Pour le conseil municipal d’aujourd’hui, la municipalité va faire voter plusieurs sujets chauds. Parmi eux, celui des subventions aux acteurs culturels. Première financeuse de la culture, la Ville va pourtant acter une baisse de 2,5 % de ses subventions. À la place, elle tente de trouver d’autres moyens pour pallier à cette baisse. On fait le point.
Voilà une information qui risque de nourrir les débats du prochain conseil municipal : le 8 décembre dernier, la Ville a annoncé diminuer les subventions données aux acteurs culturels, de l’ordre de 2,5 % par rapport à l’an dernier.
Cette décision, prise en concertation avec les acteurs culturels selon la municipalité, faisait pourtant partie des hypothèses redoutées par le monde de la culture strasbourgeoise.
Une baisse de 2,5 % des subventions globales
Concrètement, les nombreux acteurs culturels de la ville vont connaitre une baisse de subvention de l’ordre de 2,5 %. Par rapport au budget de l’année précédente, seules deux structures voient leur financement par la Ville rester le même : la Laiterie et les Percussions de Strasbourg. Pour la première, la subvention inchangée de 610 000 euros peut s’expliquer par le fait qu’elle fermera bientôt ses portes pour travaux, comme on l’annonçait ici.
Pour le reste néanmoins, tout est revu à la baisse. Par exemple, le Maillon perd 60 875 euros, le TJP perd près de 30 000 euros, alors que Jazzdor et l’Espace Django perdent près de 6 000 euros. Tout le reste peut être comparé dans les tableaux ci-dessous.
Alors que le point des subventions culturelles avait été adopté sans vote au conseil municipal l’année dernière, il y a fort à parier que les débats seront plus nourris cette année. Surtout dans un contexte culturel tendu par la fermeture des musées strasbourgeois un jour supplémentaire.
Pérenniser la culture et financer de nouveaux projets
Néanmoins, la mairie ne reste pas non plus les bras croisés et pense déjà à des solutions pour compenser cette baisse de subventions, qui n’est pas due cette fois-ci à la crise énergétique. Déjà, il faut noter qu’avec 86,6 millions d’euros de budget de fonctionnement par an, la culture reste le deuxième budget de la Ville de Strasbourg.
Jeanne Barseghian et Anne Mistler ont également dévoilé deux moyens supplémentaires pour pérenniser la place de la culture strasbourgeoise.
Le premier moyen, c’est la signature de conventions pluriannuelles avec d’autres acteurs institutionnels, comme la CEA, la Région, la DRAC, l’État ou encore l’Eurométropole de Strasbourg. L’objectif étant de donner de la visibilité sur trois ans aux structures culturelles bénéficiaires, afin de se projeter à moyen-terme.
Concrètement, la Ville signe par exemple une convention avec l’association Relatio, qui propose la création d’un festival littéraire biannuel. Pour Pôle Sud, la convention réunit la Ville, la CEA, la DRAC, la Région et désormais même l’Eurométropole. En somme : renouveler les partenariats en faisant intervenir plus d’acteurs institutionnels, pour tranquilliser les fonds et permettre de développer sereinement les projets.
Le second moyen proposé par la Ville est le financement de certains projets culturels grâce aux fonds européens du Contrat triennal, voté l’année dernière. Le fonds de soutien se chiffre à 9 millions d’euros, dont 40 % sont déjà dirigés vers le développement de projets.
26 nouveaux projets seront ainsi financés, comme les résidences européennes de Central Vapeur, le Festival européen du film fantastique, le projet Kronos de fictions sonores à ciel ouvert des Ensembles 2.2 ou encore de l’investissement dans des séries ou films, comme la série Parlement, tournée à Strasbourg.
La Ville va présenter un sujet potentiellement explosif ce lundi en conseil municipal. La culture prend quelques coups ces derniers temps à Strasbourg, et nul doute que l’opposition s’en donnera à cœur joie. En choisissant de baisser les subventions aux acteurs culturels mais en utilisant d’autres moyens pour pérenniser la culture strasbourgeoise, la Ville se retrouve donc à faire une performance d’équilibriste qui n’aurait pas dénoté au FARSe. Il faudra être particulièrement bonne conteuse pour expliquer sa décision devant le théâtre municipal, où on a souvent le droit à des représentations plus ou moins inspirées de ses différents acteurs.