Alors que le froid s’installe à Strasbourg, l’envie de se blottir comme un burrito dans un plaid et de lancer des séries se fait de plus en plus forte. Chocolat chaud dans la main droite, marshmallows dans la gauche, on a chaud, on est confort, on est prêt(e). Il ne manque désormais plus qu’une série à lancer. Ça tombe bien, on vous a concocté une sélection de 12 séries pour récupérer du food coma d’entre-deux-fêtes et bien démarrer la nouvelle année.
Bon, ça y est : on a survécu à Noël. Le ventre bien trop rempli, l’heure est désormais au repos dans le canapé, avec un plaid et des grosses chaussettes en pilou-pilou, en attendant le Nouvel An. On se pose devant la télé ou l’ordi, et on se décide à lancer une série. Mais laquelle ? Question épineuse, à l’heure où des dizaines de nouvelles créations sortent tous les mois. Telles de bonnes huîtres de Cancale, on s’est dit qu’on allait vous en proposer une douzaine afin que vous ne perdiez pas une journée à scroller.
Niveau règles, c’est plutôt simple : excepté une, toutes les séries choisies ont eu une saison sortie en 2024. Par ailleurs, aucune série déjà citée dans la sélection 2022 et 2023 ne figure dans ce classement. Ensuite, comme mentions honorables, on peut citer Shogun, Mr. and Mrs. Smith ou la méconnue Colin from Accounts. Enfin, niveau sélection, on est parti du côté de l’Angleterre pour former un groupe de punk ou survivre à l’université, vers l’Italie pour commettre des crimes, en France pour se battre contre un Dieu vivant et découvrir les coulisses d’une télé réalité et enfin vers les États-Unis pour espionner une maison de retraite, enquêter sur des démons, rire ou tomber amoureux.
Si vous pensez être passé(e) à côté de votre carrière d'espion(ne) : A Man on the Inside (Netflix)
Parfois, une carrière d’espion, ça se joue à peu de choses. Sortie en fin d’année, cette série est parfaite pour un après-midi sous un plaid, avec un chocolat chaud. Nouvelle création de Michael Schur, l’homme derrière Parcs and Recreation, Brooklyn Nine-Nine et The Good Place, A Man on the Inside raconte l’histoire de Charles, un professeur d’université devenu récemment veuf. Alors qu’il reste cloîtré chez lui, il répond à une petite annonce Jules, une détective privée qui cherche à résoudre une affaire dans une maison de retraite. Pour remettre un peu de piment dans sa vie, Charles va infiltrer les lieux et devenir un espion… à l’ancienne.
À l’image des séries de Michael Schur, A Man on the Inside est une série toute douce. Tous ses personnages sont attachants, et il se dégage une vraie bienveillance de l’histoire qui est racontée. Si l’humour est présent, il décroche davantage un sourire qu’un éclat de rire. Et pour ne rien gâcher, Ted Danson est parfait dans son rôle [et je veux croire que Charles est la vie que mène Michael de The Good Place, une fois descendu sur terre, ndlr]. Mais surtout, la série décrit l’histoire d’un homme qui fait son deuil, tout en racontant les différents parcours de vie de personnes du troisième ou quatrième âge, leur envie de vivre, mais aussi leur solitude. Après le visionnage, vous en ressortirez avec du baume au cœur. Parfait pour cette période hivernale.
Si vous avez une passion lutte des classes (spécialité combats stylés) : Arcane (Netflix)
Cocorico : l’une des séries de 2024 est une création française ! Révélation de l’année 2021, Arcane est revenue trois ans plus tard pour une saison 2. Et c’est toujours aussi fort pour l’adaptation en série de l’univers du jeu League of Legends. La saison 1 a brillé par son animation extraordinaire et ses réflexions sur la question de luttes de classe entre la cité privilégiée Piltover et celle d’en bas Zaun. Ses personnages sont tous incroyablement bien écrits, et les conflits saisissent aux tripes, notamment entre Vi et Jinx, les deux soeurs séparées par la tragédie de la vie. Avec une bande-son au top, chaque combat était vécu en totale immersion, chaque trahison était comme une flèche en plein cœur et chaque personnage était incroyablement bien défini, dans ses moments de triomphe comme de défaite.
