Présente depuis 2018 dans le paysage festif et musical strasbourgeois, La Finca ne chôme pas malgré la pandémie. Du salon entre potes où elle est née, aux caveaux des clubs, jusqu’à ce week-end dans les Vosges : depuis 2 ans, elle fait rimer créativité, musicalité et diversité comme jamais. Des projets fous, ambitieux qui mêlent voyage musical à l’international et goût du patrimoine local. Une recette qui a déjà séduit plus de 2 000 Strasbourgeois. À l’occasion de la sortie d’un premier clip et d’un set filmé au pied du Donon, gros plan sur ce collectif qui même confiné, compte bien faire parler de lui.
La Finca : l’embarquement immédiat
C’est un vendredi soir et un peu par hasard, que j’ai rencontré La Finca pour la première fois. Le collectif avait investi l’Icônic, au cœur de la Krut, pour « L’icômix », un event mêlant DJ-set et expo de SKIFO. Nous étions alors fin septembre 2019 et les fêtes strasbourgeoises battaient encore leur plein. Dans un bar bondé, où il fallait jouer des coudes pour se déplacer, je découvrais les rythmes envoûtants de ces DJ que je ne connaissais pas encore. Des noms qui m’étaient alors inconnus, et qui ne le sont plus aujourd’hui : Bruno, Robbie Kalifornya, Seylan, Perneta et Von Nairobi.
Ramenant Zanzibar puis Calcutta dans les valises de ses jet-lags, La Finca (ses membres, ainsi que d’autres de ses DJ comme Thirty Cycles et ONÜT) a séduit plus d’une fois une Kulture surpeuplée et surchauffée, comme elle l’avait d’abord fait avec ses Sunday Cathé. Des premiers événements, dès 2018, dans une coloc bien placée, qui ont rapidement affiché complets.
Pari gagnant aussi pour sa date anniversaire au Wagon Souk avec Sander et KasbaH, face à une foule pimpée par Si Si La Paillette. Ou ses dates à Paye ton Noël, au FAT et ailleurs. Comme à chaque fois, une ambiance toujours chaude, épicée et des sets caliente.
Alors, de soirée en soirée, ces voyages organisés ont fini par m’embarquer, comme nombre d’autres avant moi. Et doucement, la curiosité des débuts s’est muée en fidélité.
© Leo Nephtali / La Finca
Clubs fermés, esprits ouverts
Et puis, en mars 2020, le monde a changé. Alors comme pour beaucoup d’autres assos ou collectifs et artistes, des dates ont malheureusement sauté. On a tous attendu avec espoir le déconfinement de l’été. Mais là encore, les clubs sont restés fermés et les festivals, annulés. Il a fallu à nouveau s’adapter.
Au premier confinement, La Finca s’est lancée dans des sets en livestream. Durant le second, déjà familière du format avec ses participations régulières à ceux d’ODC Live, elle a créé son propre podcast « pour ramener les bonnes vibes chez vous ».
©La Finca
Entre les deux, quelques soupçons de soirées dans la limite autorisée, dont une Fête de la musique célébrée entre la Krutenau et les Ponts couverts : un premier rendez-vous au balcon suivi d’un second sur un ponton. Fallait le faire.
©Leo Nephtali / La Finca
Cependant, l’exploit qui restera dans les annales estivales et les souvenirs des chanceux qui ont pu y participer… L’épique Open Air qui a retourné le Baggersee. Plus de neuf heures de gros son, de cocktails maison, de paillettes au-dessus des masques, sous un soleil de plomb et les pieds dans le sable. Magique, unique. Après plusieurs mois confinés : une micro-bulle de festivités.
©GetGet
©GetGet ©La Finca
La « Finca Family »
Comme dans ses dates de « l’avant », toujours la même recette : de la diversité dans ses projets et ses sonorités, un vrai choix d’accessibilité et de gratuité de ses événements. C’est ça, l’esprit « Finca Family » qui véhicule au sein de l’asso.
