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« Vidée de son sens par le gouvernement » : 2 000 Strasbourgeois manifestaient hier contre la loi climat

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Dans le cadre d’une mobilisation nationale des écologistes contre la loi “climat et résilience” proposée par le gouvernement, environ 2 000 personnes ont manifesté à Strasbourg ce 28 mars. Les militants dénoncent notamment les fausses promesses d’Emmanuel Macron, qui avait annoncé qu’il reprendrait les mesures de la Convention Citoyenne pour le Climat “sans filtre”, avant de se raviser. Reportage.



Sur la place de la République à Strasbourg, une foule se forme peu à peu vers 14h, ce dimanche 28 mars, pour réclamer une “vraie loi climat”, en opposition à la loi “climat et résilience” qui sera discutée à l’Assemblée nationale à partir du lundi 29 mars. Des dizaines d’associations, de collectifs, de syndicats et de partis politiques appelaient à manifester dans toute la France.

Les étudiants qui occupent le Théâtre National de Strasbourg, torses nus, réalisent une performance au son de tambours. Au micro, en même temps, l’un d’entre eux insiste sur le lien entre la négligence du monde de la culture et celle de la cause écologiste, dans des politiques qui ne sont pas tournées vers la vie et ce que demande la population.

© Thibault Vetter

“La loi climat n’a rien à voir avec ce que nous avons proposé”

Nadine Breneur et Sylvie Jover sont membres de la Commission Citoyenne pour le Climat (CCC) : elles font partie des 150 personnes tirées au sort pour travailler sur des mesures concrètes pour l’écologie. En théorie, la loi “climat et résilience” devait être le résultat de cette démarche. Présentes à la manifestation strasbourgeoise, elles prennent la parole : “Nous sommes dans l’incompréhension, nous nous sentons trahis. Emmanuel Macron avait promis que nos propositions seraient soumises sans filtre à l’Assemblée nationale. Sur les 149 que nous avons formulées, seul 46 seront discutées par les députés, et elles ont été vidées de leur substance pour la plupart. La loi “climat et résilience” n’a rien à voir avec le travail pour lequel nous avons mis notre vie entre parenthèses depuis octobre 2019.

Elles racontent que cette expérience démocratique était “extrêmement importante”, car elle a montré que “si des citoyens de toutes les classes sociales et tous les âges planchent sur un sujet, l’intelligence collective permet d’arriver à un résultat très complet”. Pour Nadine, “d’autres intérêts ont poussé pour que les mesures ne passent pas”. Dans une vidéo publiée le 27 mars, le média Blast a synthétisé le travail d’influence de nombreux lobbies industriels sur le gouvernement, contre les mesures de la CCC.

Nadine Breneur et Sylvie Jover.
© Thibault Vetter

Des militants déçus par le gouvernement, mais pas étonnés

À 14h30, environ 2 000 personnes prennent part à la manifestation et s’élancent sur l’Avenue de la Liberté. Une batucada au début du cortège, et une fanfare à la fin, donnent le la. L’ambiance est festive. Oussama, étudiant en sciences, “ne peut fermer les yeux sur les dérives du gouvernement”. Pour lui, c’est aussi un “enjeu de santé” : “Pourquoi ne pas accepter le moratoire sur la 5G, comme le demandait la CCC ? Ils ne veulent même pas discuter. On a aucune prise alors qu’on parle de notre environnement. Quand je passe au Port du Rhin et que je vois toutes les usines qui émettent des choses dans l’air, tous les chantiers, je me dis qu’on ne va pas dans le bon sens.”

Avec d’autres élus écologistes alsaciens, Danielle Dambach, maire EELV de Schiltigheim, manifeste aussi. Elle se dit aussi “extrêmement déçue par la dénaturation complète” de la Convention Citoyenne pour le Climat : “Soit on inverse la tendance, soit on aura le climat du sud de la Tunisie en Alsace dans 30 ans, avec des zones désertiques et un manque d’eau. C’est la direction qu’on prend avec ce gouvernement. Les collectivités écologistes sont un début, mais notre pouvoir reste très limité par rapport à celui de l’État. Mon grand espoir réside dans les présidentielles de 2022, mais il faut une union de la gauche.”

