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Paillettes et tolérance : à Strasbourg, 2 drag queens créent une asso pour « rassembler »

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Après des années à enflammer les scènes strasbourgeoises, perchées sur leurs talons, les drag queens locales Rose Tental et ViviAnn du Fermoir-de-Monsac voient les choses en plus grand. Ensemble, elles viennent de créer Les Tantines, une association engagée, à travers laquelle elles espèrent donner encore plus de sens à leur activité. Événements inédits, accompagnement des personnes trans, intervention en milieu scolaire, les deux queens veulent rassembler et éveiller les consciences.

Officiellement créée en décembre 2024, l’association strasbourgeoise Les Tantines est née de la volonté de donner un sens plus militant aux actions de deux drag queens locales : Rose Tental et ViviAnn du Fermoir-de-Monsac. En tout, sept personnes composent la structure, y compris une troisième drag, David, alias La Givrée. « J’ai commencé le drag pour ne pas quitter la scène après avoir arrêté la danse et parce que c’était un peu la réunion de tout ce que je savais faire dans ma vie », explique ViviAnn. « Et je me suis rendu compte que c’était un outil assez efficace pour changer pas mal de choses. »

Si les deux artistes gardent dans leurs plannings leurs événements respectifs, elles peuvent aujourd’hui voir plus grand et dégager des moyens plus importants pour les consacrer à des projets caritatifs. « On distingue les événements qui sont là pour nous faire vivre et les événements pour l’association, qu’on fait bénévolement », complète Rose. Avec pour ambition de proposer des événements plus grands, plus ponctuels et « des choses qu’on n’a pas encore trop vues à Strasbourg ».

10 ans Pokaa événement anniversaire Rose et ViviAnn
Rose et ViviAnn. © Manon Jensen / Pokaa
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Mais la véritable ambition des Tantines, c’est de rassembler. Rassembler à la fois la communauté LGBTQIA+ locale, mais aussi créer des espaces d’amour, de tolérance et de rencontre, en ouvrant les portes à des personnes qui ne font pas partie de la communauté.

Un pari qui a d’ores et déjà été remporté en janvier dernier, grâce à l’organisation d’un Grand bal d’hiver à la magnifique Villa Sturm. « On a eu peur du début à la fin. C’était la même organisation que celle d’un mariage », confie Rose. Lors de ce rendez-vous inédit à la sauce Bridgerton, les organisatrices ont réuni des Strasbourgeois(es) de tous horizons. ViviAnn reconnaît qu’elle ne s’attendait pas à un tel succès : « Je me suis rendu compte qu’il y avait énormément de gens à l’événement qui ne faisaient pas forcément partie de la communauté LGBTQIA+. La magie a opéré, tout le monde s’est retrouvé à faire la fête ensemble, ça a créé une sorte de petite bulle. C’était au-delà de nos espérances. »

murder drag
© Adrien Labit / Pokaa

Avec les fonds récoltés, Les Tantines comptent organiser en décembre 2025 un grand repas de Noël entièrement gratuit, ouvert aux personnes queers et alliées, en situation d’isolement et de précarité. « néralement, quand t’es queer, si tu as de la chance, les fêtes ça se passe bien, sinon tu es seul(e). Donc là, l’idée, c’est de partager un bon repas avec la famille qu’on se choisit », explique ViviAnn.

Cette année, les deux artistes participeront aussi pour la première fois à la Marche des visibilités sous le nom des Tantines. L’association aura son propre char le jour J, sera aux manettes de l’after show, et prendra aussi en charge la gestion du petit train réservé aux personnes à mobilité réduite.

bar d’hiver les Tantines
Le Grand bal d'hiver. © Fanny C Photos / Document remis

Soutenir et accompagner les personnes trans

En parallèle des événements, Les Tantines s’engagent aussi pour soutenir les personnes trans à Strasbourg, pour qui obtenir un suivi médical et une situation administrative adaptée ressemblent parfois à un véritable parcours du combattant. D’après Rose, « le but c’est de pouvoir inviter les personnes trans, non-binaires ou en questionnement de genre, si elles ont besoin d’aide sur des questions administratives par exemple ». Enzo, membre de l’association, se tient à disposition pour les renseigner : « Il a une bonne connaissance du milieu, parce que le parcours administratif est quand même extrêmement long et lourd au niveau de la charge mentale. » Un assistant social et une psychologue ont également proposé leurs services à l’association.

