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À l’approche de l’hiver, les conditions sur le camp de l’Étoile se dégradent de jour en jour

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Ces dernières semaines, les températures ont grandement chuté à Strasbourg. Sur le camp de l’étoile, une centaine de migrants dort toujours sous des tentes en proie au froid, à l’humidité et aux rats. Sur place, on trouve en grande majorité des familles avec des enfants, qui rentrent y dormir le soir, après leur journée d’école.


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Petit récap' rapide

Printemps 2022 : les premières tentes apparaissent sur la place de l’Étoile, à proximité du bâtiment de l’Eurométropole.
8 juillet : 16 associations locales demandent à la municipalité et à la préfecture de loger les personnes présentes sur le camp, d’installer des toilettes et un accès à l’eau.
14 juillet : le campement est évacué et ses occupants sont accompagnés vers un gymnase afin que les célébrations du 14 juillet puissent avoir lieu. Quelques jours plus tard, les premières tentes sont de retour.
5 septembre : la Ville installe des toilettes sèches à proximité du camp.
16 septembre : la Ville ouvre le gymnase du Heyritz, pouvant accueillir 100 personnes.
26 octobre : des associations locales réalisent un diagnostic médico-social sur le campement de la place de l’Etoile. Résultat : 193 personnes rencontrées, dont un très grand nombre d’enfants et de personnes ayant des problèmes de santé.
27 octobre : Jeanne Barseghian interpelle la Première ministre pour garantir l’accès à un hébergement d’urgence.
3 novembre : la Ville présente son projet de tiers-lieu à Koenigshoffen, un accueil de jour dédié aux migrants et aux personnes sans domicile. Son ouverture est prévue pour le 29 novembre prochain.


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© Mathilde Cybulski

La situation n’est pas nouvelle. Les premières tentes ont été installées sur le parc de l’Étoile au printemps dernier. Aujourd’hui, c’est tout un camp qui s’est formé, regroupant des migrants d’origines diverses. Macédoniens, Arméniens, Géorgiens, Albanais, ou encore Afghans, il s’agit en grande majorité de familles ayant fui leur pays et qui attendent que leur situation administrative soit régularisée. 

Gabriel, militant en faveur de la liberté de circulation, se rend régulièrement sur place depuis que le camp de l’étoile s’est formé. Selon lui, il y a un gros turn over depuis cet été. Certaines personnes partent après seulement quelques jours ou plusieurs mois, puis de nouvelles arrivent. “Ils viennent ici parce que le parc de l’Étoile, c’est l’endroit réputé un peu plus “safe”. Il y a beaucoup de personnes malades, des personnes âgées, ce sont les profils les plus vulnérables. Il y a peu d’hommes seuls, ou alors ils sont malades ou en béquilles. indique le Strasbourgeois. 

Fin octobre, plusieurs associations locales et travailleurs sociaux parmi lesquels Médecins du Monde, Les Petites Roues, ou encore le Secours populaire, ont établi un diagnostic  médico-social du camp. Près de 193 personnes ont été recensées le jour de l’opération et au minimum 43 enfants dorment sous des tentes. De nombreuses personnes souffrent aussi de problèmes de santé.

Et avec la chute des températures ces dernières semaines, la situation ne cesse de s’aggraver.Là, les conditions météo se dégradent de ouf. Tout est une galère. Il y en a qui sont à bout, il y en a ça fait cinq mois qu’ils sont sur place et qui n’ont plus aucune perspective. Les nuits commencent à être froides, ils sont prêts à aller occuper un bâtiment vide tous ensemble si on leur dit que c’est possible.” alerte Gabriel.

“Je me réveille le matin, et tout est mouillé. La température a changé d’un coup.”

Sur le camp, les tentes sont posées sur l’herbe et les familles se partagent deux points d’eau. Pour pouvoir manger chaud, certains hommes allument des feux. Mais la plupart du temps, il faut compter sur les associations ou bien se contenter d’un sandwich froid sous la tente. D’origine albanaise, Firalba dort sur place avec son mari et sa fille de sept ans. “Je me réveille le matin, et tout est mouillé. La température a changé d’un coup.” déplore la mère de famille. Après trois mois passés sous la tente, elle attend toujours une réponse à sa demande d’asile. 

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© Caroline Alonso Alvarez / Pokaa

Dans les tentes à côté de la sienne, deux autres femmes albanaises se sont rassemblées autour d’une petite table de camping. L’une est arrivée il y a deux mois avec son mari malade et l’autre explique avoir également de gros problèmes de santé. Installé dans une tente à proximité de la route, Dengis, 28 ans, veille sur ses deux parents malades et endosse aussi le rôle de traducteur : C’est une situation très difficile. Ma mère est malade, mon père aussi et on vit dehors depuis six mois. La famille macédonienne vient de se voir refuser l’asile et compte lancer un recours le lendemain de notre rencontre.

