La situation commerciale du centre-ville de Strasbourg attire tous les regards et sera, à coup sûr, l’un des futurs gros sujets de la campagne des municipales. Sans doute échaudée par les dernières nouvelles sur des récentes fermetures, la municipalité a souhaité prendre la parole pour « sortir de la sinistrose ambiante ». Petit focus chiffré sur la réalité du centre-ville.
« On a voulu profiter du printemps pour sortir de la sinistrose ambiante de certains observateurs du centre-ville strasbourgeois. » Les médias, l’opposition… Difficile de dire qui Joël Steffen visait réellement ce 21 mars par cette saillie printanière. Une chose est sûre : l’adjoint au commerce a voulu remettre les points sur les i après une période agitée pour le commerce strasbourgeois dans l’hypercentre, lors d’un point presse organisé à l’Aubette, place Kléber.
Les discours de sinistrose jouent contre notre propre camp, alors que de nombreux investisseurs développent de nouveaux projets.

Rumeur de départ de la Fnac de la Maison Rouge, renouveau du Printemps, travaux de la Librairie Kléber, une rue de la Mésange toujours compliquée ou une rue des Francs-Bourgeois qui enchaîne les déconvenues : il y a eu de nombreux changements. Mais pour l’adjoint au commerce, c’est la positive attitude : « Ce n’est pas qu’il y a des choses qui ferment, c’est qu’il y a des choses qui changent. »
Il faut dire que, au-delà de Strasbourg, la façon d’acheter évolue : en France, l’e-commerce pèse 175 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2024, tandis que la fréquentation des magasins baisse, particulièrement en centre-ville. Dans le même temps, le modèle économique des grandes enseignes, visant à occuper le terrain avec le maximum de magasins, ne fonctionne plus. Et là-dedans, comment se débrouille Strasbourg ? Pour l’adjoint au commerce, pas de doute : « On n’est pas dans une ville qui est en déclin. » Et il a les chiffres pour le prouver.

Bon, combien y a-t-il de locaux vides à Strasbourg ?
Voir des commerces afficher portes closes, « ça fait toujours un choc », admet Joël Steffen. Cela peut brouiller la perception du dynamisme du centre-ville strasbourgeois, surtout lorsque plusieurs locaux sont vides les uns à côté des autres [rues des Francs-Bourgeois, de la Mésange et de la Haute-Montée, ndlr]. L’instant T est peu flatteur et peut ainsi pousser certain(e)s à déplorer le manque d’attractivité du centre-ville.
Si on fait une petite vidéo devant 10 enseignes vides un mardi matin de février on peut sûrement être saisi de dépression saisonnière.
Néanmoins, il y a l’instant T, mais également la période : si des commerces ferment, d’autres attendent leur tour pour occuper les locaux. Ainsi, il vaut mieux s’intéresser au taux de vacance commerciale. Peu mis en avant par une municipalité qui éprouve toujours quelques difficultés à communiquer de manière proactive plutôt qu’en réaction, il était en 2021 de 7,7% selon une étude AID, comme on vous l’expliquait dans nos colonnes.

Depuis, il n’y a plus eu de chiffres transmis ou publiés. La Ville n’a néanmoins pas chômé : elle s’est dotée d’un nouveau prestataire, CODATA, qui analyse le taux de vacance sur le périmètre du centre-ville. Un périmètre qui diffère de celui utilisé en 2021, puisqu’il ne comprenait ni les centres commerciaux ni le secteur de la Gare [concentrant une part importante de locaux vacants, ndlr].
Selon ce nouvel indicateur, le taux de vacance est passé de 5% à 6,6%, soit une augmentation de 32% en à peine une année. On se trouve donc loin d’une situation idyllique, même si le centre-ville strasbourgeois s’en sort bien mieux que ses collègues d’autres villes françaises. En 2024, la vacance de métropoles avec une taille comparable à Strasbourg était de 8,5%. On pourrait rajouter qu’entre 2021 et 2024, la vacance commerciale n’a augmenté que de 6,4% à Strasbourg, contre près de 50% dans des villes de même taille. Signe d’une « capacité d’adaptation de notre centre-ville » selon Joël Steffen.

Le centre-ville de Strasbourg est-il désert ?
Si la vacance commerciale est l’alpha de l’analyse pour juger du dynamisme d’un centre-ville, sa fréquentation représente son omega. Et là encore, il semblerait que l’hypercentre strasbourgeois continue d’être très fréquenté, et cela année après année. On le voit déjà avec le marché de Noël, qui a attiré 3,4 millions de personnes en 2024, battant son record établi déjà en 2023.
Hors période de marché de Noël, c’est la même chose : selon les données fournies par la Ville, la fréquentation mensuelle de la Grande-Île n’a jamais été aussi haute. En 2024, il y a eu plus de 4 millions de visiteurs/ses chaque mois, soit près d’un million de plus qu’en 2021. Entre 2023 et 2024, le centre-ville strasbourgeois a vu défiler près de 15% de visiteurs/ses en plus. Bref, l’hypercentre se porte bien, merci pour lui.

La Ville agit-elle pour accompagner le développement de son centre-ville ?
Néanmoins, comme l’explique Joël Steffen : « Un centre-ville fréquenté ne veut pas dire des gens qui achètent. » Et selon l’adjoint, la collectivité a également son rôle à jouer pour veiller au dynamisme de son centre-ville. Il met en avant le droit de préemption, voté en septembre 2023 : si ses applications semblent encore difficilement palpables, la Ville annonce veiller aux mutations du commerce vers le tout-restauration. Aujourd’hui, 30% des commerces du centre-ville sont de type restauration, un taux suffisant pour la Ville, qui ne souhaite pas un trop plein dans le domaine.
Enfin, à travers l’Eurométropole, des commerçant(e)s ou artisan(e)s souhaitant s’implanter au centre-ville de Strasbourg vont bientôt pouvoir le faire, grâce au vote d’une aide à l’investissement pour le commerce de proximité le 28 mars prochain lors du conseil de l’EMS. Existante déjà à l’échelle de la métropole, elle va être étendue au centre-ville de Strasbourg et prendra la forme d’une subvention allant jusqu’à 20 000 à 30 000 €, plafonnée à 20 ou 30% du projet.
À travers cette conférence de presse, la Ville a voulu à nouveau occuper le terrain, pour reprendre en main les discussions sur le commerce de centre-ville. Un sujet brûlant, qui n’a pas fini de faire parler, alors qu’on s’approche de plus en plus de la campagne des municipales.

Demandez aux commerçants ce qu’ils en pensent. Pas à un élu en mission pour protéger le bilan de la mairie. Pas sûr que la version soit la même et je suis bien placé pour le savoir. J’ai vu la conférence, pas une question de journaliste présent pour challenger ou contredire le beau discours.
Stationnement hors de prix, et déjà il faut y arriver en voiture avec tous les changements de ciculation opérés…mauvaise fréquentation, loyers exorbitants, pour voir quoi des Hema Starbucks Mac do et Cie ? Aucun intérêt le centre ville a vendu son âme au diable. Perso je n’y mets plus les pieds depuis des années. Malheureusement un constat généralisé à beaucoup de villes depuis l’explosion du e-commerce.. c’est triste.