Pour les deux artistes, si l’intention est d’offrir un accompagnement dans le cadre des démarches administratives, il est également important que ces moments soient conviviaux et permettent la rencontre de personnes aux parcours similaires, pour échanger et se soutenir les un(e)s et les autres.

Les Tantines consacrent donc un mercredi par mois à ces permanences entièrement gratuites, en partenariat avec le Café Grognon. Le prochain rendez-vous est prévu le 26 mars prochain, à 17h30. Et parce que certain(e)s concerné(e)s souhaitent parfois être accompagné(e)s par des personnes cis, ou bien par leurs parents quand il s’agit de mineur(e)s, l’équipe envisage aussi de proposer certaines dates en mixité.

10 ans Pokaa événement anniversaire Rose Tental
© Manon Jensen / Pokaa

Des interventions en milieu scolaire

« Plus j’avance, plus je me rends compte que les gens qui ne font pas partie de la communauté n’ont aucune conscience de ce qu’est la vie des gens de la communauté LGBTQIA+ », constate ViviAnn. « J’ai des amis hétéro-cisgenres et à notre contact, ils prennent conscience de nos combats et commencent à se mobiliser aussi. On a aussi envie d’ouvrir les yeux au monde hétéro-cis sur ce que sont les réalités de notre monde à nous. »

Discriminations, agressions, politiques LGBTphobes, harcèlement, isolement, guet-apens, les personnes LGBTQIA+ subissent au quotidien des violences en raison de leur orientation sexuelle ou identité de genre. Alors, pour faire changer les mentalités et espérer un monde plus juste pour les adultes de demain, Les Tantines ont choisi de s’adresser aux jeunes générations et de leur transmettre des valeurs d’ouverture et de tolérance.

Le 17 mai dernier, ViviAnn est donc intervenue au lycée Marie-Curie, aux côtés de l’association Dis Bonjour Sale Pute : « J’ai parlé de mon parcours d’étudiant d’il y a 15 ans et expliqué aux jeunes les différences et les similarités qu’il y a avec cette époque et aujourd’hui. L’objectif, c’est aussi de les sensibiliser sur ce qu’est une discrimination LGBTQIA+. » Au cours de sa présentation, la drag queen locale aborde des sujets tels que le cyberharcèlement, les différentes formes de discriminations, les sanctions légales, et tente de faire prendre conscience de la gravité des actes LGBTphobes, qui peuvent mener au suicide.

Grâce à ce premier échange, ViviAnn mesure immédiatement l’impact que ce type d’interventions a sur les élèves. Elle se souvient notamment d’un jeune qui se demandait s’il était possible d’être drag queen, comme elle, tout en pratiquant une religion : « J’ai appris que ce jeune avait eu le courage de participer à l’atelier théâtre cette année. » Ou encore de la petite sœur d’une élève, âgée d’à peine 10 ans, qui est venue à sa rencontre pour la remercier d’avoir « parlé du fait de se sentir mal dans son corps ». « Son père m’a remercié en expliquant que ça faisait des mois qu’ils essayaient de parler à leur fille et qu’ils ne trouvaient pas les mots », ajoute l’artiste. 

Faire partie intégrante du paysage strasbourgeois

Malgré les récentes fermetures de lieux clairement identifiés queer comme le Z bar ou le So Crazy, à Strasbourg, de plus en plus de bars intègrent dans les programmations des événements organisés par la communauté queer. « Même s’ils ne mettent pas un gros drapeau devant, ils sont quand même là », relève Rose.

Depuis plusieurs années, une vague de queens (et de kings) submerge aussi la ville, comme le confirme ViviAnn : « Il y a une vraie communauté qui s’est créée, Les Marley, La House of Diamonds, Gender Collision, le Coven, et nous. Comme on ne fait pas les mêmes choses, chaque public peut s’y retrouver et ça crée une vraie diversité dans l’offre drag. »

Si elles jouent déjà un rôle important dans la vie événementielle strasbourgeoise, Les Tantines espèrent bien que leur présence fera sens, au-delà des perruques et des paillettes : « Oui, il y a une grosse communauté queer à Strasbourg et c’est très cool. Mais maintenant, l’idée, c’est d’arriver à l’intégrer pleinement à la vie de la ville, nous intégrer avec amour et réveiller les consciences sur nos combats. »

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