Le marché de Noël est terminé, les fêtes de fin d’année derrière nous. Alors que le Nouvel an approche, c’est l’occasion de se poser près du feu, et de revenir calmement, posément, sur la première partie de saison du Racing Club de Strasbourg. Nos Bleus et Blancs ont su faire rêver les supporters, chavirer la Meinau et produire un jeu séduisant que ne reflète pas la dixième place occupée. Ainsi, pour 2022, il n’est pas impossible que le Racing nous fasse rêver un petit peu.
Il y a presque deux mois, on vous parlait de la forme étincelante du Racing. 4 victoires et un nul en 7 matchs, une attaque de feu et une septième place proche de l’Europe. Aujourd’hui, le club se trouve à la 10ème place, avec 2 victoires et 3 nuls sur les 6 derniers matchs, avec en plus une victoire en Coupe de France. Pourtant, on peut continuer à voir plus haut, en étant ambitieux, sans être prétentieux.
Une Ligue 1 archi-compacte
De prime abord, on pourrait se dire que le Racing a reculé de niveau entre novembre et décembre, puisque mathématiquement le club a perdu trois places, finissant 10ème avec 26 points. Néanmoins, ce froid constat chiffré oublie deux choses très importantes. La première : le Racing a un match en moins, celui à Clermont ayant été annulé pour cause de brouillard. On applaudit d’ailleurs les têtes pensantes qui ont décidé d’organiser un match de foot un 22 décembre à 21h. Sachant ensuite que le club auvergnat avait quatre défenseurs blessés, on pouvait supposer une victoire. Et donc une 6ème place finale au classement.
La deuxième : la Ligue 1 est très serrée cette saison. À part un – pourtant mauvais dans le jeu – PSG qui surclasse tout le monde, les autres se tiennent pour le moment dans un mouchoir de poche. Seulement 7 points séparent en effet Nice (2ème) du Racing, avec un match en moins pour les Bleus et Blancs. Ce qui signifie que tout le monde peut battre tout le monde, rendant les rencontres passionnantes, avec toujours de l’enjeu. Mais ce qui signifie également que la moindre série de victoires peut vous faire rêver, tandis que deux défaites peuvent au contraire vous renvoyer vers le ventre mou.
Un Racing en forme et avec du caractère
Le point positif dans tout cela, c’est que le Racing semble enfin être devenu régulier. L’un des défauts du club ces dernières années résidait dans ses gros trous d’air qu’il pouvait connaître à certains moments de la saison. Cette année néanmoins, le club a trouvé son rythme de croisière. En effet, sur les 13 derniers matchs, le Racing a un bilan de 6 victoires, 4 nuls et 3 défaites. Une régularité importante dans un championnat, on l’a dit, qui cette année valorise cette qualité.
Au-delà des simples résultats, le Racing semble continuer à vouloir prouver sa nouvelle solidité. La défense tient toujours le coup, malgré la longue absence de Maxime Le Marchand, les résultats à l’extérieur sont extrêmement positifs – deux victoires, trois nuls et une défaite sur les six derniers matchs – et l’attaque continue de tourner. On a également vu un Racing qui ne lâchait jamais rien, quelque soit le score ou les décisions arbitrales contraires. Bellegarde délivra tout un peuple face à Reims, tandis que même à 10, les Bleus et Blancs sont allés chercher le nul à Nantes. De plus, mené face à Bordeaux, Strasbourg leur en passa 5 de suite. Avec un état d’esprit pareil, nulle doute qu’on pourra aller encore plus haut.
Quel impact pour la CAN ?
Pour cela néanmoins, il faudra réussir à naviguer la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), du 9 janvier au 6 février. Deux Strasbourgeois font leurs bagages pour le tournoi : Alexander Djiku pour le Ghana, et Habib Diallo pour le Sénégal. Point positif : seuls deux joueurs partent. Point négatif : ce sont des tauliers de l’équipe. Une tâche ardue attend Julien Stéphan et son staff : gérer un calendrier démentiel, avec deux joueurs en moins. Rendez-vous compte : les Bleus et Blancs pourraient jouer cinq matchs entre le 9 janvier et le 6 février.
C’est sans doute au niveau de l’attaque que les ressources seront plus faciles à trouver. Malgré l’efficacité diabolique de Diallo, le Racing a la chance de pouvoir compter sur plusieurs attaquants d’exception. Évidemment, Ludovic Ajorque en est le patron, et il y a clairement un Racing avec, et un Racing sans le gentil géant. Ce sera donc à Kévin Gameiro d’enclencher la seconde, en se donnant pourquoi pas le défi de rattraper Diallo en termes de but. En outre, on pourra toujours compter sur Thomasson et sur la jeunesse de Sahi. Enfin, excellente nouvelle : Lebo Mothiba est enfin de retour, près de deux ans après sa dernière apparition. Le Sud-Africain à la bonne humeur communicative pourrait donc en profiter pour se relancer.
