D’ici le mois de juillet, une Maison de la santé mentale de 200 m2 va ouvrir à Strasbourg, dans le quartier des Halles. Initiative unique en France, ce ne sera pas une structure de soins, mais plutôt un lieu d’écoute et de sensibilisation ouvert à toutes et tous, pour lutter contre les discriminations liées à la santé mentale. Découverte d’un lieu encore en travaux, en photos.
Le secteur des Halles est décidément en pleine transformation. Alors qu’un tunnel désaffecté depuis 20 ans va bientôt accueillir de nouvelles voitures, c’est tout le quartier qui est en travaux, notamment avec la construction d’un plus grand square et d’une piste cyclable bidirectionnelle de 650 mètres côté rue Sébastopol.
Juste à côté de la place Clément, qui sera elle aussi réaménagée, un projet d’une toute autre nature fleurit dans la discrète rue des Bonnes-Gens : une Maison de la santé mentale de 200 m2. Annoncé dans les voeux de Pia Imbs à la presse en janvier dernier, le projet suit son cours et se prépare doucement à ouvrir ses portes en juillet prochain. Un sujet plus que d’actualité, alors que la santé mentale avait été brandie comme grande cause nationale de 2025 par l’État.
Un lieu citoyen unique en France, pour lutter contre les clichés sur la santé mentale
Cette Maison de la santé mentale ne sera pas un lieu de soins et ne vise pas à se substituer aux dispositifs déjà existants ; à la place, elle souhaite plutôt incarner « un lieu citoyen faisant la promotion de la santé mentale à Strasbourg et dans l’Eurométropole », selon Jean-Marie Danion, professeur de psychiatrie à la faculté de médecine et chef du service de psychiatrie des Hôpitaux universitaires de Strasbourg.
La santé mentale c’est l’affaire de tous ; on a tous nos propres vulnérabilités.
Initiative unique en France, elle est saluée par Alexandre Feltz, adjoint à la santé publique : « C’est quelque chose d’important alors que les indicateurs de santé mentale ne sont pas très bons. En ce moment, on vit dans une société qui ne va pas bien. » La Maison de la santé mentale visera ainsi à « fabriquer du lien social et de la solidarité », afin de lutter contre « les discriminations auxquelles font face les personnes qui souffrent de santé mentale ».
Une Maison aux multiples missions
Mais comment cela va-t-il concrètement fonctionner ? Jean-Marie Danion l’admet : « Il n’existe aucun tuto sur comment on construit une Maison de santé mentale. » Toutefois, la structure a comme but d’informer « pour déconstruire la peur et la culpabilité », selon Martine Anstett, présidente de cette Maison.
Pour cela, elle compte mener plusieurs missions :
- Informer, sensibiliser et transmettre à des fins d’éducation populaire. La structure souhaite ainsi changer le regard de peur et l’image de honte associés à la santé mentale, dont on ne parle souvent que par le prisme des faits divers.
- Être un lieu ouvert et accessible à tous, dans le cadre de permanences tenues par différentes associations. Ainsi, la structure accueillera gratuitement dans ses locaux neuf associations autour de la santé mentale, tandis qu’une vingtaine d’autres auront des permanences pour informer et accompagner les Strasbourgeois(es) autour du sujet.
Il est nécessaire de passer d’une santé mentale institutionnalisée à une santé mentale citoyenne et porteuse d’un vrai message politique.
- Proposer des animations et des actions pour changer le regard des gens sur la question de la santé mentale : à travers des ciné-débats, des conférences, du théâtre forum, des jeux ou encore des expositions.
- Créer un lieu citoyen, où pourra être délivrée une information objective, loyale et bienveillante sur la santé mentale.
- Dans le futur, mettre en place une Université populaire de la santé mentale, ouverte à toutes et tous, afin d’enseigner le sujet.
Un lieu de 200 m2 encore en travaux, pour une ouverture en juillet
Avec une ouverture prévue pour le mois de juillet, la future Maison de la santé mentale est encore en plein dans les travaux. Dès l’accueil, on pourra y retrouver une salle d’attente, mais aussi un bureau de confidentialité, afin de « permettre à des gens de se livrer en toute discrétion sur leur maladie », selon Martine Anstett.
On y trouvera également une cuisine, une salle à manger et différents bureaux, fermés ou en open space. Enfin, une salle de réunion et une salle multimédia, qui permettront la tenue de conférences/débats/projections, sont également comprises dans la structure.
Au niveau des horaires, la future Maison de la santé mentale ouvrira ses portes tous les jours de la semaine, du lundi au vendredi, à mi-temps selon Martine Anstett. Elle restera fermée pour le moment les week-ends, une donnée qui pourra évoluer en fonction des besoins. Un beau projet citoyen, qui se prépare doucement à changer les regards sur la santé mentale à Strasbourg.
