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72 % des Français(es) sont contre : que contient réellement la réforme des retraites ?

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Après une première journée de manifestation contre la réforme des retraites le 19 janvier dernier, Strasbourg repart pour un tour ce mardi 31 janvier. Comme la grogne envers le projet de réforme du gouvernement ne risque pas de faiblir, on a essayé de comprendre ce qui n’allait pas.

Le 19 janvier dernier, c’était le premier jour de la contestation dans la rue contre la réforme des retraites. Une mobilisation forte était attendue, et elle le fut. Plus de 2 millions de personnes ont défilé dans la rue, selon la CGT, contre 1,2 million selon le ministère de l’Intérieur. À Strasbourg, plus de 15 000 personnes ont ainsi pris les rues de la ville d’assaut pour exprimer leur mécontentement, contre une réforme impopulaire, puisque, selon un dernier sondage BFM TV, 72 % des Français(es) se prononcent contre, un chiffre en hausse.

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Désormais, le combat continue et une deuxième journée de manifestation est prévue au niveau national le 31 janvier. Dans notre ville, la manifestation débutera à 14h, cette fois-ci avenue de la Liberté, près de République, plus propice aux grands rassemblements. Le parcours emmènera ensuite les Strasbourgeois vers les quais, la Krutenau, la place Kléber pour terminer à nouveau place de la République.

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© Intersyndicale des syndicats bas-rhinois

Le recul de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans

Pourquoi autant de monde manifeste dans la rue contre ce projet de réforme, dévoilé le 10 janvier dernier par le gouvernement et qui devrait démarrer le 1er septembre 2023 ? Premièrement, à cause de sa mesure phare : le recul de l’âge légal du départ à la retraite, qui passe progressivement de 62 à 64 ans, à raison d’un trimestre par an.

Grosso modo, cela fonctionne ainsi : les premières personnes concernées sont celles nées à partir du 1er septembre 1961, qui devront désormais partir à la retraite dès 62 ans et trois mois. Celles nées en 1962 devront partir dès 62 ans et six mois, et ainsi de suite jusqu’en 2030. Les personnes nées en 1968 devront donc partir à la retraite à 64 ans.

En choisissant 64 ans, le gouvernement a tout de même reculé sur une des promesses de campagne d’Emmanuel Macron, qui proposait initialement 65 ans comme âge de départ légal. Par ailleurs, le gouvernement a également annoncé que ce recul sera sans effet sur l’âge d’annulation de la décote, soit la minoration de la pension de retraite, qui reste fixé à 67 ans. En résumé : à cet âge-là, quoiqu’il arrive, on pourra bénéficier d’une retraite à taux plein.

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© Gouvernement

Plus d'années de cotisations et moins de régimes spéciaux

Néanmoins, autre conséquence de ce recul de l’âge légal : il faudra cotiser plus longtemps pour bénéficier d’une retraite à taux plein. En effet, à partir de 2027, la durée de cotisation requise pour bénéficier d’une retraite à taux plein passera à 43 ans, soit 172 trimestres, au lieu de 40 ans aujourd’hui. Le gouvernement avance ici plus vite que celui de François Hollande, qui avait prévu la même durée en 2014 avec la réforme Touraine, mais pour 2035. Les premier(e)s concerné(e)s ? Les personnes nées en 1965.

En outre, la grande majorité des régimes spéciaux, permettant de partir avant l’âge légal, vont disparaître avec cette réforme, rejoignant le sort des cheminots en 2020. Concrètement : les nouveaux embauchés à la RATP, dans les industries électriques et gazières, à la Banque de France, mais aussi les clercs de notaires et les membres du Conseil économique social et environnemental (CESE) seront affiliés au régime général. Ils deviennent ainsi concernés par le décalage de l’âge légal et de départ et l’allongement de la durée de cotisation, à partir de 2025.

Manifestation contre la réforme des retraites 19 janvier 2023
© Adrien Labit / Pokaa

Une revalorisation des petites retraites à 1 200 euros... qui ne concernera pas grand monde

Pour contrer dans l’opinion publique ces annonces impopulaires, le gouvernement pensait avoir trouvé sa botte secrète : la revalorisation des petites retraites à 1 200 euros brut grâce à une augmentation de 100€ par mois du minimum de pension. Ainsi, selon le gouvernement, les 20% des retraités les plus pauvres verraient leur pension augmenter plus rapidement. Une bonne chose.

Sauf que, lorsqu’on y regarde de plus près, cette mesure est plus complexe qu’elle n’en a l’air. Et surtout, très peu de personnes seraient en réalité concernées. L’explication est simple : pour toucher les 1 200 euros bruts, il faudra avoir travaillé au Smic toute sa vie. Et une telle carrière, c’est extrêmement rare.

En effet, selon un rapport de 2018 du groupe d’experts mandaté par le gouvernement pour étudier les questions liées au Smic, “70% des périodes passées au voisinage du salaire minimum ne durent pas plus d’une année”. Si ce rapport n’est pas entièrement transposable à la réalité de la réforme gouvernementale, on comprend que, selon les règles mises en place par le gouvernement, très peu de personnes verront concrètement une augmentation de leurs pensions de 100 euros.

