Alors que les modes de déplacement évoluent d’année en année à Strasbourg, la voiture n’est plus forcément le choix numéro un pour se rendre en ville. À la place, certain(e)s font le choix de prendre une moto ou un scooter, pour se simplifier le quotidien. Rencontre avec un mouvement de fond, qui accompagnera peut-être les futures évolutions de la mobilité en ville.
Dans le monde des mobilités, Strasbourg rime avec Stras-bouge. Depuis plusieurs années, les façons de se déplacer en ville ont considérablement évolué, avec une plus grande place donnée aux cyclistes avec le Ring vélo, aux piéton(ne)s et aux transports en commun avec les futurs trams ouest et nord, en plus du TSPO.
Dans le même temps, le stationnement en voiture est devenu payant au Neudorf, et le sera dès le 2 septembre dans tout le quartier de l’Orangerie. De plus, la M35 a vu sa vitesse abaissée à 70km/h et a, depuis 3 ans, une voie de covoiturage. En somme, la ville s’adapte aux nouvelles mobilités, laissant parfois les voitures dans son rétroviseur.
Avec ces changements, il peut parfois devenir difficile d’accéder à Strasbourg en voiture. En réponse, certain(e)s décident d’opter pour des deux-roues motorisés (moto ou scooter). Dans le Bas-Rhin, les ventes ont par exemple augmenté de près de 30% en 5 ans, selon les chiffres fournis par Eric Ey, responsable commercial chez Honda [2 834 ventes en 2023, contre 2 187 en 2018, ndlr].
Le mouvement reste discret, puisque dans le même temps, le marché des deux-roues neufs et d’occasion est en baisse de 4,5% au 1er semestre 2024 en France, selon les derniers résultats de l’Observatoire Solly Azar – AAA DATA, après plusieurs années de hausse. Cependant, au vu des futures évolutions des villes comme Strasbourg, avec de moins en moins de voitures, les deux-roues motorisés pourraient bientôt avoir plus de poids dans les politiques d’espace public – et poser de nouvelles problématiques.
Un mode de transport efficace pour aller à Strasbourg
Globalement, en plus du plaisir procuré par le fait de prendre son deux-roues pour profiter des beaux jours [un argumentaire repris par les trois personnes interrogées, ndlr], il y a surtout l’aspect pratique.
En effet, ce moyen de transport est plus simple à utiliser en ville que la voiture. Un critère important qui est devenu la raison n°1 des client(e)s derrière l’acquisition d’une moto ou d’un scooter, d’après Eric Ey. Il poursuit : « Il y a également des facilités de stationnement et de circulation » (dans une ville de moins en moins adaptée à la voiture).
Pour Maxime*, le choix d’un deux-roues motorisé a aussi été motivé par la facilité de se déplacer autour de Strasbourg : « J’ai toujours tout fait avec mon vélo, même dans les grandes villes où j’habitais à l’étranger. Mais pour voir des amis ou pour des rendez-vous en-dehors de Strasbourg, faire 45 minutes avec un transport en commun ou 35 minutes de vélo, ça commence à devenir long. » Ayant des soucis de santé, le deux-roues lui permet également d’accéder plus vite à l’hôpital de Hautepierre.
Selon Christian, c’est surtout « le moyen le plus efficace pour aller travailler à Strasbourg ». Le travailleur strasbourgeois développe : « En voiture c’est interminable, en deux-roues c’est deux à trois fois plus rapide, car on est moins concerné par les bouchons. » Il ajoute : « Ça reste un moyen de transport très agréable. »
Strasbourg, une ville où le stationnement des deux-roues reste flou
Si le deux-roues motorisé est pratique pour accéder à Strasbourg, pour s’y garer, le flou persiste un peu. Pour le moment, la Ville n’a pas de places de stationnement dédiées au sein de l’espace public, en-dehors des parkings.
Pourtant, selon Eric Ey, elle gagnerait à en avoir : « Aujourd’hui, dans la place de parking d’une voiture on peut mettre quatre motos… Dans la circulation, si on facilite l’accès à la ville des deux-roues, il y a moins d’embouteillages. »
Aucune mesure n'est à prévoir dans l'immédiat.
Pendant ce temps, les utilisateurs/rices de deux-roues motorisés se garent « où il y a de la place, tout en ne gênant pas la circulation des autres » selon Christian. Parfois sur le trottoir, parfois à côté des arceaux à vélos… « il y a des endroits où il est acquis que tu peux te mettre », selon Maxime*. Eric Ey propose, lui, de mettre en place un marquage au sol spécifique « deux-roues » sur des places de stationnement.
En revanche, du côté de la municipalité strasbourgeoise, il ne faut pas attendre de nouvelles mesures concernant les motos ou scooters dans un futur proche. Contactée dans le cadre de cet article, elle répond : « La situation des deux-roues motorisés n’ayant pas évoluée sur Strasbourg, aucune mesure n’est à prévoir dans l’immédiat. La Ville reste évidemment attentive aux évolutions d’usages et si des besoins devaient se présenter, des réflexions avec les représentants d’usagers pourront être menées afin de proposer des mesures adaptées aux besoins de tous et toutes ». On attendra donc avant de passer la deuxième.
*Le prénom a été modifié