Il est de retour, pour la dernière fois de l’année scolaire. Après un mois d’actualité politique tendue en national, le conseil municipal revient ancrer la politique dans le débat local. Alors que la Fête de la musique a sonné le début de l’été, les vacances ne sont pas encore au programme pour nos élu(e)s, qui devront encore un peu charbonner. En effet, pas de tongs, de paréos ou de diffusion de films dans l’hémicycle en ce vendredi 24 juin. À la place, entre attente de la dernière sonnerie de l’année et volonté de partir se ressourcer, nos élu(e)s ont livré une dernière bataille dans l’arène politique strasbourgeoise.
Pour nous garder attentifs, le dernier conseil municipal recelait une petite surprise. En effet, contrairement à d’habitude, le dernier conseil avant les vacances s’est tenu un vendredi plutôt qu’un lundi. Et il n’était pas là pour décortiquer les smarties : après un précédent conseil exsangue en points importants, on revient avec un ordre du jour plus ambitieux, et des délibérations qui vont acter certains changements à Strasbourg. 75 points à l’ordre du jour, 6 interpellations, une résolution et deux motions au programme.
Dans le détail, la résolution, adoptée, a été proposée par Céline Geissmann sur la gratuité des cantines scolaires pour les enfants à la rue. Ensuite, la première motion s’oppose au départ annoncé du siège d’Adidas de Strasbourg, tandis que l’autre a été décidée en plein conseil et s’oppose à la décision de la Cour suprême des États-Unis de révoquer le droit constitutionnel à l’avortement ce vendredi 24 juin.
Ce qui va changer pour Strasbourg
Le réaménagement du secteur des Halles
L’information a beaucoup fait débat lundi dernier : avec sa nouvelle politique de stationnement, la municipalité souhaite changer radicalement la façon dont on se déplace à Strasbourg. L’un des pans de cet immense chantier concerne le réaménagement du secteur des Halles en « hub multimodal ». En langage français, cela implique transformer ce secteur très minéral en gare de passage. Ainsi, la municipalité souhaite agrandir les espaces verts, maintenir une desserte du centre-ville en transport en commun, avec notamment la proximité du Ring vélo, et également maintenir l’accès à Strasbourg par le secteur des Halles, notamment par les cars express du réseau express métropolitain européen (REME), que l’on vous présentait ici.
Pour l’opposition, les réactions sont contrastées. Jean-Philippe Vetter salue la délibération et le REME, en évoquant ceux qui ont lancé l’initiative : Jean Rottner et Robert Herrmann. Il regrette néanmoins une « consultation un peu courte », sur « le plus grand projet urbanistique des 10-15 prochaines années pour Strasbourg ». Catherine Trautmann dénonce quant à elle le fait qu’il n’y a pas assez d’informations pour que les citoyens puisse s’exprimer en totale connaissance de cause lors de la future concertation. Elle regrette également que la voiture n’entre pas dans les politiques de la Ville, critiquant l’absence de discussions autour de la ZFE. Enfin, Pierre Jakubowicz déclame dans son style habituel que « la municipalité n’a pas les moyens de ses ambitions ». En somme, selon lui, ce projet : « C’est un beau roman c’est une belle histoire ». Taquine, Jeanne Barseghian lui répondra en reprenant la fin de la chanson de Michel Fugain.
Finalement, la délibération est votée à 51 voix pour (dont celles du groupe LR de Jean-Philippe Vetter) et 11 abstentions (les groupes Faire Ensemble et majorité présidentielle). Désormais, ce grand chantier peut démarrer.
Limiter l’impact de l’éclairage sur l’environnement dans les espaces de nature strasbourgeois
Cela fait plusieurs années qu’on s’interroge à Strasbourg sur l’utilisation de l’éclairage public et celui des commerces, nocifs en termes de pollution atmosphérique. Cette pollution affecte autant les écosystèmes que les êtres humains. Pourtant, depuis son élection, la municipalité n’a pas fait grand chose pour tenter d’apporter des solutions à ces questions. Lors de ce conseil municipal, elle s’engage néanmoins à aller un peu plus loin. Sa proposition ? Éteindre partiellement les éclairages publics sur 40 sites. En réalité, la municipalité étend l’expérimentation décidée sous l’ancien mandat, qui concernait alors 11 sites. 40 sites verront donc leurs lumières s’éteindre de minuit à 6h30. On peut mentionner la place de la République, le square Allende, la place de Haguenau ou encore le jardin des Deux-Rives – sauf son axe central.