Manifestation contre la réforme des retraites 19 janvier 2023
© Adrien Labit / Pokaa

Une augmentation qui ne sera d’ailleurs pas pour tout le monde. Une réalité qui s’explique par le le fonctionnement du mécanisme du minimum contributif (Mico), concerné par cette revalorisation de 100 euros. Selon France Inter, le Mico, d’un total de 747,57 € maximum, est divisé en deux : une partie fixe de 684,14€ et une majoration de 63,43€.

Il va effectivement être revalorisé… en deux parties. La partie de base augmentera de 25 euros (709,14€), alors que la majoration augmente de 75 euros (111,43€). On est à 100 euros, le compte est bon. Sauf que, pour toucher la majoration dans son entièreté, il faudra avoir au moins 120 trimestres cotisés, hors maladie, maternité ou chômage… et également ne pas toucher trop d’argent dans sa carrière, pour continuer à être éligible au dispositif. Un vrai casse-tête.

Finalement, selon Alternatives Économiques, le seul point positif est que cette revalorisation devrait tout de même bénéficier à un plus grand nombre de personnes, notamment celles qui ont travaillé à temps partiel ou avec des carrières fragmentées. Néanmoins, la hausse réelle sera sans doute inférieure à 100 euros.

Manifestation contre la réforme des retraites 19 janvier 2023
© Adrien Labit / Pokaa

Les dispositifs carrières longues et retraites anticipées conservés

Le gouvernement ne fait pas tout reculer, il conserve également certains dispositifs. Concrètement, les personnes ayant commencé à travailler tôt ne travailleront pas plus de 44 ans. De plus, les personnes invalides et inaptes pourront partir à 62 ans à taux plein, les travailleurs handicapés à 55 ans et les accidentés du travail et les salariés ayant une maladie professionnelle à la retraite deux ans avant l’âge légal.

Le gouvernement annonce également mieux prendre en compte la pénibilité du travail. Concrètement, l’accès au compte professionnel de prévention (C2P), qui permet de cumuler des points pour un départ à la retraite anticipée, va être élargi. Ce sont ainsi 60 000 personnes supplémentaires qui en bénéficieront, parmi lesquelles les travailleurs de nuit ou les salariés exposés à plusieurs risques professionnels.

Manifestation contre la réforme des retraites 19 janvier 2023
© Adrien Labit / Pokaa

Les femmes, principales désavantagées de la nouvelle réforme

Dernier point, et non des moindres, il semblerait que les femmes soient encore plus désavantagées par la future réforme des retraites que les hommes. Une réalité concédée, non sans gêne, par Franck Riester, ministre des Relations avec le Parlement, sur Public Sénat le 23 janvier dernier.

En effet, selon les projections de la Caisse nationale d’assurance-vieillesse mentionnées dans l’étude d’impact du gouvernement, les femmes nées en 1972 travailleront en moyenne neuf mois de plus qu’en l’absence de réforme, contre cinq mois pour les hommes. Pour celles nées en 1980, le départ à la retraite se fera huit mois plus tard, contre quatre pour les hommes de la même génération.

Manifestation contre la réforme des retraites 19 janvier 2023
© Adrien Labit / Pokaa

Une flagrante inégalité qui s’explique notamment par le fait que les femmes connaissent des carrières plus hachées que les hommes. Alors que la réforme préserve le dispositif de retraite anticipée pour carrières longues, celles-ci concernent moins les femmes, qui devront ainsi travailler plus pour toucher une retraite à taux plein. Comme le résume Franck Riester : « Les femmes sont pénalisées par le report de l’âge légal ».

À tel point qu’au sein même des députés de la majorité, on s’active pour trouver des solutions à ce problème. Selon Franceinfo, ont notamment été déposés des amendements permettant aux femmes mères de deux enfants ou plus de prendre leur retraite à 62 ans, si elles ont tous leurs trimestres, ou d’autres abaissant l’âge légal de départ à la retraite pour celles dont la carrière a été affectée par la grossesse et l’accouchement. Signe d’un projet de loi qui n’a pas fini d’évoluer.

Considéré par le gouvernement comme le seul et unique moyen de résorber le déficit du système des retraites, d’environ 10 milliards au moins jusqu’en 2039, ce projet de réforme n’a pas fini d’unir contre lui. Ainsi, le 31 janvier, Strasbourg redescendra dans la rue pour montrer sa contestation, pour une manifestation qui en amènera encore d’autres.

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72 % des Français(es) sont contre : que contient réellement la réforme des retraites ?

Commentaires (1)

  1. Il serait très appréciable d’arrêter d’utiliser le terme “grogne” dès que l’on parle de contestation populaire. Le terme a été popularisé par les média pas franchement de gauche, et pour mémoire, le terme grogner fait généralement référence à des animaux et à une expression de mécontentement inarticulé. Les mots ont un sens et une portée. Parler de grogne quand les citoyens manifestent c’est réducteur et insultant.

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