Ce soir aura lieu le match le plus attendu de la saison pour beaucoup de Strasbourgeoises et de Strasbourgeois : Racing-PSG. Un rendez-vous à ne pas manquer avec le récent champion de France et sa ribambelle d’étoiles du foot. Une Meinau bouillante les attend, pour encourager ses grands Bleus et Blancs à obtenir non seulement une victoire de prestige, mais également pour franchir une étape supplémentaire dans la course à l’Europe. Avant que les chants des supporters ne résonnent dans tout Strasbourg, prenons un petit kawa et revenons sur l’histoire des Strasbourg-PSG, depuis le retour en Ligue 1.
On ne va pas se mentir, depuis la création du PSG en 1970, les confrontations avec le Racing tournent rarement à l’avantage de nos Bleus et Blancs. Selon Racingstub, sur 60 matchs de championnat, le Racing a gagné 11 matchs, fait 17 matchs nuls et en ont donc perdu 32. Lorsque l’on sait que les treize premiers matchs de l’histoire entre les deux clubs ont vu le Racing l’emporter six fois et quatre matchs nuls, on voit que les trente dernières années n’ont pas été tendre pour nos Strasbourgeois. Néanmoins, ce qui nous intéresse, ce sont les confrontations à la Meinau depuis le retour du Racing en Ligue 1. Cinq matchs de championnat, dont un annulé, et un en Coupe de la Ligue, qui ont toujours révélé leurs lots de surprises.
La nuit de l’exploit (Strasbourg-PSG : 2/1 ; 1er décembre 2017)
Neuf ans après avoir quitté l’élite, et six ans après avoir recommencé de zéro en cinquième division, le Racing revient en Ligue 1. La renaissance d’un club qui rentre à la maison, là où il doit être. Pourtant, l’équipe de Thierry Laurey va avoir du mal à monter en régime : malgré une belle victoire face à Lille pour le premier match de la saison à la Meinau, le Racing pointe à la 19ème place après une nouvelle défaite face à Nantes à la 7ème journée. Premier tournant de la saison néanmoins : après un 4-2-3-1 inefficace, Thierry Laurey change de fusil d’épaule et passe à un 4-4-2 plus offensif. Le Racing grappille des points, avec deux victoires, cinq nuls et une seule défaite jusqu’à la 16ème journée.
Nos Bleus et Blancs occupent la 16ème place lorsque, le samedi 1er décembre 2017, s’avance l’ogre parisien. Et « ogre » est un mot adapté : ayant recruté Neymar et Mbappé à l’intersaison, le club de la capitale roule sur tout ce qui bouge. Rendez-vous compte : 13 victoires et deux nuls en Ligue 1, cinq larges victoires en Ligue des Champions, dont un 3-0 face au Bayern, l’équipe d’Unaï Emery semble inarrêtable. Et alors qu’ils ont tous le match retour face au Bayern en tête, arrivant quelques jours après, le froid polaire du début décembre strasbourgeois va rafraîchir leurs ardeurs.
La Meinau est chauffée à blanc, le tifo est simplement magnifique et, très vite, on sent que le match ne sera pas comme les autres. À la 13ème minute, coup-franc pour le Racing. Dimitri Liénard dépose alors une merveille de ballon pour la tête de Nuno Da Costa, complètement oublié par le marquage parisien, qui troue Alphonse Aréola. Si on l’avait rêvé, ce ne se serait pas mieux déroulé : le Racing mène 1-0, et la Meinau explose. Piqué au vif, le PSG réagit et commence à dominer outrageusement les débats avec pas moins de onze tirs en première mi-temps. L’un d’eux fut le bon : sur un déboulé de Rabiot, Mbappé est plus prompt à reprendre le ballon et égalise. 1-1, balle au centre, retour aux vestiaires.
Dès l’entame, le PSG est tout proche de marquer un nouveau but par l’intermédiaire de Pastore. On se dit que Strasbourg ne pourra pas tenir longtemps comme ça. Et pourtant, sur un dégagement de Bingourou Kamara à la 65ème, l’impossible se produit. Da Costa, encore une fois laissé tout seul, dévie le ballon de la tête et la Meinau commence à gronder. À la course, Bahoken dépose Berchiche avant d’allumer Areola. 2-1 Strasbourg et la Meinau rugit comme rarement. Désormais, il faut tenir. Kamara, victime de malaises, laisse sa place à Oukidja à la 72ème et l’exploit se rapproche. On assistera à un temps additionnel complètement dingue, avec 10 minutes de tension en plus pour les supporters, qui verront Oukidja sortir une tête de Cavani et Kimpembe louper l’immanquable. 100ème minute : coup de sifflet, match gagné, Strasbourg réalise alors le plus grand exploit de la saison en Ligue 1.
