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Violences sexistes et sexuelles : la Maison Bleue se forme à Strasbourg pour devenir un « lieu safe »

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En septembre 2021, l’équipe à la tête de la salle de concert située dans le Neudorf a suivi une formation contre les violences sexistes et sexuelles. Pour transformer la Maison Bleue en un espace safe, ses dirigeants comptent déployer plusieurs outils de prévention et mettre en place un protocole à suivre lorsque de tels actes se produisent au sein de l’établissement.


Alors que les témoignages concernant des verres piégés dans des bars et des boîtes de nuit abondent depuis la rentrée à Strasbourg, mais aussi chez nos voisins, il semble être grand temps que les établissements de nuit s’emparent du sujet et se questionnent sur les moyens qu’ils peuvent mettre en œuvre pour éviter que de tels actes se produisent. La Maison Bleue l’a bien compris. À Strasbourg, ils sont pour le moment les seuls à avoir fait appel au CIDFF pour suivre l’une de leurs formations de sensibilisation aux violences sexistes et sexuelles. Même si la directrice du Centre précise toutefois qu’elle a récemment été contactée par Joël Steffen, l’adjoint en charge de la vie nocturne.

Pour le programmeur-administrateur Julien Rimaire, le problème des violences sexistes et sexuelles dans le milieu des musiques actuelles, a été mis en lumière depuis presque deux ans. Avec une attention toute particulière fin 2020, lorsque les affaires autour du patron du label Deaf Rock ont été révélées. Il y a eu une vraie grosse prise de conscience de la part du milieu et en particulier par l’intermédiaire du ministère de la Culture. C’est un sujet sur lequel tout le secteur est en train de plancher.assure-t-il.

soirée concert nuit fête club boite de nuit
© Maria Fernandes

Alors quand le programmateur prépare la réouverture et la nouvelle saison de la salle de concert en septembre dernier, il estime normal de s’emparer de la chose au même titre qu’on fait de la prévention sur les risques auditifs. Et c’est finalement par l’intermédiaire d’une collègue verdunoise que Julien entend parler de la formation proposée par le CIDFF (Centre d’information sur les droits des femmes et des familles).


Se former pour mieux comprendre le problème

Au-delà de faire de la prévention auprès du public, je voulais d’abord faire un point avec l’équipe.” indique Julien. L’ensemble des permanents de la Maison Bleue, soit cinq personnes au total, a donc suivi une petite formation de deux jours dispensée par des membres du CIDFF. Le premier jour, les participants ont pu revenir sur la définition d’une violence sexiste et sexuelle, mettre à jour leurs connaissances en matière de droit et de statistiques notamment concernant le nombre de victimes et le nombre de condamnations. Le deuxième jour de formation était quant à lui axé sur les moyens à mettre en place pour prévenir ces violences mais aussi sur le comportement à adopter lorsque des violences sont commises. “J’ai vu que mes collègues masculins étaient très au fait et déjà pas mal sensibilisés au sujet. Alors que les personnes qui nous ont formés font souvent face à certaines réticences.” explique Sophie Steff, chargée de l’action culturelle. 

Pour engager une démarche de prévention, l’équipe a décidé de s’appuyer sur les kits de communication de la campagne Ici C’est Cool qui propose des visuels contre les violences à caractère sexuel, sexiste, raciste et homophobe. Mais à l’avenir, la Maison Bleue prévoit de développer sa propre communication sur le sujet : “Pour ne pas avoir une communication trop générique à laquelle les gens ne feraient plus attention, mais un truc plus personnel.” En plus des affiches, l’équipe pourrait donc lancer une véritable campagne sur le sujet via leurs réseaux sociaux et envisage même de diffuser des messages par la sono durant les soirées ou bien sur les sous-bocks. “Il y a plein d’axes sur lesquels on n’a pas encore tranché.” reconnaît toutefois Julien. 

Mais sensibiliser le public ne suffit pas. Ainsi, le programmateur envisage également de mettre en place une charte à laquelle les groupes qui répètent à la Maison Bleue et ceux qui y sont programmés se devraient d’adhérer. Et dont le moindre manquement provoquerait l’annulation du concert : “Je n’ai pas envie de travailler avec des artistes qui ont harcelé ou agressé des gens.” fait savoir l’administrateur du lieu. 