Danielle Dambach.
© Thibault Vetter

Christian, militant pour la France Insoumise, “n’est pas étonné” que le gouvernement ne tienne pas sa promesse : “Ils soutiennent trop le capitalisme pour mettre en place des mesures vraiment concrètes”. La France Insoumise a notamment décrié que le Président ait refusé d’emblée une mesure proposée par la CCC : la taxation de 4% des dividendes versées aux actionnaires. Elle aurait rapporté 2 milliards d’euros par an, qui auraient été réinjectés dans la transition écologique.


“Je me méfie des mouvements trop dépolitisés, qui peuvent s’accommoder du capitalisme vert”

Sur le quai des Bateliers, le cortège attire le regard des badauds qui profitent de l’atmosphère très printanière au bord de l’eau. Certains slogans s’adressent à eux : “Ne nous regardez pas, rejoignez-nous”. Au mégaphone, des militants entonnent le désormais traditionnel “Et 1, et 2, et 3 degrés, c’est un crime contre l’humanité“. Des chants anticapitalistes résonnent aussi. Maë est frustrée par “le manque de radicalité” de la manifestation : “Je me méfie des mouvements trop dépolitisés et naïfs, qui n’ont pas d’impacts finalement. Si on n’affiche pas clairement notre opposition au modèle économique du capitalisme, on peut vite tomber dans du greenwashing. C’est en profondeur que les choses doivent changer. Les revendications et les modes d’action doivent être précis et frappants. C’est bien qu’on soit rassemblés là, mais il faut aussi que ça aboutisse sur des blocages et des sabotages.”

À quelques pas, Isabelle, gilet jaune, est plus optimiste : “Ces manifestations sont intéressantes parce qu’elles unissent de nombreux mouvements contestataires. Il faut viser la complémentarité des modes de lutte. Là on marche tous ensemble, on est nombreux, c’est marquant. Cela n’empêche pas de faire d’autres actions. Vu le nombre de profils différents dans le cortège, on sent que la pandémie a encore plus lié les luttes sociales et environnementales, car elle a été causée par des problématiques écologistes et a des conséquences sociales importantes.”

Des propositions pour ceux qui “ne veulent plus se contenter de marcher”

Le parcours prend fin au parc du Heyritz aux alentours de 16h. Les musiciens s’apprêtent à ambiancer des militants encore une bonne heure. Tom, du mouvement Alternatiba, annonce un rassemblement à 500 mètres de là, pour “celles et ceux qui ne veulent plus se contenter de marcher”. Une petite trentaine de personnes s’y rendent. Simon, l’un d’entre eux, confie : “J’essaye de m’engager dans quelque chose de plus concret depuis longtemps, alors je vais voir ça.”

© Thibault Vetter

Le rassemblement se tient à partir de 16h30 à l’Orée 85, dans une écluse abandonnée derrière la Grande mosquée de Strasbourg, où un groupe de jeune a remporté un appel à projet pour monter un lieu alternatif. Son ouverture est prévue en octobre 2021, avec trois pôles : un café-restaurant, une ferme pédagogique, et un espace culturel. L’objectif sera aussi d’être un lieu d’échange militant. Alternatiba y présente notamment une de ses luttes en cours à l’échelle locale : empêcher l’implantation d’un entrepôt géant de e-commerce à Ensisheim. De nombreuses actions sont à prévoir contre ce projet. Assis à une table, deux membres prennent les inscriptions des futurs nouveaux militants du mouvement.

L’Orée 85.
© Thibault Vetter

Une pépinière d’intégration d’Alternatiba, sur inscription, se déroulera le 11 avril au même endroit. Tom insiste : “On a besoin de massifier le mouvement. Cette première journée est encourageante. Les gens sont nombreux à vouloir devenir activiste, car ils prennent de plus en plus conscience de la nécessité de militer radicalement pour que les choses changent.”

© Thibault Vetter

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