La revanche (Strasbourg-PSG : 2/4 ; 13 décembre 2017)
Hasard des tirages au sort, les deux équipes se retrouvent à peine 12 jours plus tard à la Meinau, pour les huitièmes de finale de Coupe de la Ligue. Entre temps, le PSG a perdu face au Bayern 3-1 et le Racing continue sa remontée au classement en étant allé battre Bordeaux chez eux 3-0. Ce 13 décembre néanmoins, le Racing cherche quelque peu à faire tourner et le match s’en ressent. À nouveau, la 12ème minute se révèle décisive, mais cette fois-ci dans l’autres sens. Yohan Salmier marque en effet contre son camp, avant que Di Maria ne double la mise à la 25ème minute, grâce encore une fois à une erreur de la défense, ici Lala et Oukidja. Jérémy Grimm, l’autre emblème du Racing avec Dimitri Liénard, redonne un peu d’espoir à la 36ème minute et on se prend à rêver à un retour du Racing.
Surtout que la deuxième période débute bien, avec des Bleus et Blancs plus dangereux. Mais à la 62ème minute, une combinaison entre Thomas Meunier et Dani Alves comme dans Fifa voit le Brésilien marquer le troisième but parisien. Le PSG aggrave même la marque sur un nouveau centre de Meunier pour Draxler cette fois, à la 78ème. Jérémy Blayac réduira la marque pour les Strasbourgeois à la 88ème. Le PSG s’en ira gagner la Coupe de la Ligue, face à Monaco. Pour Strasbourg, le parcours s’arrête là cette saison. Mais, comme on le sait, ce n’était que partie remise.
Le caillou dans la chaussure (Strasbourg-PSG : 1/1 ; 5 décembre 2018)
L’année suivante, on retrouve le Racing et le PSG dans les mêmes conditions que lors de l’exploit strasbourgeois. Un 5 décembre, pour un match en semaine qui sent moins le souffre que l’année dernière, mais qui déplace toute de même les foules. Il faut dire que le PSG marche encore plus sur la Ligue 1 : sous la houlette de Thomas Tuchel, Paris innove, expérimente et enchaîne surtout 14 victoires consécutives en championnat, pliant la Ligue 1 dès le mois de novembre. En face, Strasbourg occupe la 8ème place et sort d’une victoire éclatante à Rennes 4-1. Le nouveau système concocté par Thierry Laurey, le 3-5-2, permet de solidifier la défense et libère Kenny Lala sur son côté droit, qui délivre caviar sur caviar. La tâche reste néanmoins ardue, même si l’hiver a toujours réussi aux Strasbourgeois.
Après avoir perdu leurs premiers points le week-end précédent face à Bordeaux (2-2), le PSG se présente à la Meinau avec une équipe un peu remaniée, sans Neymar et avec Mbappé sur le banc. Le match se révèle assez fermé, avec peu d’occasion, jusqu’à ce que Carole trouve Zohi sur le côté gauche. Si l’attaquant strasbourgeois dévisse se frappe, il va permettre au Racing, et à la Meinau, de croire en un nouvel exploit. Et quelques minutes plus tard, un nouveau déboulé de Carole débouche sur un centre qui touche la main de Kehrer. Pénalty sifflé et c’est Kenny Lala qui va se charger de le transformer, sur un contre-pied parfait. 41ème minute : la Meinau explose, et le Racing mène 1-0. Un score que les Bleus et Blancs garderont jusqu’à la mi-temps. Mais, à la pause, le PSG décide d’effectuer un changement.
Et pas n’importe lequel : Mbappé rentre en jeu. Le récent champion du monde montre rapidement à quel point il est un joueur de grand talent. Il dépose d’abord une merveille de centre sur la tête de Kehrer, qui pousse Matz Sels à sortir le grand jeu. Puis il tente une frappe, qui passe à côté. Finalement, la troisième est la bonne : sur une accélération dont il a le secret, il provoque la faute de Lala, complètement pris de vitesse. Nouveau pénalty, Cavani contre Sels. Le portier belge plonge du bon côté mais le pénalty est trop bien tiré. 1-1. Et désormais il faut tenir. Sels sort un nouvel arrêt de grande classe face à Kehrer, alors qu’Areola s’invite à la fête en détournant une belle frappe de Thomasson.
La Meinau commence à se satisfaire du résultat quand, quasiment à la dernière minute, Thomasson reprend un centre de la tête, trompant Areola. Nouvelle explosion de joie, mais cette fois-ci de courte durée, le milieu strasbourgeois étant hors-jeu. 1-1, score final. Le Racing devient la deuxième équipe à neutraliser le PSG, et utilisera tout l’arsenal de son nouveau système pour aller emporter la Coupe de la Ligue face à Guingamp. Hasard du tirage au sort une nouvelle fois : les deux clubs se retrouveront quelques mois plus tard en Coupe de France, pour un match qui avait marqué les esprits, et pas pour de bonnes raisons.