Pernelle Richardot, à l’initiative de l’expérimentation sous l’ancien mandat, approuve « une délibération qui va dans le bon sens ». Cependant, elle regrette que « ce déploiement innovant ne se poursuive pas dans nos rues et dans un certain nombre de quartiers », avant de conclure : « Cela ne doit pas nous empêcher de continuer de développer une politique lumineuse ». Pierre Ozenne ne répondra pas à ces questionnements, ajoutant simplement que la municipalité accélère « le travail qui consiste à remplacer les sources lumineuses de la ville plus économes ». Clairement, la Ville ne va pas assez loin sur le sujet, qui représente une déception pour le moment.
Ce qui va changer pour les Strasbourgeoises et les Strasbourgeois
Le déménagement de la Foire Saint-Jean à la Plaine des Bouchers
Dans l’esprit de beaucoup de Strasbourgeoises et de Strasbourgeois, la Foire Saint-Jean allait de pair avec le Wacken. Néanmoins, l’agrandissement du quartier avec les projets Archipel, a obligé la Ville à trouver une solution pour que les forains puissent s’installer de façon pérenne. La municipalité a alors choisi une « esplanade festive multi-usage de 7 hectares », selon Pierre Ozenne. Le lieu ? La Plaine des Bouchers, entre la rue du même nom et celle du Doubs, où se situait précédemment la fourrière. Avec des travaux qui débuteront en décembre 2022, celle-ci devrait être opérationnelle dès 2023 afin d’accueillir d’autres manifestations et désenclaver un secteur peu desservi en transports en commun. De son côté, la fourrière déménagera dans un coin du parkings-relais de l’Elsau. Une « sortie de crise » selon Guillaume Libsig, qui permet également de ne pas « artificialiser un nouveau terrain », selon Pierre Ozenne.
La décision ne convient pourtant pas à l’opposition. Céline Geissmann accuse la municipalité de « faire de la Foire-Saint Jean et des forains une sorte de crash test ». Elle ajoute : « On ne peut pas s’amuser à faire des tests sur des gens qui gagnent leur vie ». Elle met également en cause le manque de concertation de la municipalité avec les forains. Un reproche également formulé par Jean-Philippe Maurer : « On ne délibère pas sur le principe mais sur le début des travaux ». À ce sujet, Pierre Ozenne rappelle que la concertation avec les forains a duré deux ans, que le secteur reste tout de même desservi par le tram dans le secteur Krimmeri et que des navettes viendront également en appoint de la ligne 40.
Plus surprenant néanmoins, cette délibération ne convient pas non plus aux communistes, pourtant dans la majorité. Hülliya Turan fait part de sa « grande surprise » de ne pas avoir été concertée quant au choix de l’Elsau pour accueillir la fourrière. L’élue référente du quartier se dit en effet « abasourdie » par un choix qui « laisserait penser que les Elsauviens et Elsauviennes seraient encore une fois déconsidéré(e)s ». Finalement, alors que la Foire Saint-Jean s’ouvre pour la dernière fois au Wacken ce samedi 25 juin, la délibération est votée à 40 voix pour, 15 abstentions (les groupes d’opposition) et 5 voix contre des élu(e)s communistes.
La ville achète 100 m2 à l’Elsau pour une supérette, une boulangerie et une maison de santé
Décidément, plusieurs changements pour les Elsauviennes et Elsauviens avec ce conseil municipal. Depuis 2015, le quartier de l’Elsau ne comporte en effet plus de supermarché. Cela va bientôt devenir de l’histoire ancienne, avec la délibération présentée par Hülliya Turan. Désormais, le quartier pourra bénéficier d’un supermarché de 360 m², d’une boulangerie de 165 m², d’un local dédié de 10 m² pour un distributeur automatique de billets et d’une Maison urbaine de Santé, pour une surface de 455 m². Un « choix d’investir massivement pour que les habitantes et habitants de l’Elsau soit à nouveau fiers de leur quartier » selon Jeanne Barseghian. La municipalité souhaite ainsi acter le retour d’un service public de proximité dans un quartier laissé à l’abandon sous les précédents mandats.
