Les beaux jours reviennent et, à Strasbourg, cela se traduit souvent par des températures très élevées. Dans les zones très minérales qui peuplent encore notre ville, cela résulte en des îlots de chaleur urbains, soit des zones où la chaleur au sol est largement plus importante que celle des espaces naturels alentours. Pour tenter de contrecarrer cela, la municipalité strasbourgeoise a lancé son Plan Canopée, afin de végétaliser en profondeur Strasbourg. Au cœur de l’été dernier, la première mesure avait été de mettre en place des îlots de fraîcheur dans des places très minérales. Rebelote cette année, dans un format tout de même mieux pensé. On fait le point.
Une polémique sur les arbres en pots qui n’est plus toute fraîche
Vous vous en souvenez sans doute : la nouvelle municipalité, fraîchement élue, avait pris la décision de végétaliser huit places minérales de Strasbourg l’été dernier. Ces arbres en pot sur la place Kléber ou Gutenberg, au palais Rohan ou encore à la presqu’île Malraux n’avaient pas manqué de faire réagir les Strasbourgeois, tout comme l’opposition lors de plusieurs conseils municipaux. Ont été critiqués le fait de faire cela à la va-vite, un « coup de com’ politique » ou encore le fait de privilégier le palais Rohan, place peu fréquentée, aux quais des Pêcheurs et des Bateliers, véritables planchas pour rôtir les Strasbourgeoises et Strasbourgeois.
À cela, Jeanne Barseghian avait répondu à l’époque que la configuration actuelle des arbres est éphémère et répond simplement à une urgence : celle de faire baisser les températures en périodes de canicule, toujours très fortes à Strasbourg. De plus, elle avait également précisé que l’été n’est pas une bonne période pour planter des arbres mais que ces derniers seront mis en terre dès l’automne, de façon plus durable. Cela a notamment été le cas place de l’Hippodrome au Port du Rhin, comme on vous l’avait expliqué ici.
Marche à l’ombre
Ce mardi 8 juin, c’est ironiquement sous une petite bruine qu’est présentée la deuxième édition des arbres en pot. Le rendez-vous est donné sur la place Léopold César Senghor à Hautepierre, sur le parvis du centre socio-culture, dans un quartier qui ne présente que 12 % de Canopée, soit un quartier très minéral. Pour présenter le projet, Jeanne Barseghian, Suzanne Brolly, adjointe en charge de l’urbanisme, et Salah Koussa, conseiller municipal et élu référent du quartier Hautepierre étaient présents. En 2021, ont dit au revoir aux îlots de fraîcheur et bienvenue aux « oasis de fraîcheur ».
Concrètement, ces nouvelles « oasis de fraîcheur » seront installées durant tout le mois de juin sur cinq places strasbourgeoises : la place du Tribunal, la place Kléber, la place de la Gare, la place des Colombes au Stockfeld et donc celle de Hautepierre. À ce dispositif se rajoutent également des événements de végétalisation éphémères, que ce soit au palais Rohan ou à la presqu’île Malraux, aménagée en plage urbaine cet été, comme on vous l’expliquait ici. Le but ? Encore et toujours, selon Jeanne Barseghian, « d’adapter les quartiers de la ville au changement climatique ».
Un projet renouvelé… mais un projet recyclé ?
Au premier abord, difficile de trouver des différences entre les « oasis de fraîcheur » version 2021 et les îlots de fraîcheur de 2020. Néanmoins, ceux de cette année semblent avoir été pensé plus en amont, et non plus dans l’urgence et la précipitation. Suzanne Brolly est claire : « Ce n’est pas du greenwashing, c’est un projet qui a du sens. » L’adjointe précise que tout ce qui a été réalisé est « du made in Strasbourg intégral ». En effet, les plantes vivaces, les courges et les légumineuses, sont produites en interne aux serres de l’Orangerie. De plus, petit surprise pour les amateurs de bière, des plants de houblon ont même été plantés, là encore issus d’une production locale.
En outre, les structures en bois ont été assemblées par les menuisiers su service Espaces Verts et de Nature de la Ville, et réalisées en bois local et en bois certifié. Il y a eu une véritable « vigilance » sur le choix des essences, selon les mots de l’adjointe à l’urbanisme, qui sont principalement des tilleuls communs. Enfin, un système de brumisation est installé, dont la consommation en eau et énergie est très faible, comme l’explique Suzanne Brolly : « Si l’on actionne les sept brumisateurs en même temps, ils auront une consommation équivalente à celle de 2 aspirateurs, ou celle de 2 douches de 5 min. » Le système assurera par ailleurs une fine vaporisation des usagers qui passeront dessous. Une vraie attraction qui a vu la majorité des personnes présentes à la conférence de presse passer dessous pour une petite séance photo.
Au-delà de ces nouvelles améliorations techniques, Jeanne Barseghian a déclaré qu’il y aurait une véritable réflexion autour des usages éphémères des espaces publics pour mettre en place des animations artistiques sur ces places où y a des arbres. Cela prendra la forme d’un appel à manifestation d’intérêts, dans le but d’allier écologie à la culture. On a hâte de voir ce qu’il y aura de prévu cet été.
En clair, ces nouvelles « oasis de fraîcheur » se démarquent de leurs prédécesseurs en étant davantage réfléchies en amont et faisant davantage participer tous les services de la Ville. Tous les arbres seront replantés en automne prochain, avec toujours ce but d’aller vers des installations pérennes, comme cela peut-être le cas au Port du Rhin. En outre, comme l’a précisé Jeanne Barseghian, elles feront partie d’une « nouvelle stratégie climat qui sera présentée le 21 juin prochain au conseil municipal ». On attend donc de voir les bienfaits de ces « oasis de fraîcheur », dans un été qui s’annonce encore une fois chaud comme la braise.