©La Finca
Née d’un duo, La Finca compte désormais plus d’une quinzaine de membres. Non seulement des DJ, musiciens et producteurs, mais aussi des bénévoles passionnés de photo, vidéo, graphisme, dessin, écriture ou cuisine… Une pluridisciplinarité au cœur de son ADN, que l’on retrouve dans son agenda, comme dans le dernier défi de cette année. Pour clore 2020 en beauté, le collectif a sorti son propre calendrier numérique : le Fincalendrier de l’Avent. Un jour, une surprise. Des contenus variés, à l’instar des membres qui constituent le collectif.
Ensemble, c’est tout
Leo Nephtali (Seylan), aux manettes de ce calendrier avec Bruno, m’explique :
« C’est spécial de travailler avec ce Covid. Mais le Fincalendrier a été un énorme prétexte pour créer. Faire des vidéos, de la musique… Presque tout le monde a fait quelque chose. C’est là où c’est intéressant. Quand il y a une sorte d’émoi collectif sur la création.
[…] L’idée initiale, quand on a créé La Finca, ça a été ça : le contact humain, la proximité, la simplicité, le partage. On ne veut pas être dans une sorte d’élitisme, de pseudo micro-société de la musique. […] On est dans le milieu électronique, mais aussi dans le milieu humain. On partage des choses.
Le Fincalendrier de l’Avent est à l’image de l’association : pluridisciplinaire, hétérogène, il n’a pas de genre. Il y a de tout. Un poème, une musique, un clip, une vidéo, un set électronique filmé, une recette, de l’humour… C’est ce que l’on veut promouvoir : la globalité, parce que le monde est constitué de tout ça. […] On est une association, et pas seulement de musique électronique/techno. Et le but de l’association [ndlr : au sens général], c’est de partager un moment ensemble, et en période de Covid, c’est vraiment ce qui nous rattache encore. C’est important ».
Et Bruno de rajouter : « Arrivé en cours de route, j’ai peu à peu compris l’esprit de l’asso, la place totalement ouverte aux initiatives, l’invitation à laisser chacun exprimer sa personnalité et développer sa fibre artistique, à penser collectif et remuer les choses. […] On ne vise pas du tout quelque chose de niche réservé aux clubbers. On cherche à attirer tous les profils et tous les âges, les amener dans un univers de partage et d’acceptation ».
Expérimental, original et local
Si parmi les (bientôt) 25 surprises de La Finca, on retrouve une recette de vin chaud à reproduire avec modération, des belles prods, des playlists, de la photo, des textes et vidéos… Notons surtout la sortie du premier clip de La Finca, le 1er décembre. Une création à plusieurs mains, sur un son de Von Nairobi. On y découvre les images de Leo Nephtali, tournées dans un décor strasbourgeois. Une vraie petite pépite à écouter en boucle chez soi.
Autre défi fou improvisé ce samedi avant Noël : partir mixer depuis les Vosges, au pied du Temple du Donon, dans un endroit que l’on dit chargé d’énergies telluriques… Avec une moto, une bagnole qui s’embourbe sur les chemins de montagne, une quarantaine de kilos de groupe électrogène et de matos à monter à la force des bras de quatre motivés, le tout, au petit matin, avec le fidèle Samba, la mascotte canine de La Finca.
Et voilà que ça part, avec Bruno aux platines et les premiers randonneurs qui arrivent, surpris, curieux. Le résultat ? Un premier épisode des Sentiers électroniques que voici :
L’idée derrière ces deux projets ambitieux que sont le clip et les vidéos dans la région ? Promouvoir le patrimoine de Strasbourg et de ses alentours. En plus de l’accessibilité, de la gratuité, la philosophie de La Finca, c’est faire du local. Leo Nephtali (Seylan) développe : « ce ne sera jamais aussi bien que Cercle […] mais on peut promouvoir les artistes locaux. […] Avec les Sentiers électroniques, on projette quelque chose de nouveau et c’est ça qui est intéressant ».
Pandémie ou pas, La Finca ne compte donc surtout pas s’arrêter là. Si elle a beau attendre de meilleurs jours en croisant les doigts, elle ne se tourne certainement pas les pouces. Pour 2021, le voyage continue sur les Sentiers électroniques, qui nous ramèneront, pas à pas, on l’espère, sur le chemin des clubs.
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Soundcloud
Le Fincalendrier de l’Avent
Fanny SORIANO
©La Finca
Merci pour cette découverte!