Jean-Philippe Vetter se félicite d’ailleurs d’une délibération « importante et structurante ». Une fois n’est pas coutume, il remercie même la municipalité et le service public d’avoir pris à bras le corps le problème qui se pose dans le quartier. Il souligne particulièrement le « déchirement de voir ces presque 6 000 personnes abandonnées ». Néanmoins, il demande également à ce que « le service public puisse pallier à ses propres défaillances ». Il évoque notamment la problématique de la salubrité du quartier, avec « des colonies de rats de 25cm » et demande à ce que soit créée « de la sécurité », en mettant« de la vidéosurveillance pour éviter les deals ». Hülliya Turan répond que : « On n’a pas de solutions magiques mais nous faisons le pari qu’en mettant des services de proximité, en transformant radicalement la vie des habitants, on crée une dynamique positive qui remplisse ce vide qui laisse trop de place à des déchets ».
La délibération, qui concernait le vote d’une subvention de 245 000 € de la Ville pour le projet, est votée à 57 voix pour à l’unanimité. Une délibération du même ordre sera également présentée à l’Eurométropole mardi 28 juin lors du prochain conseil. Le signal d’un nouveau départ pour le quartier.
Le moment à retenir : Les (très) longs débats autour de la réforme de la participation citoyenne à Strasbourg
La participation citoyenne à Strasbourg est un sujet qui passionne toujours nos élu(e)s. À tel point qu’ils et elles passent toujours des heures à en débattre. Néanmoins, le sujet n’a pas la même résonance chez de nombreux/ses Strasbourgeoises et les Strasbourgeois. C’est pourquoi la municipalité souhaite réformer les processus de participation citoyenne. Des orientations qui ont fait débat, pendant presque 4h. Dans les grandes lignes, la Ville compte apporter cinq grand changements :
- Le conseil de la participation citoyenne devient un forum, dont la mission sera de « valoriser les initiatives et favoriser l’émergence de différentes méthodes » sur la démocratie locale.
- Les ateliers de quartiers fusionnent avec les « ateliers d’initiatives citoyennes ». Ainsi, les 20 quartiers de Strasbourg auront chacun leur assemblée de quartier, qui planchera sur des sujets précis.
- Le seuil de signatures pour les pétitions citoyennes passe de 500 à 50 pour que le/la pétitionnaire rencontre les élu(e)s. En revanche, le seuil pour être auditionné au conseil municipal reste à 2 800 signatures. Un point qui changera durant le conseil.
- Le Conseil des Résident.es Étranger.es (CRE), fondé par Catherine Trautmann, devient un Conseil de la Vie Interculturelle et Citoyenne (CVIC). Celui-ci devient ouvert à « toute personne intéressée par ses activités » et aura désormais un « droit de saisine » de la maire.
- Enfin, la municipalité souhaite créer un tout nouveau parcours de citoyenneté pour les jeunes Strasbourgeoises et Strasbourgeois. Il peut se retrouver dans une délibération dense présente à la page 834.
L’opposition n’a pas manqué de marquer son… opposition sur tous les sujets. Sur les deux premiers points, Pierre Jakubowicz, toujours prêt à dégainer sur le sujet, invective : « Vous transformez des lieux de décision en lieux d’auto-promotion. Il est urgent de rendre aux instances de démocratie locale leur autonomie, de sortir de ce système à la carte où vous adaptez les instances à vos besoins ou vos difficultés ». Pour lui, « les habitants ont l’impression d’être un peu pris en otage ». Une critique que reprend l’ancienne adjointe Céline Geissmann : « Vous cantonnez les citoyens à agir seulement sur leurs quartiers et non pas à l’échelle de la Ville ». Finalement, le point sur le nouveau Forum de la participation citoyenne est adopté à 48 voix pour et 14 abstentions, tandis que celui sur les nouveaux Ateliers de quartier est voté avec 48 voix pour et 13 abstentions.