En journée, la plupart des occupants utilisent les toilettes publiques de la gare routière, situés juste à côté du parking. Mais la nuit, seule une toilette reste ouverte et quelques personnes s’installent souvent devant l’entrée pour y passer la nuit. Par peur, la plupart des femmes et des enfants se replient donc sur les toilettes sèches mises en place par la Ville.  

Malgré la mobilisation des habitants et de plusieurs associations, comme le Petites Roues, le collectif D’ailleurs Nous Sommes d’Ici 67, ou le Secours Populaire, les conditions de vie sur le camp restent dramatiques. “C’est invivable, quand il y a eu les grosses averses, tout était boueux. L’humidité monte, le froid monte et les tentes ne sont pas équipées pour ça. Ce n’est pas une vie, je ne sais pas comment les gamins peuvent se projeter dans un avenir” s’inquiète Isabelle, membre du collectif D’ailleurs Nous Sommes d’ici 67.

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Des bénévoles et des membres du collectif d'Ailleurs nous Sommes d'ici se sont rassemblés pour donner une petite conférence de presse sur le camp. © Caroline Alonso Alvarez / Pokaa

Des enfants qui font leurs devoirs à la lampe de poche

Le soleil à peine couché, les rats commencent à se faufiler entre les tentes. Rita* s’assure que sa tente est bien fermée en attendant le retour de ses enfants. Son garçon de 17 ans est scolarisé au lycée René Cassin et sa fille de 14 ans au collège Caroline Aigle. Tous les trois vivent sur le camp depuis maintenant trois mois. “Ma fille était une excellente élève. L’année dernière, elle avait les félicitations de tous ses professeurs” assure Rita, qui a exercé pendant vingt ans en tant que professeure d’albanais et de littérature en Albanie.

Elle explique que dans son pays d’origine, toute la famille était en danger à cause du métier de son mari, policier. Aujourd’hui, lorsqu’ils finissent les cours, ses enfants se rendent à la médiathèque pour faire leurs devoirs. Et quand le bâtiment est fermé, il faut travailler sous la tente, à la lumière de la lampe de poche. Au milieu de leurs camarades de classe, les deux enfants font bonne figure et évitent de parler de leur situation. Seuls quelques professeurs abordent le sujet avec eux :Ma fille est adolescente, donc c’est très difficile. Elle parle un peu avec les autres professeurs et l’assistante sociale, mais elle ne dit rien aux autres enfants. Et elle reste une bonne élève malgré la situation.

Mais cette double vie est particulièrement fatigante pour une fille de son âge. Aussi bien physiquement que mentalement. Il y a deux mois et demi, la fille de Rita a dû être hospitalisée durant deux jours pour raisons psychologiques : “Elle est souvent fatiguée et puis ici, il y a du bruit toute la nuit, des gens qui sont alcooliques et qui se droguent.” Difficile de tenir le coup quand les nuits sont froides et courtes et qu’on n’a pas les moyens de prendre une douche bien chaude avant d’aller à l’école.

Alina et sa famille ont d’ailleurs dû patienter quatre jours après leur arrivée sur le camp pour pouvoir en prendre une. Avec sa mère, son père, sa sœur de sept ans et son petit frère qui a seulement trois ans, ils sont arrivés à Strasbourg il y a deux semaines. Après avoir passé plusieurs nuits dans le gymnase du Heyritz, la famille indique être aujourd’hui logée dans un hôtel. Mais ils ont pris soin de ne pas démonter leur tente sur le camp. Juste au cas où.

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© Caroline Alonso Alvarez / Pokaa

C’est Alina qui traduit les questions à sa mère. Son père ne sait pas parler anglais et sa mère peine à se faire comprendre. Alors depuis leur arrivée en France, c’est elle qui sert d’interprète à toute la famille. Mais aussi à toutes celles et ceux qui croisent son chemin et qui en ont besoin. “Ils ont dit qu’ils vont nous mettre dans une maison cette semaine ou la semaine prochaine.” affirme la jeune fille de 17 ans. Elle explique qu’ils ont dû fuir leur pays, après l’arrivée des Talibans au pouvoir : “En Afghanistan, mon père était connu et plutôt riche. Il avait un business. Nous sommes musulmans, mais les Talibans sont nos ennemis. Ils ont blessé mon père et l’ont kidnappé pendant un mois. C’est pour cela qu’on a dû partir. On a beaucoup d’ennemis là-bas.” 

Alina est d’ailleurs effrayée à l’idée de s’exposer. Alors que sa mère, Maria, s’apprête à répondre à une question, elle lui demande si les Talibans parviendront à les retrouver si elle communique leurs noms aux médias. Après avoir rassuré sa fille, Maria confie : Là-bas, les Talibans prennent nos enfants et ils n’ont pas le droit d’aller à l’école. J’espère que ma fille va pouvoir apprendre dans de bonnes conditions ici.” Alina rêve de devenir médecin.

 

 

*Le prénom a été modifié.

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© Mathilde Cybulski

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