Hier, La Kulture a fermé ses portes : c’est le Strasbourg de la nuit qui perd une pote. Ouvert en août 2015, le club et bar strasbourgeois vivait sa dernière danse le 14 juillet. On y était, le cœur un peu serré.
Hier, La Kulture a fermé ses portes. La fin d’une ère. Et rien de plus dramatique que dire : « La Kulture, c’est fini. »
Alors oui, d’autres bars ouvrent quand certains ferment. Y aura eu le Mudd, d’abord, et les soirées club du Rafiot. C’est l’ordre des choses : le cycle de la vie (nocturne) comme on dit. Mais d’un coup d’un seul, je me sens comme nos parents avant nous : les ancien(ne)s ont perdu leur Chalet, nous perdons aujourd’hui l’un des nôtres.
Je me rappelle de mes premiers pas là-bas… Si elle a ouverte en août 2015, c’était peut-être au printemps d’après. L’espace faisait bar, je ne clubbais pas encore tant : je restais à l’étage boire un verre, ignorant le bas, partant pas trop tard.
Et puis, la vie qui change, le cercle de potes aussi… 2017, je sors davantage, cherche le son où il résonne fort : on m’entraîne dans son caveau. Je ne le savais pas encore, il deviendra presque un fief.
Entre deux bières, un shooter de trop, j’y découvre les pintes de pastis dans ces verres en plastique iconiques (du genre qu’on pique).
Motif sirènes à barbe, matelots : la Kulture, c’était un peu le port d’Amsterdam de la Krutenau. Il attirait les pêcheurs/ses dans ses filets, les pécheurs/ses dans ses soirées.
D’année en année, la déco change, les DJ passent, et les collectifs y émergent, grandissent, mûrissent puis reviennent ou disparaissent. On se rappelle de petites projections intimes et indés, des jeudis open platines… et de ses vendredis et samedis soirs, parfois un peu moins au réveil, le lendemain.
On n’oublie pas le fumoir étroit, ni le gros ventilo en bas, ni les tags sur les murs qui font légion, les stickers aussi, du sol au plafond, même sur les caissons.
Et puis, petit à petit, le couloir jaune vers la Cour des miracles déjaunit, le bar vieillit, se vide… Peut-être à cause du Covid. Ou du public qui l’oublie. Et les miracles se font plus rares.
Un jour, la rumeur d’une fermeture se chuchote entre deux portes, dans tout Strasbourg. Les mois passent, la rumeur s’intensifie, mais La Kulture tient ses murs. Les fidèles passent encore, moi aussi… certes un peu moins. Les souvenirs sont là, mais le public manque : c’est la Kulture d’avant qui manque.
Et enfin le 12, on nous annonce que ça y est, le 14, ce serait vraiment fini. Qu’en parallèle des célébrations de la fête nationale dans toute la France, la Kulture ferait sa « dernière danse ». Drôle d’anniversaire pour ses presque neuf ans : ambiance feux d’artifice et pétard mouillé. De la prise de la Bastille à la crise de la Kulture, c’est une grosse révolution en ce 14 juillet. J’y étais, le cœur un peu serré.
Bref : papa, maman, je vous ai compris… C’était donc ça, la nostalgie.
De la prise de la bastille à la crise de la Kulture ….. non mais vous n’avez pas honte ?