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Mystères de Strasbourg : quelle est l’histoire du Quartier des XV ?

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C’est l’heure de la rentrée pour Julius Pepperwood. Avachi dans son fauteuil, encore écrasé par la canicule de cette fin d’été, il sirote tranquillement son whisky en inspectant la pile de dossiers qui l’attend. Peu motivé à démarrer, il décide plutôt de sortir de chez lui, à la découverte d’un nouveau quartier. Après tout, il reste encore des coins de Strasbourg qu’il n’a pas explorés…

Il y a des quartiers strasbourgeois aux noms plus mystérieux que d’autres, qui donnent envie de se plonger dans leur histoire, pour mieux comprendre celle de notre ville. Le quartier du Conseil des XV en fait partie.

Bordé par l’Ill, le canal de la Marne au Rhin, le bassin des Remparts et le boulevard de la Victoire, il donne une impression d’aisance, avec tous ses espaces verts et son côté aéré, symboles des quartiers les plus cossus. Mais c’est surtout un endroit qui possède une histoire particulière, et renferme plus de secrets qu’il n’en a l’air.

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Le quartier vu d'en haut. © Digito - Creative Commons paternité – partage à l’identique 4.0

Avant-avant-hier, une référence au Moyen-Âge

Loin d’être une référence au Conseil des 4 version Pokemon – dommage -, le quartier du Conseil des XV tire plutôt son nom d’une inspiration moyenâgeuse. Selon l’ADIQ (Association de Défense des Intérêts des Quartiers centre-est de Strasbourg : Quinze-Orangerie-Marne/Anvers-Musiciens-Rotterdam-Forêt Noire et quartiers limitrophes), il provient littéralement du Conseil des XV, une des trois chambres qui composait le Magistrat de Strasbourg, système de gouvernement hérité du Saint Empire Romain Germanique.

Ce conseil particulier, qui durera de 1433 à la Révolution, traitait spécifiquement des affaires intérieures. Il était alors composé de 5 nobles et 10 bourgeois, tous cooptés à vie. Niveau compétences, ces 15 joyeux lurons veillaient sur le commerce et l’industrie, fonctionnant telle une cour d’appel commerciale.

Ils étaient même compétents en matière de police et de finances, surveillaient la perception des impôts et surtout contrôlaient les membres du Magistrat et les employés de la ville dans l’exercice de leurs fonctions. En somme, le Conseil des XV, c’était un peu les boss du Strasbourg game. Et quand l’un d’eux mourraient, sa veuve recevait 600 fagots de bois. Aux grands hommes la patrie reconnaissante, comme on dit.

Enfin, et parce que ce sera important pour plus tard, parmi leurs autres attributions ils possédaient les jardins de la ville. Dont le secteur de prairies humides qui contenait un certain lieu dit, nommé « Fünfzehnerwörth », sur lequel va naître le quartier tel qu’on le connaît aujourd’hui.

Avant-hier, un quartier bien vert

Le quartier des XV donne un sentiment de vert et d’espace, qui peut trancher avec la minéralité de certains autres. Cette impression ne vient pas de nulle part. Pour s’en convaincre, grand saut dans le temps, pour se retrouver dans le Strasbourg du début du 20e siècle. En 1911, alors sous autorité allemande, la Ville décide de lotir 12 hectares du fameux lieu-dit « Fünfzehnerwörth », dont elle est devenue propriétaire.

Elle lance alors un concours pour construire un quartier de villas bourgeoises dès 1912. Parmi les architectes retenus, on peut mentionner Joseph Müller, qui a construit le Palais des Fêtes, et Edouard Schimpf, qui a érigé la cité-jardin du Stockfeld. Se trouvant proche des nappes phréatiques, le lotissement se construit par rues surélevées sur des terrassements. Et dès 1913, le quartier est accessible via le tram.

