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Rencontre avec Chasseur de sons, le Strasbourgeois qui sublime les bruits du quotidien

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Charles Rose, alias Chasseur de sons sur les réseaux sociaux, enregistre des « paysages sonores » comme bien d’autres audio-naturalistes avant lui. Néanmoins, il a eu l’idée géniale de les mettre en image (avec talent) et de vulgariser son savoir pour le plus grand nombre. Et ça marche : le Strasbourgeois est aujourd’hui suivi par des millions de personnes à travers le monde.

Ce sont d’abord les mots qui interpellent. « J’ai pas le micro qu’il faut pour isoler le son des pièces de monnaie qui tombent du reste de l’ambiance, tu vois ? » Puis les curieux/ses observent l’attirail pour le moins original : un pied de caméra dans une main, un micro dans l’autre, une sorte de talkie-walkie – en apparence – à la ceinture.

Au milieu des touristes, parmi les habituel(le)s visiteurs/ses de la cathédrale de Strasbourg plutôt intéressé(e)s par un selfie devant l’horloge astronomique, Charles Rose détonne au-dessus des grilles du sol. « T’as entendu ce qu’il raconte lui ? Ça a l’air passionnant ce que vous faites monsieur, vraiment », lance un homme à quelques mètres de lui. Qui est donc ce drôle de bonhomme, à mi-chemin entre un réalisateur de film fou et un ranger prêt à aller mater les lions dans la savane ? 

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C’est un chasseur de sons. Il parcourt le monde (surtout Strasbourg et l’Allemagne, et un peu d’autres territoires d’Europe) à la recherche des sonorités les plus originales qui soient. Puis il les met en image sur Instagram ou sur TikTok.

Si vous avez vu passer ces derniers temps une vidéo sur le son de la mousse, le grincement d’un sapin, ou le son d’un escalator, c’est bien de Charles Rose dont il s’agit. Il cumule à ce jour 1,2 million de followers/ses sur Instagram, plus de 100.000 sur TikTok, et plusieurs dizaines de millions de vues sur certaines vidéos.

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© Tamara Leroy / Pokaa

Un succès international (sa plus grosse communauté est américaine) qu’il n’explique pas vraiment, et qui lui est tombé dessus en l’espace de quelques mois. « Quand j’ai eu mon diplôme d’ingénieur en 2022, j’ai décidé de me lancer dans le field recording [l’enregistrement des paysages sonores, ndlr] tout en prenant en job alimentaire et en économisant. Depuis six mois je suis à plein temps sur la prise de son, et je vis sur mes économies. »

C’est justement depuis qu’il s’est lancé à 100% dans cette aventure que le buzz autour de ses contenus s’est formé. « Du jour au lendemain j’ai eu des gens de tous les pays qui se sont mis à commenter mes vidéos. C’est pour ça que je me suis mis à les sous-titrer en anglais. Je prends un temps énorme à les travailler pour ne pas faire de faute. »

Charles Rose chasseur de sons
Charles Rose se prépare pendant de longues minutes avant de se lancer dans sa « chasse » aux sons, même en plein milieu de la cathédrale. © Guillaume Poisson / Pokaa

Mais revenons à notre rencontre dans la cathédrale, et aux grilles où les pièces de monnaie s’accumulent. Si par manque de matériel, il n’enregistre pas les sons de l’argent lancé par les visiteurs/ses, il peut « prendre l’ambiance du lieu ». 

 Il dépose alors son gros sac à dos dans un coin et met 10 bonnes minutes à affûter ses armes : casque sur les oreilles, micros omnidirectionnels – qui enregistrent les fréquences sonores dans toutes les directions – et câbles enroulés à la ceinture… Une fois paré, il s’élance, micros brandis comme une sorte de paratonnerre, sous le regard intrigué ou amusé des passant(e)s. « Je peux mettre des heures à trouver le bon son. Parfois je n’en trouve pas du tout. Comme les chasseurs… Mais c’est pas grave, dans tous les cas je prends du plaisir. »

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Il tend ses micros pour mieux capter l'ambiance du lieu dans son ensemble. © Guillaume Poisson / Pokaa

