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Hier à Strasbourg, plus de 600 travailleurs sociaux dans la rue pour de meilleures conditions de travail

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À l’appel des syndicats de la CGT, Force Ouvrière et Sud, 600 manifestants se sont rassemblés hier à 14h en face de la Collectivité européenne d’Alsace. L’objectif ? Demander des conditions de travail plus favorables et une augmentation de 183 euros nets par mois, pour les travailleur du social et du médico-social. Le matin même, les syndicats étaient reçus à la Préfecture. Reportage.


La journée d’appel à la grève fait suite à celle du 7 décembre. À la Préfecture dans la matinée, “l’accueil était sympathique et l’expression libre, mais on nous a surtout demandé si on avait déjà interpellé l’Agence régionale de santé et la Collectivité européenne d’Alsace” déplore Christine, de la CGT. Hier ils étaient 500 selon la police, 800 selon la CGT, et ont déambulé entre le bâtiment de la Collectivité européenne d’Alsace et la place Broglie – à l’origine la marche aurait dû se finir face à la Préfecture, ndlr. “C’est à l’État de nous répondre, lui qui est responsable de tous nos secteurs, et c’est lui qui donne les directives pour nos métiers sans même que l’on puisse négocier”, estime Michel.


Bénéficier du plan Ségur, et obtenir plus de reconnaissance




Depuis 2021, certains métiers de la santé et du médico-social ont vu leurs rémunérations revalorisées de 183 euros, selon le plan appelé Ségur. Mais les métiers du social et du médico-social hors de l’hôpital public n’ont pas eu droit à cette augmentation. Selon Laurie, infirmière, c’est une injustice : “Si j’en ai bénéficié, il faut que mes collègues en bénéficient aussi, on est tous dans le même sac”. Pour Joëlle, n’avoir pas droit à ces 183 euros a été la goutte qui a fait déborder le vase : “On demande au moins 300 euros nets en plus par mois, car certains échelons dans nos conventions collectives rémunèrent en-deçà du SMIC”, explique-t-elle.

Éric, qui était éducateur, est maintenant ouvrier d’entretien dans la même structure : “Il faut revaloriser les échelons, je suis sur la grille de salaire la plus basse”. Joëlle qui a 33 ans d’ancienneté gagne à peine 1 500 euros nets par mois :“Tout augmente mais pas nos salaires, nous devenons précaires, alors qu’on doit prendre soin de personnes précaires. Il faut une revalorisation”, résume-t-elle.

Autre point de discorde : l’annonce de la tarification dans le secteur médico-social. “Cela fait des années qu’on nous prépare à une marchandisation de notre secteur, comme ils l’ont fait avec l’hôpital depuis 20 ans, et on a bien vu les conséquences” estime Laurent. Une fois de plus, il est question pour plusieurs manifestants du rapport OXFAM sur les inégalités : “De l’argent, il y en a“.

“On aimerait une revalorisation de nos compétences, et une valorisation humaine pour notre travail” résume Lucille. Elle rappelle que pendant les confinements, elle et ses collègues ont dû continuer à travailler. “Je ne m’attends pas à ce qu’on me dise merci, mais juste à ce que l’on reconnaisse le travail fourni” assène-t-elle. “Il y a quelques années, on gagnait en moyenne 13% de plus de que SMIC, contre 1,3% maintenant” regrette Camille. “Après 30 ans, un éducateur peut espérer toucher 2 000 euros nets par mois, il faut comparer ça à ce que gagne un ingénieur sorti d’école” estime Mylène.


Le besoin de moyens humains pour pouvoir assurer leurs tâches




C’est la première fois que Sylvie se met en grève. “Nous ne sommes pas considérés, nous les travailleurs sociaux, et ça en dit long sur la considération qu’a la société des gens qu’on accompagne” estime-t-elle. “Cette fois-ci je me suis mise en grève car il y a de plus en plus de burnout, et de souffrance professionnelle autour de moi”.

“Nos conditions ne travail nous font déshumaniser nos métiers” regrette Peggy. “On s’occupe des gens dont personne ne veut s’occuper, et ils deviennent des numéros” poursuit Marine. “Quand on travaille dans un internat, que l’on doit être tout le temps au travail mais qu’on a plus d’essence pour s’y rendre, c’est un problème”, explique Mylène.