C’est plutôt en défense que cela risque d’être quelque peu compliqué. En effet, le Racing semble un petit peu court de ce côté-là, surtout dans un système à cinq défenseurs. En tout, sans compter les jeunes, les forces vives sont : Guilbert, Fila, Caci, Le Marchand, Perrin, Nyamsi, Djiku et Liénard. Julien Stéphan fait très peu tourner sa défense, qui doit déjà composer avec la blessure de Le Marchand. Et qui va ainsi se retrouver pendant un mois sans son capitaine adjoint. Il faudra alors espérer que Le Marchand revienne vite, parce que sans lui, la défense bleue et blanche risque vite de s’épuiser et d’être perméable aux cartons et coups du sort. Plus que jamais, ce mois de janvier va être décisif.
Un calendrier où il faudra savoir faire des coups
Surtout qu’en 2022, il va falloir se dépêtrer un calendrier quelque peu ambivalent. Déjà, pourquoi pas la Coupe de France ? Un parcours en coupe permet toujours de soulever les foules – on se souvient encore toutes et tous de la victoire en Coupe de la Ligue en 2019. Néanmoins, le rêve pourrait bien tourner court. Le 2 janvier (!), le Racing se déplacera à Montpellier, pour encore un tirage au sort défavorable. Si l’aventure se termine dès le retour des fêtes, on pourra alors se concentrer sur le championnat.
À ce sujet, une éventuelle place européenne et les rêves qui vont avec se jouera sans aucun doute à l’extérieur. C’est effectivement ici, qu’il y a plusieurs coups intéressants à réaliser. Les adversaires ? Metz, Bordeaux, Angers, Saint-Étienne, Reims, Lorient, Troyes, Lille, Brest et Marseille. Seulement deux gros clubs et beaucoup d’autres à la portée du Racing. Surtout si nos Bleus et Blancs continuent leur belle forme en-dehors de leur maison de la Meinau. Surtout que forcément, si le calendrier à l’extérieur semble plus abordable, celui à domicile ressemble davantage à l’Alpe d’Huez.
En effet, le Racing ne va presque que jouer des gros : Montpellier (5ème), Nantes (7ème), Nice (2ème), Monaco (6ème), Lens (9ème), Lyon (13ème), Rennes (4ème), Paris (1er) et Clermont (16ème). En somme, il faudra absolument prendre des points contre Clermont, Nantes, Lens et sans doute Montpellier pour rêver un peu plus haut. Sachant que, pour l’instant, le Racing a du mal à domicile face aux gros poissons. Il va donc falloir faire tout un peu mieux. Dans des conditions bien plus difficiles qu’attendues…
Mais… l’impact de la crise sanitaire
Enfin, la crise sanitaire jouera également, et malheureusement, un rôle. Déjà, à cause du Covid : Julien Stéphan et Jean-Eudes Aholou sont déjà absents pour dimanche et les cas se multiplient dans les clubs de Ligue 1. En outre, avec les nouvelles restrictions sanitaires, la jauge de 5 000 personnes revient. Inutile de dire que la Meinau n’est pas la même. Pour le moment, un seul match est concerné : celui de Montpellier. Mais bien malin celui ou celle qui saura dire si ceux contre Nantes et Nice ne passeront également pas à la trappe. Ou si l’on ne se dirige pas vers un huis-clos… Dans cet océan d’incertitudes et de décisions prises à la sauvette, il faudra tout de même pousser les Bleus et Blancs du mieux que l’on pourra, le temps que les jauges resteront dans nos vies. Surtout que l’on se souvient du mal que cela avait fait au Racing l’année dernière.
Néanmoins, on l’a déjà évoqué, plusieurs choses ont changé. Déjà, il est possible que les jauges disparaissent et laissent la place à une capacité au prorata, bien plus intelligente. Un amendement a en effet été déposé dans ce sens par Sacha Houlié (LREM) à l’Assemblée nationale. Il sera suivi d’un autre déposé par Michel Savin (LR) au Sénat. Ensuite, le Racing semble libéré et joue bien mieux que la saison dernière, dans un contexte apaisé. Enfin, la « chance » est d’avoir un seul match pour le moment concerné ; en cas de bonnes performances à l’extérieur, cela permettrait d’enclencher une dynamique qui passerait outre le manque d’une Meinau pleine.
Quoiqu’il en soit, il faudra donc tout donner et ne pas penser aux lendemains. Pour que, justement, ceux-ci puissent devenir chantants, avec les premiers bourgeons du printemps. Dans une Meinau qu’on espère pleine.
Le Racing a donc toutes les cartes en main pour réaliser une jolie deuxième partie de saison 2022. Il lui faudra éviter des obstacles sportifs mais également dus à la situation sanitaire. Mais cette saison, le Racing dégage un état d’esprit et une sérénité face aux événements contraires qui font penser que nos Bleus et Blancs vont s’en sortir. Et ce faisant, nous faire rêver. Alors on se retrouve dès le 2 janvier pour la Coupe de France, sans Julien Stéphan, touché par le covid. Et surtout le 16 à la Meinau, en jauge ou en pourcentage. On ne sera peut-être que 5 000, ou 10 000, mais on fera le bruit de plusieurs milliers d’autres !