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© Archives de Strasbourg - Archi Wiki

Mais le vrai changement pour le quartier arrive quelques années plus tard, en 1923. Après la guerre, la Ville relance les constructions, mais pas n’importe comment : elle met en place certaines règles. Selon l’ADIQ, « un arrêté municipal de 1923, modifié en 1983, reprend de nombreuses prescriptions pour la construction de villas dans le quartier, dans l’esprit des cités-jardins ».

Parmi ces prescriptions, la plus connue reste celle-ci : l’emprise au sol des constructions de toute nature, soit la projection verticale du volume de la construction, ne peut excéder 25 % de la surface totale du terrain. En d’autres termes : quand on construit, il faut garantir des espaces verts et aérés autour des habitations.

Hier, la terre d'accueil de la première cité de France

Malgré son aspect vert et aéré typique de la représentation du beau quartier que l’on s’en fait, le Conseil des XV abrite aussi des coins bien plus populaires. Et pas n’importe lesquels : la première cité de France, la cité Rotterdam. Deuxième saut dans le temps, cette fois-ci après la Seconde Guerre mondiale. On se retrouve en 1950, année où le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme lance un concours pour construire le premier grand ensemble de France.

Le grand gagnant est l’architecte Eugène Beaudoin, avec son projet de 800 logements répartis dans onze immeubles de tailles différentes (de deux à quatorze étages) entourant un parc paysager, au milieu duquel se trouve une école. En seulement 14 mois, entre 1951 et 1953, la cité Rotterdam prend vie, avec une structure de béton armé, remplie de béton préfabriqué pour les façades et en utilisant la brique pour les murs porteurs, selon le ministère de la Culture. Ce seront pas moins de 2 000 personnes qui seront ainsi logées sur cet espace de 9 hectares. Une prouesse, qui aura même le droit à son reportage dédié de l’INA.

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© Google Maps

Par la suite, la Cité connaîtra une réhabilitation profonde entre 1997 et 2000 qui, selon Archi Wiki, « a modifié également l’aspect extérieur des bâtiments », donnant « un caractère plus triste aux immeubles ».

Un autre programme de rénovation débutera en 2016, avec près de 30 millions d’euros injectés pour 712 logements réhabilités. Il se terminera en 2019, pour donner la Cité Rotterdam que l’on connaît aujourd’hui. Entre temps, elle obtient le label « Patrimoine du XXe siècle » depuis le 24/06/2004.

Aujourd’hui, un quartier fusionné avec l’Orangerie

Aujourd’hui, le quartier du Conseil des XV ne se limite pas à sa Cité Rotterdam ; il se compose également de plusieurs grands ensembles, comme la cité Spach, la cité Léon Blum, celle du Boulevard de la Marne ou encore le terrain du Bon Pasteur. Depuis près de 10 ans maintenant, le quartier a également fusionné avec celui voisin de l’Orangerie, pour former un grand ensemble comprenant en plus l’île Sainte-Hélène et une partie du Contades.

Désormais, les habitant(e)s du quartier bénéficient de deux grands parcs, avec le jardin de l’Université et l’Orangerie, mais également du prestige des institutions européennes. Un endroit où il fait bon vivre, et plus divers qu’il n’en a l’air au premier abord. Le résultat d’une histoire et de spécificités bien de chez nous, qui rende curieux/ses. Et nous donne l’envie de flâner et de se balader, afin de mieux comprendre notre ville, quartier par quartier.

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Commentaires (3)

  1. j’ai adoré ce quartier lorsque j’habitais à Strasbourg (rue Zimmer) 2006-2008 je le faisais en vélo avec un ami que de souvenir merci pour ce bel article

  2. Bonjour
    J’ai 71 ans et j’ai vécu toute mon enfance dans une maison rue du conseil des XV. C’est vraiment un quartier très calme avec de superbes maisons de maître.
    Il y a le parc de l’Orangerie pour y faire de magnifiques promenades. Dans ce parc il y a le pavillon de l’impératrice Joséphine de Beauharnais épouse de napoléon Bonaparte.
    Le quartier est situé à côté du conseil de l’Europe.
    Tout cela mérite une visite.

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