La saison 2 pousse encore plus loin le curseur de l’animation, tout simplement sublime. Les idées de mises en scène sont superbes, la mort rend l’histoire imprévisible et certains personnages rentrent dans nos cœurs, pour mieux en ressortir. Elle dilue néanmoins son discours politique [bien que la dérive fascisante de Piltover puisse être étudiée, ndlr] pour davantage d’action, de scènes « cool » et une fin en fanfare, à la mode des battles royales des films de super-héros. Néanmoins, Arcane n’oublie jamais sa principale force que sont ses personnages, tandis que plusieurs scènes vous tireront quelques larmes, sinon un torrent, et resteront très longtemps avec vous, une fois la série terminée. Arcane, c’est fortiche.
Si vous voulez revivre vos années universitaire, tout en douceur : Big Boys (Hulu ou Channel 4)
Ah l’université ! L’époque des premières expériences, de la fin du lycée et du début d’une certaine notion de la liberté. Une période qui peut être également effrayante, surtout si l’on ne sait pas encore qui on est. Mais si l’on est bien entouré(e), on réussit toujours à s’en sortir. Dans Big Boys, série anglaise malheureusement beaucoup trop confidentielle, Jack Rooke raconte son histoire, celle d’un étudiant qui vient juste de perdre son père et qui explore sa sexualité. Dans ses aventures, il pourra compter sur le soutien de Danny, un étudiant en apparence très confiant mais qui cache quelques fêlures.
Comme Sex Education ou The Sex Lives of College Girls, Big Boys comprend que la période universitaire est celle des expériences et des émotions décuplées. Ce qui la différencie de ses deux consoeurs est la douceur et la sobriété qui s’en dégagent, la série se focalisant principalement sur les amitiés et les liens qui unissent les différents personnages. On rit, on s’émeut et on profite également d’une bande originale qui nous rappellera d’excellents souvenirs. Bref, on reçoit une tranche de vie, et ça fait du bien. Une série doudou, parfaite pour l’entre-deux fêtes. Bonus : les nostalgiques de Ted Lasso verront quelques anciens visages !
Note de l’auteur : elle n’est pas encore disponible sur des plateformes de streaming françaises, mais vu que Hulu a acquis les droits aux États-Unis, elle pourrait rapidement arriver sur Disney +.
Si les coulisses de la télé réalité vous attirent autant qu'ils vous révulsent : Culte (Amazon Prime)
Autre série française, Culte raconte les coulisses du pionnier de la télé réalité française : Loft Story. Véritable bombe au début des années 2000, elle est restée dans la mémoire collective comme un phénomène culturel d’ampleur. Plutôt qu’à Loft Story en elle-même, la série de Matthieu Rumani et Nicolas Slomka préfère se concentrer sur l’histoire des producteurs et productrices qui ont réussi à implanter l’émission en France. Les coulisses de la production n’ont rien à envier aux meilleures intrigues politiques, entre coups bas, ambition et cruauté débordantes et ravages personnels.
Surtout, là où Culte réussit son coup, c’est dans la ressemblance des personnages avec leurs pendants réels. Marie Colomb crève l’écran en Loana, retranscrivant à merveille l’intelligence et la sensibilité d’une jeune femme qui a été définie toute sa vie et clouée au pilori pour la tristement célèbre scène dans la piscine. Anaïde Rozam incarne quant à elle une version d’Alexia Laroche-Joubert prête à tout pour réussir. Une fiction dont la réalité est toujours très proche et qui fonctionne extrêmement bien, rappelant encore et toujours ce que Loft Story a apporté à la télévision française. En bien, mais surtout en mal.
Si vous voulez résoudre un meurtre dans l'humidité australienne : Deadloch (Amazon Prime)
Parfois, les séries policières se veulent trop sérieuses, trop occupées à dresser un portrait froid et triste de son univers [Broadchurch est un exemple, comme Mare of Eastown, toutes deux d’excellentes séries au demeurant, ndlr]. Deadloch a pris le contrepied, et c’est en cela qu’elle a su tirer son épingle du jeu. Série australienne de Kate McCartney et Kate McLennan, elle conte l’histoire d’une petite ville côtière de Tasmanie qui découvre avec effroi le corps nu d’un homme mort. Très vite, une policière prend en charge l’enquête, en attendant le renfort d’une détective de Sydney. Dans cette ville où les femmes ont le pouvoir, ce sont surtout les hommes qui sont menacés…
À moitié parodie de série policière [notamment Broadchurch, ndlr] et série policière en elle-même, Deadloch réussit son coup grâce à son humour, ses personnages tous aussi étranges les uns que les autres, mais également grâce à son mystère, très bien tenu. On prend plaisir à voir le duo d’enquêtrices que tout oppose suivre la trace de la personne commettant les meurtres. La formule, si classique, est détournée pour être magnifiée, et les beaux personnages australiens rendent l’immersion encore plus intense. Il y a également fort à parier que vous ressortirez de Deadloch avec une chanson spécifique en tête, mais pas de spoilers. Et bonne nouvelle : la saison 2 arrive rapidement !