Le non-joué (Strasbourg-PSG : non-joué ; 7 mars 2020 puis 18 mars 2020)
Alors que Strasbourg a à nouveau goûté aux joies de la Coupe d’Europe, ne s’arrêtant qu’en barrages contre Francfort, le Racing réalise une belle saison 2019/2020. Après des débuts compliqués dus à la fatigue européenne (aucune victoire lors des cinq premiers matchs), le Racing se reprend et enchaîne notamment 8 victoires en 12 matchs, jusqu’à atteindre la sixième place de Ligue 1. Quand le PSG s’avance à la Meinau pour la 28ème journée un 7 mars, une victoire par trois buts d’écart des Strasbourgeois les propulseraient à la 6ème place. En temps normal, les supporters se mettraient à rêver.
Sauf qu’en mars 2020, rien n’était normal. Et pour cause d’épidémie de coronavirus, notamment dans le Haut-Rhin, la préfecture a pris la, très sage, décision d’annuler la rencontre. Le match est initialement reporté le 18 mars prochain, à huis-clos. Un crève-coeur pour les supporters, mais un match qui finalement n’aura pas lieu puisque le 17 mars, la France entière plongeait dans l’inconnu du premier confinement. La Ligue 1 s’arrêtera là et ne reprendra pas la saison. Finalement, Strasbourg finira 10ème du championnat, son meilleur classement depuis le retour dans l’élite.
La défaite dans le silence (Strasbourg-PSG : 1/4 ; 10 avril 2021)
Lors de la saison 2020/2021, Strasbourg évolue sans son arme numéro 1 : le public. Épidémie de coronavirus oblige, le retour à la Meinau ne concernera que 5 matchs, toujours avec seulement 5 000 personnes dans le stade, dans cette époque de nos vies où les stades se trouvaient en jauge. Sans son douzième homme, et après une préparation de saison complètement coupée par le Covid, Strasbourg est grandement à la peine en championnat. Relégables dès la première journée, une position qu’ils occuperont jusqu’à la 12ème journée, les Bleus et Blancs souffrent de l’absence de leurs supporters. L’équipe se divise en clans, l’ambiance dans le vestiaire devient délétère et le club va toute la saison flirter avec la menace d’une descente.
Quand le PSG arrive un 10 avril, l’espoir est bien maigre du côté des Strasbourgeois. Surtout face à un club qui sort d’un grand match face au Bayern, avec une victoire 3/2 chez le vainqueur sortant de la Ligue des champions. Pourtant, même privés de Simakan, Djiku et Ajorque, Strasbourg démarre fort et se montre tout proche de marquer, avec un poteau de Thomasson d’entrée de jeu. Néanmoins, comme souvent à la Meinau, Kylian Mbappé fait tourner la tête des défenseurs strasbourgeois et surtout Lamine Koné. Sur un démarrage, il laisse le Strasbourgeois sur place et ajuste Matz Sels à la 12ème minute. 1-0 Paris. Sarabia double la mise à la 29ème, profitant d’une nouvelle largesse de Koné, avant que Mbappé ne se mue en passeur pour Kean, juste avant la mi-temps. 3-0, la messe est dite.
Strasbourg ne va pas baisser les bras, et la lumière viendra d’un tout jeune joueur : Moïse Sahi. Le Malien de 19 ans avait effectué ses premiers pas en Ligue 1 lors de la victoire à Bordeaux et, sur son premier ballon, il bat Navas sur un centre de Bellegarde à la 63ème. Le Racing tentera de pousser pour inquiéter les Parisiens, mais Paredes terminera le travail sur une merveille de coup-franc à la 79ème. Le PSG perdra d’ailleurs le titre cette année-là, au profit de Lille. Strasbourg sauvera sa tête à la toute dernière journée avec un nul contre Lorient, dans une Meinau vide, qui n’a pas pu dire au-revoir à Thierry Laurey, ou encore Mohamed Simakan. Un soulagement néanmoins, qui augurera des jours meilleurs du côté de la Meinau.
En championnat, Paris n’a jamais battu le Racing à la Meinau sans ses supporters. Une donnée sans doute anecdotique, mais révélatrice de l’influence qu’ont les supporters, et notamment le Kop, toujours formidable, sur les Bleus et Blancs. Alors que le Racing joue encore sa qualification en Coupe d’Europe après une saison fantastique, la venue du PSG ce 29 avril ressemble au match d’une saison. Surtout que Strasbourg a largement ses chances. Alors il faudra échauffer nos voix, accompagner le Kop de la meilleure des façons et pousser jusqu’au bout de la chaude nuit d’avril qui s’annonce. Parce que, cette année plus qu’une autre, on a encore plus compris l’importance de n’être pas que onze, mais véritablement des milliers.