Sur le projet des signatures, l’opposition ne comprend pas pourquoi le premier seuil diminue, mais pas le second. C’est pourquoi le groupe Faire Ensemble souhaite le faire passer à 1 400 signatures, en déposant un amendement. La majorité ne répond d’abord pas favorablement, préférant organiser une réunion pour discuter du sujet plus en profondeur. Catherine Trautmann regrette cette décision, avançant que l’exécutif l’aurait acceptée si elle venait de leur majorité. Elle dénonce même : « Cette manière de traiter cet amendement est absolument inacceptable ». Jeanne Barseghian critique ce qu’elle nomme « une posture de donneuse de leçons » de Catherine Trautmann. Immédiatement, celle-ci demande une suspension de séance. Finalement, la pause fait du bien aux esprits et l’amendement est accepté, en enlevant l’inscription automatique à l’ordre du jour si une pétition dépasserait 1 400 signatures. La délibération amendée est votée à l’unanimité. Un rare exemple de coopération. dans l’hémicycle.
Enfin, pour la transformation du CRE en CVIC, le diable se trouve dans les détails. En effet, l’un des objectifs du nouveau conseil est de créer un espace de plaidoyer pour l’obtention du droit de vote et d’éligibilité des résident(e)s étranger(e)s. Un point qui fait débat. Pierre Jakubowicz dénonce le fait d’assigner ce qu’il nomme un « engagement militant » comme un objectif impératif. Jean-Philippe Vetter souscrit aux propos de son collègue, dénonçant une « politisation » de ce conseil. Ancienne présidente du CRE, Pernelle Richardot rappelle l’importance que l’organe a pu avoir pour les résidents étrangers par le passé. Elle dénonce également « un simple copier-coller des délibérations passées » et que la municipalité n’en ait pas gardé « les meilleures parties ». Selon elle, « lutter pour l’obtention du droit de vote » devient « créer un plaidoyer », ce qui selon elle affaiblit le texte. La délibération passe finalement, à 60 voix pour et 4 abstentions (LR).
Sous les coups de 21h, ce conseil municipal un peu baroque prend fin. Très dense, il a pourtant vu la majorité des débats tourner en rond, sur les marronniers de nos élu(e)s préféré(e)s. Les interpellations ont d’ailleurs repris les thèmes habituels de l’opposition, tandis que la municipalité a récité sa petite musique. Le tout, sans grand intérêt. Quelques coups d’éclats, saillies verbales et plaidoyers ont néanmoins réussi à illuminer une séance qui ne marquera pas les mémoires. Désormais, il est temps pour nos élu(e)s de partir en vacances, pour recharger les batteries. Nous aussi, et on se retrouvera bien évidemment en septembre.
“La sortie visible du tunnel près de la gare routière des Halle” (légende d’une des photos)
-> ça fait un petit moment que cet accès a été bouché !!
Vivement que la gare routière déménage, si cette place, moche (les Halles sont une vraie verrue dans le centre ville de Strasbourg, surtout vu de cette place), peut être arrangée, tant mieux ! (mais bon courage…).
“La sortie visible du tunnel près de la gare routière des Halles” un peu datée la photo, non ?
Oups je n’avais pas vu le commentaire précédent
Comme d’habitude la nouvelle équipe municipale ne prends pas en compte l’avis des riverains. D’ailleurs elle ne peut pas, puisque les avis d’enquêtes publiques sont affichés dans des endroits peu accessibles. L’equipe se moque bien d’avoir nos avis. Emme décide sans nous et c’est certainement déjà acté avant l’affichage. Juste affiché pour en cas de recours pouvoir dire, on a fait le necessaire voyez ….
“Moi d’abord les autres on s’en fou …..” peut être la phrase qui leur convient le mieux. Aucun interêt pour leurs “CONS citoyens”, le respect d’autrui ils ne connaissent pas. Enlever des lumières oui c’est bien, mais dans des parcs fréquentés …. Ridicule, on les baisse oui, mais on ne les coupent PAS! Alors que cette équipe autorise des éclairages publicitaires lumineux aux arrêts de bus ou ailleurs, certe des LEDS ,mais luminosité bien plus puissante et éblouissante et ui peut être dangereux pour les cyclistes et véhicules…. Trop d’attirence du regard vers ces paneaux lumineux.
Quid de la propreté de la ville, des espaces verts NON ENTRETENUS ???? Pas besoin de pésticide, mais une faucille, à l’ancienne quoi… Mais ca ils savent pas que ca existe ….les herbes à certains carrefour sont tellement hautes que l’on ne voit pas le danger venir ..MERCI A VOUS DE la CUS. Avant on passait pour couper et permettre une sécurité, mais CA C’ETAIT AVANT!