© Caroline Alonso / Pokaa


Savoir réagir sur le moment 

Si la prévention permet sans aucun doute de réduire les risques, encore faut-il savoir réagir correctement quand des violences se produisent malgré tout lors d’une soirée. C’est là-dessus que travaille Sophie, qui élabore actuellement un protocole avec différents cas de figure afin que chaque membre de l’équipe sache comment agir selon le contexte : “Le protocole est encore en cours de validation. Mais si on est témoin de ce genre de choses à la Maison Bleue, on va mettre la personne à l’abri pour recueillir son témoignage. Et si elle veut repérer l’agresseur sans la mettre en danger, elle peut nous l’indiquer. L’idée c’est d’avoir un endroit plus calme, une safe room, pour pouvoir écouter la personne sans mettre en doute sa parole et la mettre en relation avec les organismes qui peuvent aller plus loin si elle le souhaite.

Julien poursuit dans ce sens : “Il faut qu’on puisse accompagner la victime de la façon dont elle le souhaite. Si elle veut qu’on appelle la Police on appellera et si elle veut qu’on témoigne on le fera sans hésitation. Clairement, j’ai pas envie qu’il y ait des agresseurs potentiels dans la maison donc si on a la possibilité de l’identifier on le fera. Et là, c’est sécurité, dehors, et si possible relevé d’identité pour conserver une trace.” Et en cas de soupçon de soumission chimique, autrement dit si une personne pense avoir été droguée à son insu avec du GHB, des somnifères ou d’autres substances, c’est Samu automatiquement” répond Sophie.

Les deux collègues se disent prêts à mettre en place d’autres outils à disposition des victimes comme une adresse mail dédiée à laquelle on pourrait leur écrire de façon anonyme. Ou encore définir des mots de passe à donner au bar les soirs de concert en cas de souci. “Nous, ce qui nous importe ici, c’est que les gens sachent que le lieu est safe, ou en tout cas, qu’on y travaille.” indique Julien.

Collages féministes feminisme ghb violences
© David Levêque / Pokaa


Des changements indispensables pour des soirées plus safe

Fin 2020, le Centre national de la musique (CNM) a publié un protocole contre les violences sexistes et sexuelles que chaque acteur du secteur se doit de respecter, sous peine de perdre ses subventions. Une mesure coercitive, qui selon le programmateur de la Maison Bleue, incitera de nombreux établissements à emboîter le pas. Mais Julien et Sophie estiment par ailleurs que les agences de sécurité devraient aussi s’emparer de ces questions. Ce sont des gens avec qui on travaille au quotidien et eux ne sont pas forcément au fait et bien formés là-dessus. Il faudrait qu’eux aussi soient sensibilisés.” L’équipe envisage d’ailleurs de progresser dans cette direction avec la structure qui assure la sécurité lors de leurs événements. 

En ce qui concerne la vague de témoignages dénonçant la multiplication des verres piégés dans les établissements de nuit à Strasbourg, Julien avoue ne pas avoir été surpris : “Aussi parce que je sais qu’à Strasbourg, il y a d’autres problèmes sur lesquels on interpelle les établissements de nuit depuis des années et ils ne réagissent pas.” Mais le programmateur reconnaît toutefois :Je ne jette la pierre à personne, chacun a ses difficultés de gestion, surtout en ce moment alors qu’ils ferment à nouveau à cause du Covid. D’après lui, la Maison Bleue a la chance de faire partie d’un réseau très structuré, où les échanges entre établissements en France sont réguliers : “C’est beaucoup plus facile pour nous d’être accompagnés et de s’emparer de ces questions-là, que pour un bar ou une boîte qui sont moins fédérés. Et puis on n’est pas du tout dans les mêmes réflexions, on ne dépend pas du même modèle économique.”

Le programmateur invite aussi à prendre du recul sur ces violences, qui gangrènent tous les secteurs de notre société. Il confie : “On a beau faire ce qu’on veut, un agresseur trouvera toujours un moyen d’agresser. C’est un problème de fond. À nous seuls, on ne résoudra pas 2000 ans de patriarcat. Si la solution ne vient pas de la société en général, on ne s’en sortira pas.

maison bleue
© Coraline Lafon / Pokaa

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