En mars, le temps politique strasbourgeois s’accorde au printemps, mais également au vote du budget pour l’année en cours. On vous en avait expliqué les mécanismes pour l’année 2021 : la municipalité écologiste en a présenté les grandes lignes pour 2022 ce 17 mars, lors d’une conférence de presse. Juste avant le conseil municipal qui a lieu aujourd’hui, mettons l’accent sur trois points importants à retenir.
Les discussions sur le budget se révèlent toujours techniques. Néanmoins, cette année, la municipalité écologiste souhaite placer son budget « sous le signe du bien commun et du bien ensemble », selon les termes employés par Syamal Agha Babaei. C’est également un projet qui devra répondre à plusieurs urgences, la première étant celle causée par la crise ukrainienne. En tout, 417,3 millions de budget de fonctionnement et 137 millions d’investissement, soit un budget de 554,3 millions d’euros, en hausse par rapport à l’année dernière. Là-dedans, trois points principaux à retenir.
Un budget orienté éducation et culture
Dans ces 417,3 millions de budget de fonctionnement, deux secteurs se démarquent : l’éducation/petite enfance et la culture. La première représente 97,6 millions d’euros, soit 23 % du budget global. On peut notamment remarquer que près de 8 millions sont consacrés à la restauration scolaire, alors que 3,9 millions sont attribués au nettoyage des écoles. Par ailleurs, 27 % de l’investissement de la Ville se retrouve également consacré à la petite enfance. On y retrouve des travaux de mise en sécurité, des projets de nouvelles écoles, notamment le groupe scolaire de la Meinau, mais également un intrigant « plan numérique », détenteur d’un budget de 1,5 millions d’euros.
Deuxième au classement de la part du budget de la Ville, la culture représente ainsi 86,6 millions d’euros, soit 21% du budget. On y trouve notamment 48,7 millions d’euros de dépense pour le fonctionnement des institutions culturelles. Dans le détail :
- 9,9 millions pour l’Orchestre philharmonique de Strasbourg
- 7,4 millions pour l’opéra du Rhin
- 5,6 millions pour la HEAR
- 2,8 millions pour les musées
- 900 000 euros pour les TAPS et les médiathèques municipales
- 500 000 euros pour le conservatoire
On remarque également que la Ville consacre 11,8 millions pour « l’action culturelle », 9,4 millions de subvention aux associations, 5,2 millions à l’organisation d’événements et 2 millions pour la mission « développement des publics ».
Des expérimentations dans le domaine de la solidarité
Lors de la conférence de presse du 17 mars dernier, Floriane Varieras, adjointe chargée notamment des solidarités, a indiqué que « plus de 70 000 personnes vivent à Strasbourg vivent sous le seuil de pauvreté, avec environ 900 euros par mois – en réalité, le seuil de pauvreté est selon l’INSEE de 1 102 euros par mois pour une personne vivant seule, ndlr ». Ainsi, la Ville doit se doter d’un budget capable « d’agir au quotidien auprès des plus démunis » et de « réfléchir à long terme sur les politiques sociales ». Pour cela, la municipalité souhaite notamment pérenniser les places d’hébergements créées depuis le début du mandat, ainsi que « donner un coup d’accélérateur » à l’habitat intercalaire, soit la mobilisation des bâtiments vides pour loger les plus démunis. Une réponse notamment à la crise ukrainienne.
En outre, la Ville souhaite également réfléchir sur une perspective intéressante : le revenu communal de base. Grosso modo une sorte de revenu universel, il permettrait ainsi de faire bénéficier à une partie de la population ou sa totalité d’un revenu de base. Dispositif déjà lancé et étudié par la ville de Grande-Synthe, Floriane Varieras a indiqué que la Ville avait lancé une réflexion cette année sur son expérimentation d’un revenu communal de base. Ce sont ainsi 130 000 euros qui seront alloués à ces réflexions, qui doivent permettre de travailler avec les partenaires associatifs, institutionnels et l’université de Strasbourg afin de décider si le dispositif est réalisable ou non.
Une « ordonnance verte » pour les femmes enceintes
Dernière chose à retenir dans le budget 2022 : l’objectif d’une « ordonnance verte » pour les femmes enceintes. Qu’est-ce que cela signifie concrètement ? En quelques mots, la Ville souhaite prévenir les risques sur le sujet des perturbateurs endocriniens. En effet, selon des études, les perturbateurs endocriniens impactent la santé des femmes, et notamment celles des gemmes enceintes « avec notamment une hausse des problèmes métaboliques, comme le diabète et l’obésité. On voit aussi de plus en plus d’enfants souffrant de troubles neuro-cognitifs : déficits de l’attention, troubles du spectre autistique… dont on sait qu’ils sont », comme l’a dit Alexandre Feltz, adjoint à la santé, lors de la conférence de presse.
Pour tenter de résoudre cela, la Ville choisit donc « d’accompagner de façon très structurée les femmes enceintes à Strasbourg, où 3 000 à 4 000 grossesses sont enregistrées chaque année », selon Alexandre Feltz. Concrètement, ce sont plusieurs centaines de femmes enceintes qui seront accompagnées, le premier objectif étant de 800 femmes, de tous les quartiers de la ville. Le tout, un peu comme le principe du sport santé : un médecin ou une gynécologue pourra ainsi prescrire une ordonnance verte. Celle-ci donnera ensuite le droit d’accéder à trois ateliers de sensibilisation à la santé environnementale et aux perturbateurs endocriniens, mais également à la distribution hebdomadaire de paniers de légumes, pendant toute la durée de la grossesse. L’opération est prévue pour la rentrée 2022, pour un investissement à hauteur de 330 000 €. Strasbourg capitale du sport santé, et peut-être bientôt de la prévention des perturbateurs endocriniens.