Des vidéos, mais aussi des albums et des morceaux de musique

Soudain, le clocher résonne. « Oh », chuchote-t-il. Il nous expliquera par la suite qu’il a pu enregistrer la superposition de centaines de bruits de pas sur la dalle de la cathédrale et du clocher. « Tous mes sons ne deviennent pas des vidéos. Il faut qu’il y ait une belle lumière, le bon environnement. Le côté visuel est aussi important que le sonore pour les réseaux sociaux », explique Charles Rose… Qui est tout aussi passionné par la vidéo que par l’audio et qui dit passer « jusqu’à trois jours de travail en cumulé », pour une vidéo d’une vingtaine de secondes.

Mais alors, que fait-il des sons quand ils ne sont pas destinés aux réseaux ? « Parfois j’en fais des samples [des échantillons, ndlr] qui sont ensuite utilisés par des artistes. J’en garde d’autres dans mon stock pour m’en servir sur mes productions musicales à moi. L’un de mes principaux projets est de capturer tous les sons de ma ville. Le son du bretzel qui craque, le son du tram qui passe, aller à la station Gallia et enregistrer l’ambiance, le clocher de la cathédrale, l’horloge astronomique» Charles Rose envisage d’en faire un morceau de musique doublé d’un clip avec des images de Strasbourg.

@chasseurdesons

The sound of the escalator in Strasbourg railway station ⚙️ This audio was created with two microphones: • Geophon: for low frequencies. • Contact microphone: for the rest of the spectrum. #aesthetic #science #tiktok #fyp #pourtoi

♬ son original – Charles Rose 👂

Il n’en serait pas à son coup d’essai, puisqu’il a déjà sorti un album peuplé de sons de la Norvège. Le morceau intitulé Geiranger Fjord est par exemple composé avec des sons récupérés dans une église en bois, mais aussi avec ceux des rivières et des lacs du pays. C’est au cours de ce périple, effectué en 2019, qu’il a eu l’idée de se lancer dans l’audio-naturalisme.

« J’ai eu cette envie de créer des paysages sonores avec ce que j’entendais dans la ville. Récemment, par exemple, j’ai enregistré le son d’un accordéon qui jouait l’air de la Casa de Papel, et au même moment il y a eu une sirène de police derrière. Quand je voyage ou que je me déplace dans la ville aujourd’hui, je fais attention à tout, je suis à l’affût. »

Charles Rose, chasseur de sons
Il utilise un hydrophone pour capter le son sous l'eau. © Guillaume Poisson / Pokaa

Une fois la cathédrale sillonnée, Charles Rose a prévu d’aller du côté des quais. Le son recherché ? Celui créé par les bateaux, à plusieurs mètres sous l’eau quand ils passent. « Je pense que c’est un son qui peut être utilisé pour des films par exemple, ou même pour de la musique. »

Sur place, il pose de nouveau son sac, à la recherche d’un autre type de micro cette fois : l’hydrophone. « Je peux le plonger à plusieurs mètres de profondeur sans qu’il ne s’abîme, il est fait pour ça », lâche-t-il tout en faisant descendre son matériel dans les tréfonds (pas si profonds) de l’Ill.

Le même micro a plongé sous un lac gelé en Allemagne, pour aboutir à sa vidéo la plus populaire, plus de 40 millions de vues, il y a quelques semaines sur Instagram. « Ça plaît aux gens pour le côté relaxant, ou parce qu’ils ont l’impression de découvrir la nature autrement, mais aussi simplement pour le côté technique », souffle-t-il en nous installant son casque sur les oreilles.

Un monde surgit. Des clapotements. Un grésillement au loin. Puis le bateau qui arrive. Il est encore à plusieurs centaines de mètres mais on entend déjà l’eau frémir. Étonnamment, le son est assez aigu, presque comme un cri. « Je ne m’attendais pas à ça pour le coup… C’est la magie du son quoi », dit-il avec un grand sourire, dès qu’il remet son casque sur les oreilles.


La page Instagram de Charles Rose – Chasseur de sons 
Sa page Youtube 
Son compte TikTok


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