Si vous croyez aux démons et aux créatures surnaturelles (et si vous êtes un peu chaud(e)) : Evil (MyCanal)
Et si les démons étaient réels ? C’est la question que nous pose à chaque épisode Evil, série paranormale qui s’est achevée cette année avec sa 4e saison. Elle suit les aventures de Kristen, une psychologue, qui rejoint Ben, un scientifique, et David, un prêtre, pour enquêter pour l’église catholique sur des affaires où des forces surnaturelles seraient à l’œuvre. Au milieu de tout cela, des démons bien réels compliquent la vie de nos enquêteurs/rices.
Métaphoriques ou littéraux, les monstres de la semaine s’enchaînent, sur des sujets divers et variés. Mais surtout, Evil ne s’interdit rien, du plus gore [tout en restant adapté à la télévision, ndlr] au plus sexy. La série ose et sa liberté de ton navigue toujours entre ce qui est réel et ce qui ne l’est pas. C’est souvent absurde, mais jamais ringard ; et les personnages, bons comme mauvais, tiennent l’histoire en haleine. Enfin, la science et la foi s’entrechoquent, entre croyance et évidence. De quoi alimenter les prochaines discussions philosophiques, mais surtout, de passer un bon moment.
Si vous avez envie de tout plaquer pour partir à l'aventure pendant l'apocalypse : Fallout (Amazon Prime)
Qui a dit que les adaptations de jeux vidéos étaient condamnées à être mauvaises ? Après The Last of Us puis Arcane, Fallout est le dernier exemple d’une très bonne série adaptée du média vidéoludique. Série sur les conséquences planétaires d’une guerre apocalyptique causée par la technologie nucléaire, elle débute en 2077, lorsqu’une attaque atomique est lancée sur les États-Unis.
Plus de 200 ans plus tard, on suit Lucy McLean, une jeune utopiste vivant dans un des nombreux Abris, des bunkers antiatomiques. En recherche de réponses quant à son père et sa famille, elle se lance dans une aventure dangereuse dans le désert de Los Angeles. Elle y rencontrera divers personnages, dont un chasseur de primes fantôme et un écuyer bien décidé à changer de classe. Série violente, gore et cynique sur l’humanité, Fallout réussit très vite à nous emporter dans son univers, pour ne jamais nous lâcher. Et Ella Purnell (la voix de Jinx dans Arcane) est nos yeux dans la découverte de ce monde impitoyable. On n’a qu’une hâte, repartir à l’aventure. Okey dokey.
Si vous avez envie d'apprendre, et surtout de pleurer à chaudes larmes : Fellow Travelers (My Canal)
Parfois, une bonne série peut se juger à la dose d’émotions qu’elle vous procure. Sur ce point-là, la fin de Fellow Travelers a réussi son coup. Création de Ron Nyswaner, elle conte l’histoire d’amour aussi épique que dramatique entre Hawkins Fuller, politique charismatique et calculateur, et Tim Laughlin, utopiste et idéaliste.
Racontée sur plusieurs périodes temporelles, Fellow Travelers retranscrit les moments forts de l’histoire américaine concernant l’homosexualité masculine, entre maccarthysme violent des années 50, où l’homophobie était au plus haut, lutte pour la libération des corps et de la parole puis ravages du SIDA. Avec toujours en toile de fond Hawk, Tim et leur amour (presque) impossible, tout comme leur combat pour un monde meilleur.
En plus d’être une série historique et pédagogique, elle se repose sur les performances impeccables de Matt Bomer et Jonathan Bailey. Et à la fin, lorsque toute l’histoire aura été racontée, il est fort probable que les larmes commenceront à couler. La marque des très bonnes séries.
Si vous avez un jour rêvé d'un Diable s'habille en Prada, mais version stand-up : Hacks (Canal VOD)
Il est toujours difficile pour les séries comique de maîtriser l’art de rendre le stand-up drôle. Si Mrs. Maisel y arrive plutôt bien, Hacks réussit de son côté un tour de force en la matière. Centrée sur la relation entre Deborah, une légende de l’humour en panne d’inspiration, et Ava, une jeune autrice aussi talentueuse qu’arrogante, elle réussit à faire rire par sa galerie de personnages aussi narcissiques qu’attachants. Une bonne partie du succès de la série repose sur les épaules de Jean Smart, qui joue Deborah, véritable légende.