Anne-Claire ressent aussi l’impuissance face à des situations qui demanderaient plus de moyens : “J’ai été la treizième personne référente pour un enfant placé de 6 ans, imaginez le nombre de gens entre lesquels il a été trimballé” explique-t-elle. Sa collègue Camille et elle travaillent toutes deux dans l’aide sociale à l’enfance. “On peut avoir jusqu’à 40 suivis par travailleur, les délais de placement sont trop longs, ce qui signifie que faute de place des enfants restent en danger dans leurs familles”, expliquent-elles. “On le sait, et on ne peut rien faire”.

Car le milieu peine à recruter : “On ressent les frustrations du personnel et les salaires trop bas en constatant les difficultés pour recruter” explique Camille. Et qui dit moins de travailleurs dit plus de travail pour ceux qui sont là, dans des métiers du soin au contact de publics ultra précaires et dont l’accompagnement nécessite d’être qualifié, reposé et concentré. “On n’a plus le temps pour l’éducation, avec un éducateur pour 12 suivis” regrette Peggy, qui travaille avec les mineurs non accompagnés.


“En moyenne, les diplômés restent cinq ans dans le métier avant de se reconvertir”




Dans le cortège, plusieurs jeunes tout juste sortis d’école. Parmi eux, Caroline* est éducatrice spécialisée dans la protection de l’enfance : “Je fais des semaines de 50 heures, et je gagne environ 1 400 euros par mois”. C’est son premier emploi après ses études de trois ans, et depuis le début de sa vie professionnelle, elle déchante. “Mes collègues sont usés, et je ne trouve pas que notre hiérarchie soit solidaire avec nous, ce n’est pas pour ça que je m’étais engagée dans ce métier” estime-t-elle. Dans son équipe, seule une personne est en CDI, lorsqu’elle en est à son sixième CDD d’affilé. “J’aimerais avoir une stabilité financière, et surtout pouvoir être une référente vis-à-vis des jeunes avec lesquels je travaille, car ils ont besoin d’une équipe stable”.

Louise rejoint sa consœur : “Ça fait un an et demi que je travaille, il nous faut un salaire plus élevé, et plus de moyens pour faire notre métier”. L’éducatrice spécialisée qui travaille avec des adolescents en situation de handicap estime que sa rémunération ne lui permet pas d’avoir les projets qu’elle aimerait. “Ça pourrait me faire quitter la profession, même si cela me rendrait triste”, concède-t-elle.


“Les questions humaines sont devenues budgétaires”




“On privilégie les budgets, alors que le travail est humain, les priorités ont changé”, explique Julie. Selon Christine, “l’État installe une concurrence entre les travailleurs en accordant une revalorisation à certains et pas à d’autres, et entre les structures en réorganisant le secteur médico-social”. Selon des critères de rémunération “à la tête du client”, et en misant sur l’attractivité des secteurs et des travailleurs. Par exemple, “l’orthophoniste avec lequel on travaille a été concerné par le plan Ségur, alors que moi non. C’est difficile à accepter” explique Mylène.

“J’en ai marre d’être une gestionnaire : je dois justifier mes choix non pas en fonction d’un projet éducatif ou pédagogique, mais en fonction d’une logique de rentabilisation”, estime Julie. “On sait qu’on ne va pas gagner beaucoup lorsqu’on choisit de travailler dans le social, mais on aimerait juste faire notre métier, et qu’on nous donne les moyens humains et financiers de le faire”, assène Peggy.

“On aime notre travail, et si nous n’étions pas là, que deviendraient les personnes dont on s’occupe ?”, conclut Mylène.

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Commentaires (1)

  1. Les travailleurs sociaux affrontent la détresse matérielle et morale des personnes de tous les âges, et, sur fond de crise économique et d’évolution sociétale, les problèmes et les urgences sociales se multiplient. Il faut beaucoup de maturité et d’équilibre personnel pour affronter des situations de détresse et l’affectivité sollicitée dans la relation permanente avec des personnes fragilisées est à l’origine de phénomènes d’usure professionnelle,
    De plus, la violence physique ou verbale des usagers constitue un risque important et croissant, et induit un stress important lors d’agressions régulières et répétées, ainsi que la possibilité de coups et blessures ! : https://www.officiel-prevention.com/dossier/formation/fiches-metier/la-prevention-des-risques-professionnels-des-travailleurs-sociaux

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