Jean-Michel vit à Strasbourg et travaille dans la fonction publique. Pour comprendre son récit, direction 2002, il a alors 20 ans. « À la fin de mes études, j’ai rencontré un homme sur un site, mais il vivait à Toulouse. C’était loin, il n’y avait pas de SMS ou d’appels illimités. J’habitais encore chez mes parents donc j’ai tout raconté à ma mère et surtout, j’ai dit que ce n’était pas une femme. »

Une étape pas simple à franchir : « Dans ma famille, on ne parle pas de vie sentimentale, ou de sexualité, et encore moins d’homosexualité. Mais ce mensonge me bouffait, j’étais mal dans ma peau. » Sa mère réagit plutôt bien à l’annonce, et lui dit que c’est ok. Finalement, l’amour de Toulouse devient un amour de vacances.

coming out
© Anthony Jilli / Pokaa

Quelques temps après, il en parle à d’autres membres de sa famille. Avec sa cousine d’abord, ce qui permet de resserrer les liens, puis avec sa grand-mère de 70 ans. « J’avais peur de sa réaction, et elle m’a juste dit : “Je m’en doutais, l’importance c’est que tu sois heureux”. »

Avec son père, la situation est différente. « On a jamais eu cette discussion. J’ai vécu 11 ans avec un homme et mes parents étaient invités, il a bien vu qu’il n’y avait qu’une chambre. »

Il fait ensuite son coming out gay à l’une de ses collègues, qui est aujourd’hui encore sa meilleure amie. « Jusqu’à là, quand je parlais de mes relations avec elle, je mentais et je disais que je sortais avec des femmes. »

tram lgbt visibilité
© Anthony Jilli / Pokaa

Dans ce cheminement personnel, il a également dû faire face à des paroles blessantes : « Un membre de ma famille a parlé de moi à ma mère en demandant comment j’allais avec mon “problème” par exemple. C’est difficile à vivre. »

Surtout qu’avec les débats et le vote de la loi pour le mariage pour tous en 2013, ce parcours a été plus compliqué : « Des proches étaient contre, il y avait des insultes, de l’homophobie. On a toujours été pointés du doigt, pendant les années sida, pendant cette loi… et la stigmatisation est difficile quand on se cherche. »

Mais la société évolue ! « Je sais que certains ne comprennent pas pourquoi il y a de plus en plus de couples homo dans les séries, les films. Sauf que pendant longtemps, il n’y en avait absolument aucun et il en faut pour aider les personnes à s’accepter, au même titre qu’une Marche des visibilités. »


• Valentin, 28 ans, faire son coming out pour « être heureux »

Originaire de Saint-Louis et Strasbourgeois depuis 4 ans, Valentin a, comme Jean-Michel, fait un coming out gay en plusieurs étapes. Venu avec son fidèle destrier – une trottinette électrique -, c’est un artiste dans l’âme qu’on rencontre. Toile, corps, papier, ce plasticien passé par un BTS design graphique utilise tout type de support pour transposer ses émotions depuis 2017.

Pour lui, le coming out a été ressenti comme une obligation. « Avant d’en parler ouvertement à 18 ans, ma mère me disait déjà que j’étais gay à plusieurs reprises, et c’était difficile… » La conséquence ? « Ça m’a poussé à aller plus vite que ce que je voulais faire, je me posais encore beaucoup de questions. »

coming out
© Anthony Jilli / Pokaa

Surtout que Valentin a connu, dans sa scolarité, le harcèlement, l’empêchant d’accepter cette partie de lui. « “Tapette, PD, tu vas brûler en enfer” : j’ai eu le droit à ses mots au collège et au lycée. Et pour moi être gay voulait dire être malheureux. »

Pourquoi faire son coming out alors ? « Je me suis rendu compte que ça pouvait devenir mon bouclier, plutôt qu’une arme tournée contre moi. À partir du moment où je ne me suis plus caché, les blagues et les insultes se sont calmées. J’étais libre. »

En tant qu’artiste, cette notion « d’être soi », il a voulu la partager au-delà d’une peinture. Depuis un an, il a lancé le podcast Sous ma peau. L’objectif ? Parler d’acceptation, des remises en question, de psyché, d’intimité… sans tabou.

« J’ai grandi avec les personnes rencontrées dans les différents épisodes. J’ai compris qu’il n’y avait pas qu’un seul chemin pour être heureux. » Avant de conclure : « Le jour où la société acceptera pleinement les différences et la communauté LGBTQI+ par exemple, le coming out n’existera plus. »

Pour suivre ses aventures sonores, il suffit de cliquer ici et vous le croiserez peut-être à la Marche samedi.

Marche des Visibilités 2021 Pride Fiertés Libertés LGBTI+@  Martin Lelievre Strasbourg 2021_89 (23)
© Martin Lelièvre / Pokaa

Tous ces témoignages prouvent que la Marche des visibilités, organisée à Strasbourg par l’association Festigays, continue de prendre tout son sens. 

Bien sûr, elle permet de militer, pour des causes importantes, mais c’est également un événement festif, où tout le monde à le droit de participer : hétéro, gay, bi, lesbienne, trans… Alors rendez-vous le 15 juin, place de l’Université, dès 11h pour le village associatif et dès 14h pour défiler.

Et surtout, n’oubliez jamais que vous n’êtes pas seul(e)s. Et si le besoin de parler se fait ressentir, alors vous pouvez toujours contacter les associations suivantes :

Et bien d’autres, à retrouver sur le site de l’association FestiGays.

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