Avec ses airs de Diable s’habille en Prada dans le monde de l’humour, Hacks excelle particulièrement lorsqu’elle s’intéresse à la relation Deborah/Ava, aussi fascinante que complexe, mais surtout toxique pour elles et leurs entourages. Elle raconte aussi la difficulté de rester au top niveau et la fragilité d’une carrière prestigieuse. Et lorsque Deborah décide de briser sa carapace, il s’en dégage une émotion brute qui fait la nature des meilleures séries. Une vraie référence en la matière, malheureusement encore trop confidentielle.
Si vous avez besoin d'une bonne grosse dose de love pour passer l'hiver : Nobody Wants This (Netflix)
La comédie romantique de l’année, sans hésitation. Nobody Wants This raconte l’histoire de Joanne, podcasteuse avec sa sœur Morgan, accro aux mauvais rencards et qui tombent subitement amoureuse de Noah, un rabbin. Une histoire compliquée, où s’entremêlent date dans un sex-shop, questionnement de sa foi et dépassement de ses peurs.
Très classique dans sa forme, Nobody Wants This est un bonbon plein de nostalgie pour les amoureux/ses de Kristen Bell (Veronica Mars) et Adam Brody (Newport Beach), qui régalent dans leur alchimie. Les personnages secondaires sont aussi très bons, flirtant toujours avec la caricature mais toujours attachants. Les dialogues sont percutants, les questions sur les relations amoureuses à l’ère du numérique sont pertinentes et surtout, on rit beaucoup. C’est classique, c’est drôle, c’est efficace et surtout, ça remplira le désir de beaucoup de personnes qui auraient souhaité que dans un autre univers, Seth Cohen et Veronica Mars finissent ensemble. Une bonne grosse dose de love qui fait du bien.
Si l'appel de l'Italie vous pousse au vice : Ripley (Netflix)
Il n’a jamais été aussi jouissif de faire le mal. C’est sans doute la meilleure façon de décrire Ripley, nouvelle adaptation du roman Monsieur Ripley après Plein Soleil et Le Talentueux Mr. Ripley. Réalisée cette fois-ci par Steven Zaillian, la série met donc en scène le fameux escroc raté Tom Ripley, qui se fait embaucher par un industriel afin de retrouver son fils, échappé dans un village italien près de la mer. Une fois sur place, Tom va vite s’engager dans une voie aussi brutale que pleine de vices.
Ripley possède quelques différences avec les œuvres l’ayant précédée. En premier lieu sur sa photographie : toute la série, a excepté une ou deux scènes, est filmée en noire et blanc. Un choix qui installe directement un sentiment de malaise, où toutes les couleurs disparaissent des paysages paradisiaques, comme si l’on était dans la tête malade de Tom. Interprété par un Andrew Scott étincelant, le personnage oscille perpétuellement entre calme glaçant et folie bouillonnante. Enfin, une grande place est accordée aux silences et aux paroles implicites, les acteurs/rices jouant parfaitement sur le rythme (très) lent de la série. À ne pas regarder d’un œil en scrollant sur son portable, car Ripley est exigeante. Mais elle vaut le coup.
Si vous avez toujours eu envie de former un groupe de punk : We are Lady Parts (BrutX)
À un moment dans nos vie, on a tous eu une sorte d’illumination : on doit former un groupe avec nos potes. Ce pas, Amina l’a franchi en rejoignant Lady Parts, un groupe 100 % féminin, et 100 % musulman. Sortie un peu de nulle part en 2021, la série anglaise We are Lady Parts a déboulé comme son groupe de punk : avec des riffs saturés et sans jamais se poser de questions. La création de Nida Manzoor est drôle et attachante, croquant avec bienveillance toute la diversité de personnes dans la culture musulmane.
D’ailleurs, si cet aspect de leur vie est très important pour elles, jamais les cinq membres du groupe ne sont définies uniquement par leur religion. Surtout, We are Lady Parts n’oublie jamais le plus important : les passages musicaux sont de très grandes qualités, qu’ils soient composés de chansons originales ou des classiques remixés à la sauce punk. Pleine d’humour, de rage, de révolte et de bienveillance, We are Lady Parts est une des séries confidentielles de l’année, la saison 2 solidifiant son univers. Un, deux, trois, quatre… musique !
Bon visionnage, bon coocooning et bon passage à la nouvelle année !