Vinaigre, miel et herbes aromatiques : une bonne idée, qui a connu un grand succès. Créé en 1922, la marque Melfor s’est fait une place dans les cuisines Alsaciennes, au point de devenir une des saveurs emblématiques de notre région. Retour sur l’histoire de cette enseigne qui continue, plus d’un siècle après sa création, d’assaisonner nos quotidiens.
Melfor original, Melfor basilic et citron, Melfor balsamique ou encore Melfor cardamome et cannelle. En plus d’un siècle, les saveurs du célèbre vinaigre alsacien se sont largement étoffées. Aujourd’hui la marque propose également une gamme de vinaigrettes, de la moutarde et des cornichons.
Chaque année, 12 millions de produits Melfor sont achetés par des client(e)s en Alsace et dans le reste de la France ainsi qu’en Allemagne. Bien que centenaire, Melfor séduit aussi les jeunes générations, qu’elles veuillent retrouver les saveurs traditionnelles ou les revisiter. Il parait même que certain(a)s en font des cocktails. Retour sur une success story Alsacienne.
Miel et fort : Melfor
L’histoire de Melfor commence comme celle d’une start-up, mais bien avant l’invention du transistor et de l’ordinateur. Au début des années 1920, Fernand Higy, maraîcher à Mulhouse, observe que les cuisinières alsaciennes ajoutent souvent du miel au vinaigre pour en adoucir le goût.
De cette pratique traditionnelle va germer l’idée de commercialiser un vinaigre adouci par l’ajout de miel et d’une infusion de plantes aromatique. L’inventeur travaille sa recette pour trouver l’accord parfait entre douceur du miel et force du vinaigre et se met en quête d’un nom pour son produit. Ce sera Melfor, contraction de « miel » et de « fort ».
La production commence de manière artisanale à Mulhouse en 1922. Le succès est immédiat. Tant, qu’au bout d’une dizaine d’années, Fernand Higy doit envisager la construction d’une usine pour satisfaire la demande. Problème : le maraicher ne dispose pas des fonds pour financer son investissement.
Il fait donc le choix de vendre les droits de fabrication et de commercialisation du Melfor à la famille Knobloch. La marque sera donc dorénavant exploitée par deux entreprises différentes, une dans le Bas-Rhin et l’autre dans le Haut-Rhin. Cette situation perdurera jusqu’en 2009, date à laquelle les deux familles se réunissent pour créer Melfor SAS.
Droit local et guerre commerciale
Retours au XXᵉ siècle. Le rapide succès de Melfor inquiète les vinaigriers français qui vont se lancer dans une véritable guerre commerciale avec l’Alsace. Pour tuer leur concurrent, cette puissante corporation fait valoir une loi de 1905 qui stipule que le vinaigre doit comporter au moins 6% d’alcool pour pouvoir s’appeler « vinaigre ».
Vinaigre doux, le Melfor ne titre qu’à 3,8°. En vertu de cette loi, le lobby des vinaigriers parvient à faire interdire la commercialisation du Melfor, condamnant l’entreprise à une mort commerciale.
Heureusement, le droit local vole au secours du produit alsacien. La loi de 1905 ne s’applique pas en Alsace et en Moselle, ce qui permet au Melfor d’être commercialisé dans les trois départements de l’est. Il faudra attendre les années 1990 et la mobilisation d’un sénateur Mosellan pour qu’enfin la marque puisse être distribuée légalement dans le reste de la France.
Melfor part donc à la conquête des autres régions, Rhône-Alpes, région parisienne et Nord dans un premier temps, puis c’est enfin tout le pays qui eut accès aux saveurs jusqu’ici réservées aux alsacien(ne)s.
Tradition et modernité
Produit traditionnel alsacien, Melfor a su et dû évoluer pour suivre les goûts des consommateurs/rices. Si aujourd’hui la recette historique de Melfor constitue la moitié des ventes, la gamme de produit s’est largement étoffée.
À l’original s’est ajouté Melfor côté sud, aux saveurs de basilic et de citron, Melfor côté balsamique et enfin Melfor côté épices, à la cardamome et à la cannelle. Melfor c’est aussi une gamme de moutardes, un vinaigre blanc spécial conserves, des cornichons et des vinaigrettes. Petite dernière de la famille : la vinaigrette bio, comme à la maison.
Produit en Alsace à Mulhouse et Hœrdt (il y a aussi une usine en Allemagne pour le marché outre-Rhin) Melfor reste attaché à sa terre natale. Pas de risque de délocalisation : les deux sites alsaciens vont même être agrandis pour accompagner le succès de la marque.
Enfin, Philippe Higy, arrière-petit-fils du fondateur, souhaite « aller vers un produit de plus en plus naturel ». Pour cela, Melfor développe une gamme bio (Melfor l’Original et une vinaigrette) et achète la totalité du miel en France. Cent tonnes par an, tout de même !
Prochaine étape, appliquer les mêmes critères à l’ensemble des plantes aromatiques utilisées en production.